...montrant qu’il ne fallait pas s’attendre à quelque chose de bon d’un tel gouvernement de droite israélien, mais aussi parce que les Palestiniens ont appris qu’il y avait toujours un fossé plutôt large entre ce que disent les dirigeants et ce qu’ils font.
En effet, les Palestiniens ont toujours conseillé aux journalistes et aux analystes de garder cela à l’esprit quand ils parlaient des positions et des déclarations du gouvernement israélien et de juger les dirigeants israéliens sur leurs pratiques et leurs actions plutôt que sur leurs paroles.
Pour nous, la chose la plus frustrante est que nos avertissements concernant les intentions réelles de ce soi-disant plan de désengagement de Gaza ont été régulièrement écartés par les américains, les Européens et la communauté internationale en général.
Même après que le conseiller du premier ministre israélien, Dov Weissglas a confirmé que le but du plan visait principalement à geler le processus de paix et à éviter tout discours sur un état palestinien, la communauté internationale, et principalement Washington, a été satisfaite d’accepter la « clarification » de Sharon disant qu’il soutenait la Feuille de Route.
Pour être plus claire, voici ce qu’a dit Weissglas au journal Ha’aretz lors d’un interview publié le 8 octobre : « Le plan de désengagement fournit suffisamment de formol pour qu’il n’y ait pas de processus actif avec les palestiniens ».
Et juste pour éviter toute confusion sur la signification de la déclaration, il a ajouté ultérieurement : « Le processus politique incarne l’établissement d’un état palestinien avec tous les risques sécuritaires que cela comprend. Le processus politique implique l’évacuation de toutes les colonies, le retour des réfugiés et la partition de Jérusalem. Tout cela a maintenant été gelé ».
En effet, le plan semble avoir réussi. La seule conséquence tangible de ce plan jusqu’à présent semble, du point de vue pratique, d’esquiver tous efforts réels de paix et d’empêcher la communauté internationale (représentée par les pays du Quartet) de prendre les initiatives nécessaires pour réunir les partis, y compris Israël, afin qu’ils s’alignent sur la Feuille de Route.
En fait, la logique de la réalité politique actuelle nous mène dans la direction opposée à tout retrait. Ce n’est ni une coïncidence ni une erreur si pendant qu’Israël parle de retrait, ils (les Israéliens) ont accompli sur les terrain l’incursion la plus brutale dans la Bande de Gaza depuis ces quatre dernières années. Et pendant ce temps, Israël consolide l’occupation en étendant les colonies, en construisant des murs et en confisquant des terres à l’intérieur de la Cisjordanie.
Tant qu’il n’y a pas de processus de paix qui promette aux Palestiniens une fin pacifique à l’occupation et aux Israéliens une perspective de paix, la violence continuera que ce soit la violence de l’occupation qui s’affirme ou la violence de la population occupée qui essaye de se libérer. Une telle réalité ne peut que mener à une réoccupation plutôt qu’à un redéploiement ou un retrait. De plus, la logique d’une telle violence permanente ne servira qu’à encourager les extrémistes et les fondamentalistes en Israël comme en Palestine et qu’à conduire à une consolidation supplémentaire de l’occupation.
Pour toutes ces raisons et parce que cela ne fait pas partie d’un processus politique, le « plan de désengagement » n’améliorera jamais les chances de paix ni ne réduira l’hostilité et la violence. Seul un processus qui implique la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations-Unies est compatible avec la loi internationale et implique par conséquence une fin totale à cette occupation belligérante et illégale, racine du conflit et de la violence en cours ; seul un tel processus renferme une promesse qui remplacera la violence et l’hostilité en cours par des négociations afin d’accéder à des accords menant à la paix et à la prospérité pour les deux côtés.