Paris, 28 avril 2006
Le président Jacques Chirac a renouvelé le soutien de la France au président palestinien Mahmoud Abbas et plaidé pour le maintien de l’aide directe au peuple palestinien.
"La France estime que cette aide doit être maintenue pour des raisons humaines et aussi pour des raisons politiques, et elle plaidera son maintien auprès de la communauté internationale, et notamment auprès de l’Union européenne", a-t-il déclaré dans la cour de l’Elysée avant un entretien avec le président palestinien.
Jacques Chirac a souligné la nécessité de "déterminer les modalités les mieux appropriées pour que la distribution de cette aide soit juste et équitable" et a demandé que cela se fasse "en étroite collaboration" avec le président de l’Autorité palestinienne.
Reuters
27 avril 2006
PARIS
Mahmoud Abbas a rendez-vous vendredi avec Jacques Chirac à Paris pour évoquer avec lui le problème de l’aide européenne aux Palestiniens, suspendue depuis le 7 avril et que le président français veut convaincre ses partenaires européens de rétablir malgré la présence du Hamas au pouvoir.
Le président de l’Autorité palestinienne est attendu jeudi soir en France en provenance de Finlande. Il doit dîner avec le président de l’Assemblée nationale Jean-Louis Debré, avant d’être reçu à l’Elysée, vendredi matin, par le président français. Cette visite est la deuxième de M. Abbas en France depuis son accession à la tête de l’Autorité palestinienne en janvier 2005.
Elle intervient alors que l’Union européenne a décidé le 7 avril de suspendre son aide directe au gouvernement palestinien, le Hamas, victorieux des législatives du 25 janvier et désormais aux commandes, refusant de renoncer à la violence et de reconnaître Israël. En revanche, l’aide humanitaire accordée aux organisations non-gouvernementales ou onusiennes est maintenue.
Depuis, le Hamas a reconnu que l’Autorité palestinienne était en cessation de paiement et ne pouvait plus verser les salaires de ses 165.000 fonctionnaires, qui font vivre un tiers de la population. Directeur général de Médecins sans frontières, Pierre Salignon mettait en garde jeudi dans "Libération" contre la dégradation rapide de la situation. "Nous ne sommes pas encore dans une crise humanitaire et sanitaire, mais elle est en devenir", a-t-il averti.
Il a jugé "illusoire et caricatural de penser que l’on peut cibler le Hamas sans affecter la population". Et "laisser croire que l’on va faire passer cette aide par le canal des ONG et des agences de l’ONU est une autre illusion". Pour MSF, "il n’est pas question de faire le service après-vente d’une mesure de rétorsion qui affecte la population. Nous ne sommes pas les auxiliaires des diplomates".
Mahmoud Abbas a donc lancé, en particulier lors de son actuelle tournée européenne, plusieurs appels pressants à l’UE pour qu’elle revienne sur sa décision. Il a été entendu par Jacques Chirac. Lors de son déplacement en Egypte la semaine dernière, le président français a jugé "à la fois injuste et politiquement maladroit de faire payer à la population palestinienne le prix qu’on voudrait lui faire payer en supprimant l’aide".
Il s’est donc dit "partisan du maintien de l’aide" et ce "dans des conditions à déterminer avec le chef de l’Etat palestinien" Mahmoud Abbas. En l’occurrence, il s’agirait de trouver un moyen de financer l’administration palestinienne, sans financer le Hamas.
Le 20 mars dernier, Jacques Chirac avait suggéré de placer cette aide "sous l’autorité du président palestinien". Vendredi, il devrait proposer la mise en place d’un fonds fiduciaire géré par la Banque mondiale, qui paierait ainsi directement les fonctionnaires, selon un haut diplomate français.
Reste encore à convaincre les 24 partenaires européens de la France, alors que le Hamas n’a fait aucun geste pour reconnaître Israël ou condamner le terrorisme. "Les populations n’ont pas à payer le choix politique qu’elles ont fait", martèle-t-on à Paris, où on refuse toute "politique d’étouffement" de l’Autorité palestinienne. L’objectif pour la France est plutôt de régler la question de l’aide pour avoir une chance de relancer un processus politique entre Palestiniens et Israéliens jugé urgent.
Mahmoud Abbas a d’ailleurs déclaré mercredi qu’il était prêt à conduire des négociations avec Israël, précisant que l’élection d’un gouvernement du Hamas n’était pas un obstacle à ses yeux. Il a appelé à la tenue immédiate d’une "conférence internationale" pour des négociations directes entre les Palestiniens et l’Etat hébreu.
AP
mercredi 26 avril 2006
OSLO
Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi d’Oslo à l’organisation "immédiate" d’une conférence internationale pour un règlement du conflit israélo-palestinien, affirmant que les mesures israéliennes anéantissaient toute chance de voir un Etat palestinien.
"Pour trouver une solution au conflit, les parties ne doivent pas être laissées seules en raison du déséquilibre qui existe entre occupant et occupé", a déclaré le président de l’Autorité palestinienne dans une allocution à l’Institut Nobel.
"Il faut convoquer immédiatement une conférence internationale pour permettre l’organisation de négociations directes sur la base des résolutions internationales et des accords signés. La communauté internationale, représentée par le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) ou tout autre cadre, jouera à la fois le rôle de médiateur et d’arbitre", a-t-il ajouté.
