Le chercheur de terrain d’Addameer et défenseur des droits de l’homme Salah Hamouri a reçu un ordre de détention administrative de six mois, qui doit expirer le 22 février 2018. Au départ, le Tribunal d’Instance israélien de Jérusalem a ordonné la libération sous conditions de Hamouri, cependant, moins d’une demi-heure après, il a reçu l’ordre (de détention administrative).
Selon le jugement du Tribunal, Hamouri allait être placé en résidence surveillée à Al-Reineh (un village au Nord des territoires occupés en 1948) pendant 20 jours. Il aurait aussi été interdit d’entrer à Jérusalem et de voyager hors du pays pendant trois mois, jusqu’au 28 novembre 2017. En outre, Hamouri devait payer une caution de 10.000 NIS (2330 €) avec les garanties d’une tierce partie, et quand sa famille est allée à Al-Moskobyeh pour payer la caution, elle a été informée que Hamouri ne sera pas libéré.
Salah Hamouri, 32 ans, est un franco-palestinien à la double citoyenneté et un ancien prisonnier palestinien des prisons israéliennes. Hamouri a été libéré dans l’échange de Wafa al-Ahrar en 2011 après avoir passé sept ans dans les prisons de l’occupant israélien. En outre, il a été interdit par un ordre militaire d’entrer en Cisjordanie jusqu’en septembre 2016, et sa femme Elsa Lefort est actuellement interdite d’entrer en Palestine.
Cette arrestation et ce jugement n’est qu’un cas sur une liste de beaucoup d’autres, où la puissance occupante a essayé d’étouffer la légitime recherche (de la reconnaissance) des droits et dela dignité fondamentale des Palestiniens. Pour ceux qui osent parler contre ce régime colonial oppressif, c’est la détention arbitraire qui les attend.
Ce cas n’est pas simplement l’arrestation d’une personne. C’est une partie d’une politique systématique d’aliénation. Le but est de s’assurer que toute action pour soutenir la recherche par les Palestiniens de l’autodétermination est sévèrement châtiée. Le raisonnement est que si suffisamment de gens sont châtiés, et que si le poids est trop lourd à porter, les autres seront consternés et accepteront le statu-quo. Ils se résigneront au fait qu’ils font partie d’une structure d’état qui les traite comme des sujets, qui peuvent être à volonté emprisonnés et dépouillés de leurs droits.
Pour les défenseurs des droits de l’homme, il y a deux solutions possibles. Renoncer à défendre votre cause, ou accepter de vivre un châtiment permanent. Ce n’est pas un choix facile à faire . Salah pourrait facilement partir, vivre en France, et avoir une vie tranquille avec sa femme et leur enfant. Toutefois, il reste comme un exemple pour nous tous. Il reste à l’endroit de sa naissance et lutte pour ceux que l’occupant cherche à réduire d’être humains à des sujets. Pour l’affirmation que lui, et les gens qu’il sert, sont humains, l’occupant s’assure qu’il paie le prix.
L’association Addameer (=Conscience) de Soutien aux Prisonniers et de défense des Droits de l’Homme réitère sa demande de libération immédiate de Hamouri, étant donné que sa détention constitue une agression contre le défenseurs palestiniens des droits de l’homme.
Addameer estime que la détention administrative est une forme de détention arbitraire qui équivaut à une torture psychologique. Par le fait d’être détenu indéfiniment sans inculpation ni jugement, le détenu peut éventuellement développer des troubles psychologiques, une dépression de longue durée, et une anxiété chronique liée à la notion d’imprévisibilité.
Cette pratique de la détention arbitraire est une grave violation du droit international et des normes des droits de l’homme, en particulier des articles 78 et 72 de la Quatrième Convention de Genève qui déclare qu’une personne accusée a le droit de se défendre elle-même. Ceci est aussi une violation de l’article 66 de la Quatrième Convention de Genève et des normes fondamentales d’un procès équitable.
Des organisations, de militants et des parlementaires de France se mobilisent pour exiger une fois encore la libération de Hamouri et pour faire pression sur le gouvernement français pour qu’il agisse sur ce cas. Signez cette pétition adressée au président français Emmanuel Macron et aux responsables européens exigeant qu’ils agissent maintenant.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du groupe de travail de l’AFPS sur les prisonniers