Pour les officiels israéliens, cette visite est une marque de plus de l’amitié qui unit leur pays aux Etats-Unis. Au cours des 48 heures qu’il passera à Jérusalem, Mike Pence se rendra à Yad Vashem, le mémorial de l’Holocauste, au mur des Lamentations, le lieu le plus saint du judaïsme, et il prononcera un discours devant la Knesset, le Parlement israélien. Une intervention déjà qualifiée d’ « événement historique » par le président de la Chambre.
Dans les discours, le vice-président américain sera chaleureusement accueilli. Et tout est fait pour qu’il se sente le bienvenu dans la ville. Depuis quatre jours, les drapeaux américains flottent dans les rues de Jérusalem. Et une organisation évangélique de soutien à Israël a également placardé des affiches remerciant Mike Pence pour son action en faveur du pays.
Mais le vice-président, vu comme l’un des artisans de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, est boudé par les responsables politiques palestiniens. Et hormis le rabbin du mur des Lamentations, les chefs religieux ont également refusé de le rencontrer, empêchant ce fervent évangélique de se rendre dans tous les lieux saints de sa foi. Un camouflet pour lui qui voulait faire de sa tournée proche-orientale un geste de soutien aux chrétiens de la région.
Washington ne doit pas « se placer au-dessus de la loi »
Mike Pence avait soutenu la reconnaissance des Etats-Unis de Jérusalem comme la capitale d’Israël , lui qui est de confession évangéliste. Il est même vu comme l’un des artisans de cette reconnaissance. Mais les Palestiniens, eux, dénoncent vivement cette décision : ils veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat. Et depuis, ils refusent de rencontrer les officiels américains. Mike Pence ne se rendra pas dans les Territoires palestiniens. Il ne devrait rencontrer aucun dirigeant palestinien. Pour Hanane Ashraoui, membre du comité exécutif de l’OLP, l’Organisation de libération de la Palestine. « S’il avait voulu venir en Palestine, il n’aurait pas été reçu. »
« Mike Pence semble croire qu’il a un feu vert de Dieu pour donner Jérusalem. Mais il ne l’a pas, explique-t-il. C’est une affaire qui est extrêmement sérieuse et ça ne passera pas. Ils remettent en question : le processus de paix, les chances de parvenir à la paix et la crédibilité des Etats-Unis. Ils aggravent la situation, ils provoquent des problèmes et après ils veulent venir. Pour faire quoi ? S’ils veulent véritablement être les parrains de la paix, alors ils doivent respecter et faire appliquer le droit international. Et non se placer au-dessus de la loi, donner à Israël carte blanche et l’encourager à détruire les fondements de la paix. »
Visite tendue en Jordanie
Mike Pence et le roi Abdallah II se sont rencontrés dimanche à Amman. Une visite cordiale mais tendue, la Jordanie étant très attachée à la question de Jérusalem. La reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale avait particulièrement irrité le roi de Jordanie.
Avec Jérôme Boruszewski, correspondant RFI à Amman
Le temps n’a pas effacé la rancœur. Le roi de Jordanie parle toujours d’inquiétude, de défi majeur et de frustration un mois et demi après l’annonce de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu par Donald Trump. Il manifeste encore son mécontentement, devant la presse, face à l’allié américain dont il ne comprend plus la politique.
La Jordanie est extrêmement attachée à la question de Jérusalem, car le pays est le gardien des lieux de culte musulmans et chrétiens de la Ville sainte. Il se sent donc responsable de la coexistence pacifique des différents groupes religieux.
Le roi de Jordanie est aussi très attaché à la stabilité chez ses voisins et pour cela, Jérusalem est la « clef », a-t-il rappelé, la clef pour la paix dans la région, la clef pour le combat contre la radicalisation.
Cela signifie, du point de vue jordanien, que les Etats-Unis déstabilisent la région, jettent de l’huile sur le feu et créent un terreau favorable au terrorisme. Le roi de Jordanie ne l’a pas dit aussi directement, mais il a implicitement lancé ces accusations. Il attend donc maintenant du concret, des gestes pour rétablir la confiance.