Le 20 juin est la journée pendant laquelle le monde va mettre l’accent sur les réfugiés et on l’on célébrera ce qu’on appelle « la journée des réfugiés », un jour à s’appeler réfugiés pour toujours, pas seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour d’autres nations malchanceuses dont la guerre et l’injustice ont détruit la vie.
Je suis une réfugiée palestinienne ; mes parents comme mes grands-parents sont réfugiés, ils ont fui notre patrie, Al Majdal, et se sont établis dans l’un des huit camps de la bande de Gaza.
Mes grands-parents sont morts il y a 15 ans, sans avoir la chance de revoir leur terre natale et mes parents, vieux et malades aujourd’hui, subiront probablement le même destin et mourront sans avoir la chance de jeter un seul regard sur ce qui fut leur terre natale.
Revenir sur la vie difficile qu’ont vécue mes grands-parents et mes parents ne m’apporte rien d’autre qu’une vision lugubre de mon propre avenir et de celui de mes enfants, eux aussi réfugiés.
De 1948 à 2008, 60 ans se sont écoulés et nous, Palestiniens, nous sommes toujours des réfugiés, sachant ce que ça veut dire et connaissant les « privilèges » dont jouissent les réfugiés, que ce soit le déni du droit, en tant qu’êtres humains de la part d’autres pays ou au niveau international, ou que ce soit des questions comme les déplacement, l’immunité...
Etre identifié comme réfugié et plus particulièrement comme réfugié palestinien signifie qu’il n’y a rien à espérer pour l’avenir, pas d’horizon ouvert, seulement des images restreintes qui tournent autour de vous, venues de la vie de vos ancêtres, eux qui ont vécu et sont morts dans le même camp que vous, dans les mêmes circonstances, et qui ont subi les mêmes souffrances et la même injustice de la part des Israéliens.
Vous attendre à avoir la même vie que vos parents et grands-parents est très décevant. Pas parce que leur vie fut dure, mais en ce sens que les perspectives de votre vie sont toutes tracées, limitées au camp, aux mêmes écoles, aux mêmes universités, aux mêmes rues, aux mêmes obstacles israéliens, aux mêmes réactions aux actions que mène votre peuple pour défendre sa dignité et sont droit de vivre normalement.
Dans ces circonstances, quand vous pouvez dire ce que sera votre vie, votre prochaine étape, alors il est inutile de faire des projets, de rêver et même de vous sentir heureux si vous trouvez un succès spectaculaire à l’école par exemple, car toujours la fin sera la même, une vie piégée dans le camp où vos jours et vos nuits se sont guère différents.
Il est très dur de ressentir ces sentiments, ce sentiment que votre vie sera gâchée pour rien, que tous vos efforts n’amèneront aucune amélioration dans votre vie ou celle des autres, et que vos rêves ne seront qu’une tentative d’échapper à la réalité qui est la vôtre.
D’une génération à une autre, rien n’a changé, avoir une bonne éducation ou une carrière n’a aucune importance tant que vous êtes un réfugié qui vit dans les limites du camp, échoué dans le même camp et que vous serez toujours un réfugié.
Aussi il faudrait ajouter « réfugié » sur la liste des différentes citoyennetés du monde, et ainsi le mot réfugié servirait sur nos passeports à définir le voyage sans Etat, sans repos et sans fin auquel nous sommes contraints.
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En photos :
Les réfugiés depuis l’épuration ethnique que fut la Nakba :
– http://www.un.org/unrwa/photos/archive/exodus/exodus.html
– http://www.hanini.org/Al-Nakbagallery.html
– http://www.un.org/unrwa/photos/exhibition/20-21.html
Les réfugiés aujourd’hui :
http://www.un.org/unrwa/photos/fresh-pics/recent03.html
Sites
en anglais :
unwra
http://www.un.org/unrwa/english.html
Badil :
http://www.badil.org/
al-Awda
http://al-awda.org/