- Federica Mogherini (ici le 26 novembre), nouvelle représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et ancienne ministre des affaires étrangères socialiste du gouvernement Renzi a appelé à une reprise des pourparlers directs entre Israël et les Palestiniens, affirmant que l’Union européenne (UE) devait jouer « un rôle politique accru ». | VINCENT KESSLER / REUTERS
Le Parlement européen devait se prononcer, jeudi 27 novembre, sur une résolution portant sur la reconnaissance d’un Etat palestinien, appuyant les initiatives prises depuis par les Parlements britannique et espagnol avant le débat à l’Assemblée nationale en France. Mais, en l’absence d’accord sur le texte, et à la demande du Parti populaire européen (PPE, droite), le vote des eurodéputés a été repoussé à la session de décembre.
C’est le groupe des sociaux-démocrates au Parlement européen qui est à l’initiative du texte de résolution. La GUE, la gauche radicale au Parlement européen, a soutenu cette initiative. Lundi, en début de semaine de plénière, le PPE, les conservateurs au Parlement, majoritaires, ont obtenu que le vote soit reporté à la plénière de fin décembre. « Les sociaux-démocrates ont trouvé avec la Palestine un moyen d’exister, mais le moment n’est vraiment pas favorable », estime une source haut placée au PPE. « C’est peut-être un moyen de l’enterrer », glisse une source socialiste.
De fait, même au sein du groupe socialiste, il existe des dissensions sur l’opportunité d’un vote, alors que la situation sur le terrain à Jérusalem, surtout après la tuerie dans une synagogue, le 18 novembre, est devenue électrique.
« Rôle politique accru »
Mercredi, Federica Mogherini, nouvelle représentante de l’UE pour les affaires étrangères et ancienne ministre des affaires étrangères socialiste du gouvernement Renzi, a appelé à une reprise des pourparlers directs entre Israël et les Palestiniens, affirmant que l’UE devait jouer « un rôle politique accru ». « Le sentiment d’urgence devient de plus en plus élevé », a indiqué la chef de la diplomatie européenne devant le Parlement européen, qui débattait des initiatives prises par plusieurs Parlements d’Etats membres pour une reconnaissance de l’Etat palestinien.
« L’UE doit faire redémarrer le processus politique, redonner une perspective politique », a-t-elle dit. Sans se prononcer sur la reconnaissance d’un Etat palestinien, qui est une compétence de chacun des Etats membres, le chef de la diplomatie européenne a rappelé « la position historique » de l’UE : « La création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec des échanges de territoires si accord, et Jérusalem comme capitale des deux Etats (…), mais aussi le droit d’Israël à exister en sécurité et en paix avec la région. »
Mme Mogherini a aussi évoqué le rôle des pays de la région, citant l’Egypte, « qui a des moyens de pression sur Gaza en contrôlant le terminal de Rafah », la Jordanie qui gère les lieux saints de l’esplanade des Mosquées, mais aussi l’Arabie saoudite, qui avait proposé une initiative pour la paix en 2002. « On a probablement raté là une occasion », a-t-elle ajouté.
En l’absence de perspectives après l’intervention meurtrière d’Israël à Gaza cet été, la Suède avait reconnu l’Etat palestinien fin octobre. « Ce que nous voulons, c’est que le débat soit moins inégal. La question n’est pas de prendre parti pour un côté ou l’autre mais de choisir la paix, a dit au Monde le premier ministre suédois, Stefan Löfven. Certains pensent que notre décision est arrivée trop tôt. Il est, au contraire, peut-être trop tard. »