Monsieur le Haut représentant pour la Politique de défense et de sécurité européenne,
A l’image de l’ensemble des collectivités membres du Réseau de Coopérations Décentralisées pour la Palestine (RCDP) de Cités-Unies France, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis continue de mener ses actions de coopération avec les collectivités palestiniennes de Tulkarem, Djenin et Qualqilya, fondées sur la relation aux populations, l’épanouissement de chaque être humain, le vivre ensemble, la culture de la paix.
Bien évidemment, nous le ferons avec une grande vigilance dans le respect des droits humains et de la démocratie que de tels partenariats sont en droit d’attendre.
Ce choix, nous l’avons fait car nous estimons que sanctionner une population n’est pas viable, est intolérable et parce que nous sommes conscients que tout blocage ne saurait qu’alimenter une politique du pire.
Il me semble, Monsieur le Haut représentant pour la Politique de défense et de sécurité européenne, que ce choix doit être celui qui guide tous ceux et toutes celles qui refusent le fatalisme et s’engagent aux côtés des Israéliens et des Palestiniens pour un avenir meilleur.
C’est, donc, avec une extrême gravité que je m’adresse aujourd’hui à vous suite à la décision prise par le Conseil des Ministres de l’Union européenne de confirmer la position de la Commission visant à suspendre l’aide économique européenne accordée aux Palestiniens.
Sous couvert d’une sanction donnée aux dirigeants palestiniens c’est, en fait, un peuple tout entier qui est visé par cette mesure.
Après l’arrêt inique et unilatéral d’Israël des transferts de taxes, après la suspension des aides américaines, l’Union européenne vient, ainsi, aggraver la situation de marasme et de crise humanitaire que connaissent les Territoires palestiniens.
Cette décision de rompre toute aide financière s’avère d’autant plus incompréhensible et inacceptable alors même que la Banque Mondiale a reconnu, voilà un mois, qu’une suspension de l’aide internationale conduirait inévitablement à un chômage de 47% et à une pauvreté touchant 74% de la population palestinienne d’ici 2008.
Bien évidemment, la vigilance de tous s’avère nécessaire vis-à-vis d’un gouvernement palestinien qui, bien qu’élu démocratiquement, est dirigé par le Hamas. En ce sens, le respect des droits fondamentaux, l’abandon de tout acte de violence doivent être des exigences fortes de la communauté internationale et de l’Europe en direction du gouvernement palestinien.
Pour autant, il faut se rendre à l’évidence, les politiques d’étranglement économique et diplomatique de l’Autorité palestinienne ont déjà montré toutes leurs limites. Elles n’ont su qu’attiser rancœur, incompréhension et désarroi de la part des Palestiniens. Elles n’ont su générer qu’une situation humaine, sociale et sanitaire désastreuse.
Ainsi, loin de sanctionner des enfants, des femmes et des hommes, qui n’aspirent qu’à vivre en paix, en sécurité et dignement, c’est bien vers une véritable volonté de dialogue, de démocratisation et de justice qu’il faut se diriger.
Aucune perspective durable de paix n’est envisageable sans un équilibre des gestes et des actes de la part de tous les acteurs : israéliens, palestiniens, communauté internationale et Union européenne.
Cela demande de la détermination de la part de l’ONU et de l’Union européenne à exiger également d’Israël le respect des résolutions et accords internationaux et du droit international. Cela s’entend par l’arrêt de la construction du mur d’annexion déclaré illégal par la Cour de Justice Internationale et par l’arrêt de la colonisation et le démantèlement des colonies existantes notamment.
Oublier cela, c’est renforcer plus encore le risque de radicalisation du gouvernement palestinien.
Oublier cela, éloignera toute perspective d’un accord de paix et de création de deux Etats voisins pacifiés.
C’est pourquoi, devant l’urgence, je vous demande, Monsieur le Monsieur le Haut représentant pour la Politique de défense et de sécurité européenne, d’intercéder auprès des Instances européennes pour que cette sanction soit retirée. L’Union européenne doit jouer un rôle politique actif au Proche-Orient en direction des peuples, de tous les peuples de la Région, pour qu’ils connaissent, enfin, une existence pacifiée et sécurisée.
Je vous prie de croire, Monsieur le Haut représentant pour la Politique de défense et de sécurité européenne , à l’assurance de mes respectueuses salutations.
Hervé BRAMY