Des centaines de femmes ont défilé ce 26 septembre pour dénoncer les assassinats de femmes dans la société palestinienne, à Haïfa comme dans une douzaine de villes en Israël, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza mais aussi à Jérusalem ou à Beyrouth. La mort d’Israa Ghrayeb, une jeune femme de 21 ans de Bethléem tuée par des membres de sa famille en août dernier a été l’étincelle de cette vague de protestations.
La manifestation, rassemblée derrière le slogan « Libérez notre terre, libérez les femmes », était organisée par l’intermédiaire d’une page Facebook au même nom et diffusée sur les réseaux grâce au hashtag Tal’at (coming out, en arabe).
Les manifestantes ont défilé dans le quartier du port de Haïfa. « De Beyrouth à Haïfa, des femmes sont tuées dans la rue ou chez elles. Il est temps de les protéger », criaient-elles. « Nous voulons être libres, vivre dans le respect, la solidarité et la sécurité. » « Nous ne pouvons pas libérer notre terre sans sécuriser le pouvoir que les femmes apportent » « Tout ce dont nous avons besoin, c’est de liberté et de protection et nous serons sur la bonne voie. »
Des actions similaires se sont déroulées à Rafah, Ramallah, Jaffa, Nazareth, Arabeh et Taibeh. Le 27 septembre, des dizaines de manifestantes ont bloqué la route de Wadi Ara pour dénoncer l’inaction de la police face à la violence armée dans la société arabe.
Shahira Shalabi, la maire-adjointe de Haïfa, a participé au défilé. « En dénonçant haut et fort le féminicide, nous cherchons aussi à rompre la structure patriarcale de la société arabe », a-t-elle expliqué.
Une des manifestantes, Mai Sada, compare la protection des femmes et la lutte de libération nationale de la Palestine : « Il y un lien entre le fait de vivre sur notre propre territoire autonome et le droit de chacun, en particulier des femmes, de décider pour lui-même et de choisir sa vie. »
Nusra, une autre manifestante, renchérit : « Les femmes palestiniennes souffrent partout. A Beyrouth par exemple, elles ne sont pas seulement exposées à la violence chez elle mais partout, elles ne disposent d’aucun endroit sûr. Nous avons besoin d’un endroit où on se sent à l’abri. » Kamar Hiyub, une militante, espère « que la mobilisation atteindra les villages isolés et les endroits où la violence faite aux femmes n’est pas toujours considérée. »
« La situation est mauvaise. Chaque jour nous apprenons un nouveau meurtre, on ne peut pas faire face toutes seules », ajoute Lamis Farah. « Les gens se retrouvent parce qu’ils s’identifient à cette lutte. Au fil du temps, nous avons compris combien il était important de nous rassembler et j’espère que nos activités vont prendre de l’ampleur. »
Maher habite à Haïfa. Il raconte avoir perdu une amie, victime de violence conjugale. A cause de cette perte, il estime qu’il est important de se trouver partout où est mené le combat contre les féminicides. « Si j’avais été là quand on avait besoin de moi, peut-être cette tragédie aurait-elle pu être évitée. Maintenant je suis là, comme beaucoup d’autres qui s’identifient à la nécessité de faire face à cela. »
Traduit de l’anglais par l’AFPS.