Ce fut un show militaro-médiatique, une opération de relations publiques dans ce style hollywoodien que Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, avait redécouvert lors de son séjour en Californie, le 4 mars, après son entretien avec le président Obama.
Six jours plus tard, cette fois sur la base militaire d’Eilat, la ville portuaire de la mer Rouge, l’armée israélienne avait aligné 40 roquettes, 181 obus de mortier et 400 000 cartouches pour kalachnikov, le tout saisi cinq jours plus tôt à bord du cargo Klos-C, arraisonné par la marine israélienne au large de Port-Soudan. Armes iraniennes, destination Gaza.
Les invités étaient des attachés militaires et des diplomates, et la presse internationale et israélienne. Le premier ministre était le metteur en scène et acteur principal, assisté du ministre de la défense, Mosché Yaalon, et d’une poignée de généraux. Il connaissait son texte par cœur : « L’Iran, ce régime brutal, n’a pas abandonné son implication profonde dans le terrorisme, ses efforts systématiques pour miner la paix et la sécurité dans tout le Proche-Orient, et son ambition de détruire l’Etat d’Israël. » Un script sans surprise.
« Une ère d’hypocrisie »
Etait-ce l’intérêt très relatif manifesté par la presse pour cette énième dénonciation des liens militaires entre l’Iran et le Hamas au pouvoir à Gaza ? Etait-ce son exaspération croissante face à la priorité accordée par les grandes puissances à une négociation avec Téhéran sur son programme nucléaire ? Toujours est-il que M. Nétanyahou en a profité pour régler des comptes : « Cet arraisonnement illustre une nouvelle fois l’ère d’hypocrisie dans laquelle nous vivons. Je n’ai entendu, au plus, que des condamnations isolées et molles envers l’Iran de la communauté internationale. »
Et comme il a depuis quelque temps Catherine Ashton, le chef de la diplomatie européenne (qui était dimanche à Téhéran), dans le collimateur, il a précisé : « J’ai vu des sourires, des mains serrées entre des représentants occidentaux et des dirigeants iraniens à Téhéran, au moment où nous étions en train de décharger les conteneurs » du cargo. Avant d’ajouter : « Dès que l’on construit un balcon dans un quartier de Jérusalem, nous entendons un chœur de critiques acerbes contre Israël. Cette hypocrisie est intolérable. »
Selon de récentes statistiques officielles, Israël a lancé, en 2013, la construction de 2 534 unités d’habitation en Cisjordanie occupée, contre 1 133 unités en 2012, ce qui traduit un pic de la colonisation depuis dix ans. Et qui fait beaucoup de « balcons »…