Le Mardi 7 décembre, devant plus de 85 personnes, le cinéma Agnès Varda projetait le film "Mur" de Simone Bitton. De quoi s’agit-il ? D’un mur de huit mètres de haut et de 255 kilomètres de long (700 kilomètres une fois terminé ! ) dans lequel les Israéliens veulent enfermer la population palestinienne. Les premières images sont saisissantes : les plaques de béton géantes s’alignent les unes à côté des autres, bouchant progressivement l’horizon.
Une fois construit, le mur sépare les familles de leurs voisins, les paysans de leurs champs. "Les oliviers de ce côté-ci, on ne peut plus y accéder. Cette année, les olives de Cisjordanie ont pourri sur place" constate un habitant. "C’est trop de souffrance » C’est une prison"soupire un paysan de Qalqilya.
Même un colon juif doute de l’efficacité de cette construction : "Un mur, ce n’est pas la solution. Il faut négocier."
Mais la construction continue. Et on met au service de cette folie toutes les possibilités de la technique moderne : des caméras, des systèmes électroniques, des radars, des miradors avec l’air conditionné. Le coût total du mur devrait atteindre 5 milliards de shekels (plus d’un milliard d’euros). Le béton et le fil barbelé continuent leur pr ogr ession, saccageant les paysages bibliques. Et le pire, c’est que certains des ouvriers qui construisent le mur sont des Palestiniens car, comme le remarque avec cynisme un responsable israélien : "ils n’ont pas d’allocations de chômage. S’ils n’ont pas
de travail, ils crèvent de faim."|
Bien sûr, un officier israélien interviewé par Simone Bitton justifie la construction du mur pour des raisons de sécurité. Mais il remarque aussi, non sans satisf action, que cette construction, avec son lot d’expropriations de terres, "provoque un sentiment d’insécurité le long de la ligne de suture".
Insécurité pour les paysans palestiniens, bien sûr, qui ne savent plus quelles terres ils pourront encore cultiver demain. Le Mur est un désastre pour la nature ? Ce n’est pas grave, affirme l’officier, nous répareront les dégâts, d’autant que "nous considérons les deux côtés de la barrière comme les nôtres". Ce qui en dit long sur son respect du droit international...
Plusieurs associations beauvaisiennes se sont unies pour dénoncer cette situation et faire connaître la réalité sur place : Association France Palestine Solidarité, Action des Chrétiens contre la torture, A.T.T.A.C., F.S.U., Commerce équitable, Solidarité Nord-Sud, C.C.F.D., Ligue des droits de l’homme, Amicale des Tunisiens, Association Franco-Marocaine d’aide humanitaire, Association de solidarité Franco-Algérienne. Lors du débat qui a suivi le film, plusieurs questions ont été posées à Marc Prunier, responsable national de France Palestine Solidarité :
D’où peut venir un changement de la politique israélienne ?"
Du mouvement anticolonialiste israélien avec des gens comme Michel Warchavsky et son Centre d’Information Alternative, ou Karen Akoka du groupe Ta’ayoush. Bien que très minoritaires, ces groupes pacifistes accomplissent un indispensable travail d’information de la population israélienne qui ignore trop souvent ce qui se passe de l’autre côté."
Pourquoi les grandes puissances tolèrent-elles en Israël ce qu’ elles n’ont toléré en Afrique du Sud ?
Le combat contre l’apartheid en Afrique du Sud n’a pas été simple. Il a fallu mobiliser les populations. Et on se heurte ave Israël à un problème supplémentaire : s’attaquer à Israël, c’est s’attaquer aux Etats-Unis, première puissance mondiale.
Israël pourra-t-il continuer à vivre tout seul au milieu des pays arabes ?
Aucun pays ne peut décider de vivre tout seul.
Pourquoi ne parle-t-on que des extrêmes en Palestine comme s’il n’y avait pas de partisans de la paix ?
On ne peut pas qualifier d’extrémiste quelqu’un qui lutte contre l’occupation (sans s’attaquer toutefois aux civils). Le droit international reconnaît la légitimité d’une résistance à l’oppression. Il n’y aura pas de paix durable si l’occupation continue.
Va-t-on enfin trouver un moyen efficace de pression contre Israël puisque les condamnations du Mur par la Cour Internationale de Justice et par l’Assemblée Gênérale de l’O.N.U. sont restées lettre morte ?
Il le faut. Une condamnation sans contrainte ne sert à rien, II faut que les gouvernements appliquent des sanctions comme pour l’Afrique du Sud. Mais l’Europe est frileuse car elle n’a pas envie de s’affronter directement aux Etats-Unis. C’est à nous de nous mobiliser pour obliger nos gouvernements à agir.
- Marco au micro
Un délicieux buffet froid de pita et de houmous (purée de pois chiches) terminait la soirée tandis que les participants signaient une pétition condamnant le Mur. Cette pétition sera envoyée au gouvernement et aux députés pour leur demander de suspendre les accords préférentiels entre l’Union Européenne et Israël tant que ce dernier piétinera les droits de l’homme.