Monsieur,
Interrogé par la Plateforme française des ONG pour la Palestine, vous avez fait connaître avant le 1er tour votre position sur ce que serait votre politique concernant le « conflit israélo-palestinien ».
Nous vous en savons gré, mais devons constater que, en l’état, votre position ne nous paraît pas correspondre aux attentes de ceux qui sont attachés à une paix juste et durable, fondée sur le droit.
Vous dites être favorable à la reconnaissance de l’État palestinien par la France, mais vous liez cette reconnaissance - qui est par nature une décision unilatérale d’un État, comme 130 États l’ont déjà fait - à une relance des négociations entre Israéliens et Palestiniens, dont elle serait l’aboutissement.
C’est faire comme si une telle relance avait un sens, alors que l’accélération de la colonisation a vidé les négociations de tout contenu. La plupart des observateurs s’accordent aujourd’hui pour dire que le "processus des négociations" n’a plus de sens tant que les conditions d’une véritable négociation ne sont pas assurées.
Le dépeçage du territoire palestinien que la communauté internationale n’a pas su empêcher a signé l’arrêt de mort du processus d’Oslo. Les condamnations de principe de la diplomatie française et européenne se répètent à chaque nouvelle mesure unilatérale d’Israël (lancement de nouvelles constructions dans les colonies, non reversement des taxes perçues pour le compte de l’Autorité Palestinienne...), mais restent sans le moindre effet, faute d’être assorties de sanctions contre les violations de la légalité internationale.
La France doit en tirer courageusement les leçons et par un acte fort de reconnaissance pleine et entière de l’État palestinien, sans condition préalable, ouvrir une voie nouvelle.
Une telle initiative du futur Président de la République aurait une portée considérable et mettrait la communauté internationale en situation de prendre enfin ses responsabilités face à un conflit lourd de menaces pour la paix.
C’est la demande instante que nous portons avec tous les citoyens attachés à la paix et au droit, pour passer enfin de la parole aux actes.
C’est ce que nous attendons du nouveau Président de la République, aussi attacherons-nous, Monsieur, le plus grand prix à votre réponse.
Je vous prie de croire, Monsieur, à mes salutations les plus distinguées.
Jean-Claude Lefort
Président de l’AFPS