Elle est confrontée à une crise alimentaire grave alors que les autorités israéliennes continuent à maintenir fermé le passage de Karni et ce pour une période illimitée. Les fermiers ont, en protestation, jeté les produits qui ont pourri d’attendre si longtemps à la frontière.
Le passage de Karni, entre Israël et Gaza , est réservé aux marchandises et est la principale filière pour que les produits alimentaires entrent à Gaza. Après des demandes des Nations unies pour qu’ Israël ouvre le point de passage afin de permettre que la nourriture arrive à la population affamée et désespérée, les autorités israéliennes ont accepté puis ont changé d’avis à la dernière minute.
Selon la radio israélienne, on s’attendait à ce que les autorités militaires réouvrent le terminal marchandises à cause de la pression internationale grandissante et des avertissements que les réserves alimentaires dans la Bande de Gaza diminuaient fortement et risquaient de manquer totalement. Pourtant le Ministre de la Défense israélien Mofaz a décidé de ne pas ouvrir le passage de Karni, malgré des promesses contraires.
David Shearer, responsable du bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires humanitaires a prévenu que la situation humanitaire s’était considérablement aggravée depuis la victoire électorale du Hamas en janvier. Ceci est du en partie à la fermeture par Israël du principal point de passage vers Gaza à Karni et aussi à d’autres mesures sécuritaires, et le bouclage actuel ne va faire qu’empirer les choses.
« Ceci devient vraiment très préoccupant » a dit Shearer dans un entretien à Reuters.
Israël, qui considère depuis longtemps que les Nations unies sont favorables aux Palestiniens, a déclaré que l’intensification des restrictions était due à une "menace terroriste plus forte" et non à la victoire électorale des militants du Hamas.
Israël a interrompu le transfert des taxes à l’Autorité palestinienne et a demandé aux pays donateurs de suspendre l’aide aux Palestiniens, afin de contraindre le Hamas à renoncer à la violence, à reconnaître l’Etat juif et à se plier aux accords de paix intérimaires. Le principal conseiller du Premier ministre israélien actuel a déclaré avec cynisme que les mesures avaient pour but de « mettre les Palestiniens au régime ».
Selon Shearer, le sucre commencera à manquer à Gaza dans un ou deux jours si Karni n’est pas réouvert. Les prix du sucre ont augmenté de plus de 25 % à cause des bouclages fréquents du point de passage par Israël , a indiqué Shearer.
L’approvisionnement en farine de blé, qui sert à faire le pain, l’aliment de base à Gaza, va aussi s’interrompre dans 4 jours si on ne laisse pas les camions de blé entrer, a ajouté Shearer.
Bien que Israël se soit « désengagé » de Gaza après 38 ans de pouvoir militaire sur la Bande de Gaza, les forces israéliennes ont entouré les frontières de Gaza de barbelé électrifié et contrôlent tous les points d’accès pour faire entrer ou sortir les marchandises, au nom de préoccupations sécuritaires. Les personnes ne sont pas autorisées à quitter Gaza, sauf dans des cas extrêmement rares qui nécessitent une permission spéciale des autorités israéliennes. De nombreux observateurs ont décrit la Bande de Gaza comme la « plus grande prison à ciel ouvert » du monde.
Les privations à Gaza sont devenues si graves que les programmes d’aide commencent à en souffrir, dit Arnold Vercken, le représentant du programme alimentaire mondial à Gaza et en Cisjordanie qui fournit en farine de blé 140 000 Gazaouuis.
"Pour le moment on est en attente," dit Vercken.
Israël a fermé Karni pour 21 jours entre le 15 janvier et le 5 février , a indiqué le bureau de Shearer dans un rapport publié mardi 2 mars.
Une porte-parole de l’armée israélienne a annoncé que Karni avait été fermé le 21 février à la suite d’une explosion mystérieuse dans la région. Il est resté fermé depuis à cause d’ « alertes répétées à la sécurité » a-t-elle dit.
Vercken a indiqué que bien que le flux quotidien de biens de base se soit tari, on ne parle « pas de famine » à Gaza car beaucoup de foyers ont des réserves personnelles de farine qui pourraient leur durer un mois ou plus.
Mais avec la diminution drastique des réserves et l’augmentation des prix , ce sont les Gazaouis les plus pauvres qui seront le plus durement frappés.