Malgré une trêve annoncée par le Jihad islamique à Gaza, des tirs sporadiques de roquettes ont de nouveau visé le sud d’Israël, selon l’armée israélienne. Le ministre israélien de la Défense a déclaré que l’armée resterait mobilisée. La tension semble cependant être progressivement descendue ce jeudi 13 mars.
L’armée israélienne a annoncé qu’une roquette s’est abattue ce jeudi 13 mars sur le Conseil régional de Hof Ashkelon, dans le sud d’Israël, sans faire de victime. Plusieurs roquettes ont été lancés depuis la bande de Gaza, et l’armée israélienne a répliqué en attaquant plusieurs cibles.
Toutefois, ces échanges ont été loin de l’intensité des tirs de mercredi soir, d’un côté comme de l’autre. Après l’annonce d’une trêve par le Jihad islamique, Israël n’a pas confirmé qu’un accord avait été obtenu avec les groupes armés palestiniens. Le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, a insisté au contraire sur le fait que les forces armées resteraient mobilisées tant que le calme ne serait pas revenu de l’autre côté.
« Bataille de dissuasion »
Ce jeudi cependant, la situation semblait se détendre progressivement. Personne n’a intérêt à ce que la situation dégénère en conflit. C’est ce qui ressortait, jeudi soir, de la plupart des analyses publiées par la presse à Jérusalem. « Comme souvent, il y a eu une étincelle », explique Ynetnews, le premier site d’information en ligne israélien. Dans ce cas, c’est la mort de trois membres du Jihad islamique, tués par l’armée israélienne. S’en est suivie une salve massive de tirs de roquettes à laquelle l’armée israélienne a répliqué avec force.
Mais, s’il n’y a pas de dégât ou de victime, les hostilités cessent progressivement. C’est ce que confirme le journal de gauche Haaretz sur son site web : « Tout le monde s’attend à une baisse de la tension ». Un ancien conseiller à la sécurité nationale, Uzi Dayan, a indiqué à la radio qu’Israël était dans une « bataille de dissuasion ». Sous-entendu, pas dans une volonté d’en découdre avec le Hamas. Le parti au pouvoir à Gaza n’a, lui non plus, aucun intérêt à l’escalade. Il est déjà affaibli et isolé. Ses combattants n’ont d’ailleurs pas participé aux violences.
Le point de vue de Julien Salingue, chercheur en sciences politiques et spécialiste de la Palestine
« Le deal passé entre les groupes armés et le Hamas, c’est que si Israël cible des militants, ils sont autorisés – entre guillemets – à riposter avec des roquettes, mais pas à tirer les premiers », expose Julien Salingue, enseignant-chercheur à l’université de Paris VIII. En l’espèce, c’est « suite à l’assassinat de trois militants du Jihad islamique » que la salve de roquettes a été tirée sur le sud d’Israël, mercredi. « Quel que soit le contexte, ces groupes ont toujours répondu d’une façon ou d’une autre quand il y avait des assassinats de ce type à Gaza », insiste le chercheur. Pour lui, il faut « poser plutôt la question de savoir si l’opération israélienne d’assassinats des militants du Jihad islamique, elle, n’est pas liée au contexte ».
Evoquant la découverte par la marine israélienne de 50 tonnes d’armes et de munitions à bord d’un cargo, ce mardi 15 mars – armements dont Israël estime qu’il était envoyé par l’Iran à destination de la bande de Gaza – Julien Salingue estime que cette saisie « n’a pas suffi à redorer l’image de l’État d’Israël, qui a besoin, toujours, d’apparaître sous la menace. En allant tuer trois militants du Jihad islamique, ils savent très bien qu’il va y avoir des roquettes en retour et que, de nouveau, ils peuvent se positionner comme étant sous la menace permanente. »