Après la guerre sanglante qui a ravagé les Ghazaouis en juillet et août derniers, le président Mahmoud Abbas avait accusé le mouvement islamiste Hamas de maintenir un « gouvernement parallèle » à Ghaza et d’empêcher le gouvernement d’union formé en juin d’y exercer son autorité, menaçant de mettre fin à son partenariat avec eux.
Le Fatah palestinien et le mouvement islamiste Hamas se sont mis d’accord, hier, dans un hôtel du Caire, pour permettre au fragile gouvernement d’union d’exercer son autorité dans la bande de Ghaza, ont indiqué à l’AFP des responsables des deux camps. « Fatah et Hamas sont parvenus à un accord complet pour un retour du gouvernement d’union dans la bande de Ghaza », a indiqué Jibril Rajoub, un membre de la délégation du Fatah dans la capitale égyptienne. L’information a été confirmée par Azzam Al Ahmad, chef de la délégation du Fatah, et Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du Hamas.
Ce dernier a aussi fait savoir qu’une décision était en bonne voie en ce qui concerne le contrôle des points de passage entre Israël et la bande de Ghaza. « Les Nations unies trouveront un accord avec Israël et le gouvernement d’unité sur le contrôle de ces points de passage », a-t-il déclaré. En revanche, deux points importants, à savoir les salaires et le contrôle sur les forces de sécurité, font encore l’objet de discussions, selon un responsable du Hamas cité anonymement par Associated Press.
Ces pourparlers, entamés mercredi sous l’égide de l’Egypte, interviennent après que Palestiniens et Israéliens se soient mis d’accord, mardi dans la capitale égyptienne, pour reprendre fin octobre leurs négociations indirectes pour une trêve durable dans la bande de Ghaza, un mois après un cessez-le-feu ayant mis fin à une guerre meurtrière dans l’enclave palestinienne. Il est à noter que cette période d’hostilités a fait plus de 2100 morts côté palestinien, en grande majorité des civils, et plus de 70 du côté israélien, dont 66 soldats.
Suite à cette guerre, le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait accusé le Hamas de maintenir un « gouvernement parallèle » à Ghaza et d’empêcher un gouvernement d’union, nommé en juin, d’y exercer son autorité malgré des accords de réconciliation signés en avril dernier. Ce gouvernement d’union, composé de personnalités indépendantes, est né d’un rapport de réconciliation signé en avril 2014 par le Hamas, au pouvoir à Ghaza depuis 2007, et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont le Fatah de M. Abbas est la principale composante, et ce, après des années de division.
6 milliards d’euros
Pour rappel, des membres des deux délégations, Fatah et Hamas, avaient affirmé, au cours de la semaine, qu’« une percée » a été enregistrée dans certains dossiers pour qu’un accord voie le jour et tente de sauver ce gouvernement d’union « fragile ». Selon les deux responsables, cet accord devrait permettre au gouvernement d’union nationale d’exercer son autorité sans entrave sur la bande de Ghaza. L’accord historique Fatah-Hamas est crucial à l’approche d’une conférence des donateurs, le 12 octobre au Caire, pour financer la reconstruction de la bande de Ghaza, dévastée par le conflit. De nombreuses capitales conditionnent leur aide à l’exercice de l’autorité du gouvernement d’union dans l’enclave, le Hamas étant considéré comme un groupe « terroriste » par les Etats-Unis et l’Union européenne.
L’annonce intervient après que Palestiniens et Israéliens se soient mis d’accord, mardi dans la capitale égyptienne, pour que l’Autorité palestinienne de M. Abbas contrôle les points de passage de Ghaza afin de permettre l’entrée dans l’enclave, sous blocus, de matériel de construction et d’aide humanitaire, ont précisé les responsables. Des experts palestiniens avaient estimé les coûts de reconstruction de la ville de Ghaza à six milliards d’euros. Ainsi, ces derniers ont affirmé que cette opération durerait cinq ans dans l’hypothèse d’une levée totale du blocus imposé par Israël sur l’enclave palestinienne. « Le gouvernement d’union supervisera les points de passage vers Ghaza afin de faciliter la reconstruction », a annoncé Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du Hamas, lors d’une conférence de presse clôturant ces pourparlers. Ce dernier a ajouté que le problème du paiement des fonctionnaires de Ghaza sera réglé.
Un problème déclaré quand le Hamas a accusé l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, dont le siège est à Ramallah, en Cisjordanie, de ne pas payer les 45 000 fonctionnaires. « Cette rencontre était très importante, elle a traité tous les sujets qui faisaient obstacle » quant à l’application de l’accord de réconciliation signé en avril, poursuit M. Abou Marzouk.
Mercredi, un haut responsable du Fatah, Azzam Al Ahmad, avait affirmé que les discussions du Caire devaient également permettre aux Palestiniens de définir « une stratégie unifiée » face à Israël, alors que M. Abbas doit s’exprimer aujourd’hui devant l’Assemblée générale des Nations unies pour exiger l’adoption d’une résolution demandant la fin, d’ici à trois ans, de l’occupation israélienne.