M. Abbas, à Oslo dans le cadre d’une tournée qui l’a déjà conduit en Turquie, a exhorté la communauté internationale à "agir rapidement" en vue d’obtenir un règlement négocié du conflit et d’empêcher la mise en oeuvre d’une solution israélienne unilatérale envisagée par le Premier ministre en exercice Ehud Olmert.
"La communauté internationale doit agir rapidement car les mesures unilatérales par lesquelles Israël tente d’imposer sa vision expansionniste en érigeant le mur de séparation raciste, en judaïsant Jérusalem et en confisquant les terres palestiniennes conduira à une annexion de facto par Israël de 58% de la superficie de la Cisjordanie", a dit le dirigeant palestinien.
Il a aussi affirmé qu’Israël cherchait également par ses mesures unilatérales à "mettre la main sur la nappe phréatique palestinienne et transformer nos terres en cantons isolés".
"Cela anéantira toute chance d’établir un Etat palestinien viable", a averti le président de l’Autorité palestinienne.
M. Abbas se référait au plan dit de "regroupement" que M. Olmert veut appliquer et qui prévoit le démantèlement de certaines implantations en Cisjordanie et l’annexion par Israël des principaux blocs de colonies juives en Cisjordanie.
Le dirigeant palestinien a affirmé avoir les mains libres pour négocier avec les Israéliens en dépit de la victoire du mouvement radical Hamas aux élections législatives en janvier.
"En tant que président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), unique représentant légitime du peuple palestinien, et en tant que président élu de l’Autorité palestinienne, je suis entièrement prêt à commencer immédiatement des négociations avec le gouvernement israélien", a-t-il dit.
"Je tiens à préciser que les élections législatives qui ont porté le Hamas au gouvernement ne constituent pas un obstacle aux négociations car celles-ci font partie des prérogatives de l’OLP qui a signé tous les accords passés avec Israël", a-t-il ajouté.
Il a notamment rappelé les accords d’Oslo de 1993, dont il est l’un des principaux architectes et qui avaient valu à son prédécesseur Yasser Arafat et aux dirigeants israéliens Yitzhak Rabin et Shimon Peres le prix Nobel de la paix en 1994. Le prix leur avait été attribué dans la même salle où M. Abbas a lu son allocution.
Aux termes des ces accords, un régime d’autonomie a été instauré par étapes dans les territoires palestiniens occupés. Les négociations sur le statut final de ces territoires n’ont pas abouti.
M. Abbas, qui doit s’entretenir avec le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, a en outre appelé la communauté internationale, notamment l’Europe, à reprendre l’aide financière aux Palestiniens, suspendue après l’entrée en fonctions du gouvernement Hamas en mars.
"Nous exhortons la communauté internationale, notamment les pays de l’Europe, à continuer à nous aider financièrement et moralement pour nous permettre de réaliser nos aspirations à établir la paix dans la région", a-t-il dit.
AFP
24 avril 2006
ANKARA
Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a mis
en garde contre une "catastrophe sociale et économique" dans les
territoires au cours d’une visite lundi à Ankara, dont il a sollicité
l’aide pour débloquer les négociations avec Israël et enrayer la crise
financière palestinienne.
Arrivé dimanche soir dans la capitale turque, première étape d’une
tournée qui le conduira aussi en Norvège, en Finlande et en France, M.
Abbas a été reçu par le chef de l’Etat Ahmet Necdet Sezer avant de faire
une visite au parlement.
"La perte de l’aide financière est le principal problème car cela menace
de provoquer une catastrophe sociale et économique dans notre pays", a
déclaré M. Abbas au début de sa rencontre avec le président du
Parlement, Bülent Arinç.
"Nous aspirons à un rôle important de la Turquie car c’est un pays ami
qui entretient des relations avec tous les pays de la région et qui est
attaché à la paix et à la stabilité", a-t-il ajouté.
M. Abbas, qui doit s’entretenir mardi avec le Premier ministre Recep
Tayyip Erdogan, souhaite voir la Turquie mettre à profit ses bonnes
relations avec Israël, les Etats-Unis et l’Europe pour tenter de
débloquer le processus de paix israélo-palestinien, mais surtout pour
trouver un compromis permettant la reprise de l’aide financière aux
Palestiniens.
En février, Ankara a suscité la colère d’Israël en recevant une
délégation du Hamas pour des discussions présentées comme un effort
visant à convaincre le groupe de renoncer à la violence.
"La Turquie peut jouer un rôle. C’est un pays important dans la région
qui entretient des bonnes relations avec les Palestiniens et aussi avec
Israël, l’Union européenne et les Etats-Unis", a déclaré à l’AFP le
porte-parole de la présidence de l’Autorité palestinienne, Nabil Abou
Roudeina, qui accompagne M. Abbas.
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui s’emploie à la formation
d’un nouveau gouvernement de coalition après la victoire de son parti
aux législatives fin mars, entend en effet tracer les frontières entre
Israël et la Cisjordanie occupée avec ou sans l’accord des Palestiniens.
"Nous voulons mobiliser un soutien international contre les mesures
unilatérales qu’Israël veut mettre en oeuvre en prenant prétexte de la
victoire du Hamas aux élections palestiniennes. Ce message doit parvenir
aussi à Washington", a affirmé à l’AFP un membre de la délégation
palestinienne.
AFP