L’ inégalité de traitement réservée par les autorités françaises à ce jeune franco-palestinien de Jérusalem-Est arrêté par l’occupant le 13 mars 2005 puis transféré et détenu dans une prison israélienne depuis 33 mois est évidente.
Malgré les sollicitations de sa famille,le jeune homme n’a pas eu droit aux démarches que les présidents Chirac puis Sarkozy , leur ministre des Affaires étrangères et d’autres représentants de la France ont entreprises , très rapidement puis à plusieurs reprises, pour faire libérer Gilad Shalit . Ce dernier, tankiste d’origine franco-israélienne , participant à l’encerclement et aux bombardements meurtriers et destructeurs de la bande de Gaza en Juin 2006 a été capturé par le Hamas à Gaza il y a 16 mois. Les parents de Shalit ont été reçus en France par nos dirigeants et par nos ministres lors de leurs passages en Israël.
Rien de tout cela pour la famille de Salah Hamouri.
Les autorités françaises ont même pris en charge 2 autres soldats israéliens, sans le moindre lien familial avec la France, détenus par le Hezbollah depuis juillet 2006 , avec réception des familles à Paris … !
En revanche aucune démarche ou pression sur l’état israélien pour libérer les 11 000 prisonniers palestiniens, dont 45 députés ou ministres, et 360 mineurs détenus illégalement par Israël.
Et la Mairie de Paris vient d’oser afficher, dans le 12ème arrondissement, (square Rabin) le portrait de ces 3 soldats d’une armée qui occupe la Cisjordanie, avec Jérusalem-Est, la Bande de Gaza et le Golan et exige leur libération !
Nos dirigeants se sont démenés pour faire libérer les infirmières bulgares et le médecin palestinien injustement détenus et torturés en Lybie. Ils agissent pour la libération d’Ingrid Bettancourt et pour celle des « compatriotes » détenus au Tchad ou ailleurs.
Pourquoi ce silence et ce « deux poids –deux mesures » pour Salah Hamouri , sauf à se soumettre aux arguments et aux conditions de la puissance occupante [1] ?
L’Afps a depuis des semaines alerté nos médias parmi lesquels L’ Humanité et Le Monde ont compris l’importance de cette affaire. Son envoyé spécial devrait couvrir les audiences au tribunal militaire israélien d’Ofer (en Cisjordanie occupée). [2] Nous avons aussi alerté certains députés et nos autorités.
Salah est passé ce 4 Novembre au tribunal en présence d’un représentant du consulat Français.
La prochaine audience doit avoir lieu le 14 novembre à Ofer.
Liberté pour Salah !
Voici la lettre adressée le 13 septembre par Jean Claude Lefort, député honoraire et membre du Conseil national de l’Afps, au directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères :
Ivry, le 13 septembre 2007
Monsieur Philippe Etienne
Directeur de Cabinet
Ministère des Affaires étrangères
37, Quai d’Orsay
75007 Paris
Monsieur le Directeur,
Au cours de son déplacement dans les Territoires palestiniens occupés et en Israël, le Ministre des Affaires étrangères a rencontré le père du caporal Shalit. La Présidence de la République avait déjà manifesté son attention sur le cas de ce jeune franco-israélien qui a été capturé tandis qu’il était sur un char à Gaza.
Par contre un silence particulièrement épais entoure le cas d’un jeune franco-palestinien de 20 ans arrêté depuis le 13 mars 2005 par les autorités israéliennes et traduit devant la justice de ce pays occupant.
Il s’agit du jeune Salah Hamouri.
Sa maman, professeur de français, est de nationalité française (née Annick Denise Guidoux) et elle vit depuis 20 ans avec son mari palestinien, Monsieur Hamouri, à Jérusalem.
Ce jeune homme, étudiant à l’Université de Bethléem, est aujourd’hui en prison pour des actes sans fondements, et en tout cas il ne peut être considéré que la Justice d’un pays occupant est une justice « comme les autres » tout comme le « transfert » de personnes en temps de guerre pourrait être considéré comme acceptable alors que cela est totalement contraire aux Conventions de Genève, en particulier de la troisième.
Malheureusement c’est la thèse que soutient jusqu’à ce jour le ministère par la plume de l’un de ses fonctionnaires – M. Norbert Wurtz – qui écrit à cette dame, par voie de courriel, que « le cas du soldat franco-israélien n’est pas comparable à celui de votre fils. En effet le soldat a été pris en otage (…) et nous essayons d’obtenir sa libération (…) tandis que votre fils est emprisonné par les autorités israéliennes dans le cadre d’une procédure judiciaire dans laquelle nous ne pouvons pas interférer. »
C’est incroyablement dit : un soldat en uniforme et en action, pris sur son char, membre d’une armée d’occupation doit être libéré au titre qu’ils serait un « otage » et un jeune étudiant palestinien arrêté, transféré et traduit devant la justice d’un pays occupant, ceci de manière totalement illégale, ne pourrait être l’objet d’une exigence au minimum parallèle de libération ! Si cela ne s’appelle pas du « deux poids, deux mesures » les mots n’ont plus de sens.
Madame Hamouri est en contact avec le Consulat de France en Israël. Les faits sont connus de la Chancellerie.
Mais je ne peux croire qu’un simple fonctionnaire engage ainsi la France dans une posture qui inverse les termes de la situation. Ce ne sont pas les Palestiniens qui occupent Israël mais bien Israël qui occupe illégalement des territoires palestiniens, qui violent les conventions internationales, les résolutions de l’ONU ainsi que l’avis de la Cour internationale de justice s’agissant du mur. Rien de moins. Alors n’ajoutons pas de l’injustice à l’injustice par des prises de positions que j’estime inconsidérées.
Aussi, Monsieur le Directeur, je me permets d’intervenir auprès vous afin que la France soit cohérente et juste, respectueuse du droit international et non partisane.
Cette affaire ne peut pas être banalisée ni étouffée, et elle ne le sera pas.
Certain de votre compréhension,
Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, en l’expression de mes salutations les plus distinguées.
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Ci-dessous, la réponse du directeur de cabinet, datée du 8 octobre :
Paris, le 8 octobre 2007
Monsieur le Député,
Vous avez bien voulu m’adresser une lettre sur la situation de Salah Hamouri et je tenais à vous en remercier.
Le ministre des Affaires étrangères et européennes est très sensible à la situation. Il a évoqué très directement son cas lors de l’entretien qu’il a eu avec Mme Livni, ministre des Affaires étrangères, à l’occasion de sa visite en Israël début septembre.
Nous avons demandé à notre ambassade en Israël et à notre consulat général à Jérusalem, qui sont, comme, vous le savez, en contact direct avec les parents de M. Hamouri, d’effectuer toutes les démarches utiles pour inciter les autorités israéliennes à lui assurer un traitement équitable et à accélérer son passage en jugement. Le consulat général à Jérusalem a mis en œuvre l’ensemble des dispositions de la protection consulaire destinée à nos compatriotes. Je suivrai avec la plus grande attention l’évolution de cette affaire.
La France a appelé à plusieurs reprises – et le ministre a renouvelé lors de ses entretiens dans la région – à la libération de prisonniers palestiniens. La France considère cet élément comme important dans le cadre du rétablissement de la confiance entre les parties. Je souhaite vous assurer de la détermination du ministre et des autorités françaises à œuvrer dans ce sens.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Député, l’expression de ma haute considération.
(Ajouté à la main « Merci de nous avoir sensibilisé à ce cas ».)
Philippe ETIENNE