Courrier en date du 9 novembre 2017 adressé à :
Monsieur Infantino
Président de Fédération Internationale de Football Association (FIFA)
Fédération Internationale de Football Association
FIFA-Strasse 20
P.O. Box 8044 Zurich
SUISSE
Objet : La FIFA et la Palestine
Monsieur le Président,
Le conseil de la FIFA, réuni ce 27 octobre 2017, a refusé d’intervenir dans le conflit qui oppose Israël à la Palestine autour du football dans le Territoire Palestinien Occupé. Cet organe non exécutif de surveillance et de stratégie a expliqué « devoir rester neutre dans les questions politiques » et déclaré que la FIFA « s’abstiendrait d’imposer aucune sanction ou autre mesure ».
Ainsi, la FIFA semble « botter en touche ».
Se cacher derrière l’argument d’un « football qui ne se mêle pas de politique » est affligeant, car c’est fermer les yeux sur ce qui se passe réellement sur le terrain. Quant à l’argument selon lequel « toute interférence dans la situation actuelle des territoires, dans toute la région, en matière de football, pourrait avoir des conséquences aggravantes », il est par trop simpliste et même totalement faux : dans ce dossier, que vous le vouliez ou non, football et politique sont intimement liés.
Le journal français l’Équipe écrit : « Pour Israël, la FIFA n’a pas son mot à dire puisqu’il n’y a pas de frontière reconnue à un État palestinien ». Vous savez cependant que l’ONU reconnaît l’Etat de Palestine sur ses frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.
Qu’un pays (Israël) ait des équipes inscrites à l’UEFA qui jouent sur des terres occupées (terrains de foot compris) appartenant, selon l’ONU, à un pays membre de l’AFC (la Palestine est reconnue par la communauté internationale depuis 2012) est un problème politique qui ne date pas de 10 000 ans comme vous le prétendez ; c’est en 1947 et 1948 qu’il a réellement commencé. Aujourd’hui c’est l’État d’Israël qui ne se reconnaît aucune frontière et ceci est de la politique, la politique du pire.
De plus, Israël mène une répression permanente contre le football palestinien, notamment en empêchant les déplacements des joueurs, en confisquant le matériel importé de l’étranger et en tentant de contraindre les joueurs de se faire indicateurs pour les services de sécurité israéliens.
Au final, l’indécision politique de la FIFA fait que le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a pu parler de « grande victoire ».
Monsieur le Président, vous aviez alors 6 ans, lorsque l’Afrique du Sud a été exclue de la FIFA en 1976 pour son régime d’apartheid. C’était un acte politique et il avait fallu alors un vrai courage politique pour en arriver là. Ce qui est reproché aujourd’hui à l’État d’Israël est tout aussi grave.
S’agissant d’Israël, pourquoi deux poids, deux mesures ? Si vous agissiez comme l’a demandé la commission internationale qui a travaillé sur ce sujet pendant plus de deux ans, vous auriez la possibilité d’aider à la résolution de ce problème politique et d’aider à la Paix dans la région.
Nous espérons que vous aurez ce courage !
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments distingués.
Bertrand Heilbronn
Président de l’AFPS