6 janvier 2019
L’année dernière a vu une forte augmentation des « crimes nationalistes », de la violence et des dommages matériels causés par les Juifs contre les Palestiniens en Cisjordanie. À la mi-décembre, 482 incidents de ce type avaient été signalés, contre 140 en 2017.
Parmi les actes de violence perpétrés par les colons et les activistes de droite ont figuré des passages à tabac et des jets de pierres sur des Palestiniens. Plus fréquemment, les infractions consistaient à peindre des slogans nationalistes et anti-arabes ou anti-musulmans, à endommager des maisons et des voitures et à abattre des arbres appartenant à des fermiers palestiniens.
Ce type d’incidents a fortement diminué en 2016 et 2017 par rapport aux années précédentes. Cette baisse a été attribuée à la réponse des autorités suite à l’incendie criminel d’une maison dans le village de Duma, en Cisjordanie, qui a coûté la vie à trois membres de la famille Dawabshe. Amiram Ben-Uliel, un jeune colon, a été inculpé de trois chefs d’accusation de meurtre dans cette affaire. Après l’attaque, les services de sécurité du Shin Bet ont arrêté plusieurs militants d’extrême droite vivant dans le nord de la Cisjordanie et soupçonnés d’implication dans des actes de violence et d’incitation à la violence à l’encontre des Arabes.
Une série d’actions entreprises au cours de cette période - notamment détention sans inculpation, interdictions de séjour des suspects en Cisjordanie et, dans quelques cas, autorisation d’interroger les suspects à l’aide de méthodes sévères - ont permis aux autorités de résoudre un certain nombre d’affaires, ce qui a eu un effet dissuasif et a fait baisser le taux de violence à l’encontre des Palestiniens. Cependant, au cours de l’année écoulée, après la libération des activistes (ainsi que l’émergence de nouveaux groupes, plus jeunes), les actes de violence ont de nouveau augmenté.
L’attitude des responsables de la colonisation à l’égard de la violence a également changé. L’attaque de Duma a été un choc pour beaucoup. Certains dirigeants de colons, ainsi que le ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, se sont prononcés avec force contre le terrorisme juif. Mais au cours des derniers mois, on constate une déclin du poids des personnalités de la colonisation auxquelles est reconnue une étoffe d’homme d’État. Des personnes plus extrémistes ayant remporté des sièges dans certains conseils locaux aux élections municipales de novembre ont parfois réagi de manière ambiguë et indulgente à la violence contre les Palestiniens.
La tension s’est quelque peu accentuée au cours des dernières semaines entre les milieux de la défense et les colons sur fond de deux incidents. L’un est enlèvement de préfabriqués apportés par les colons à l’avant-poste illégal d’Amona, qui avait été le théâtre de violents affrontements entre des activistes de droite et des membres de la police des frontières. Et, surtout, le second, l’arrestation de trois adolescents pour soupçon d’implication dans la terreur juive, ce qui a déclenché une vague de protestations et des alertes concernant l’intention supposée du Shin Bet de torturer les suspects au cours de leur interrogatoire.
L’augmentation du nombre d’incidents violents semble également liée à un désir de venger les attaques palestiniennes contre des Israéliens. Ces incidents se sont multipliés après deux attentats commis au début de l’année dernière et à nouveau après le meurtre de deux Israéliens lors d’un attentat dans la zone industrielle de Barkan en octobre. Quelques jours après le meurtre de Barkan, une Palestinienne a été tuée près de Naplouse par des pierres lancées, apparemment par des Israéliens, sur la voiture dans laquelle elle voyageait. Dans un autre cas, il y a eu une tentative infructueuse d’incendier une mosquée.
L’armée attribue également la montée de la violence des Juifs à l’encontre des Arabes à une surveillance plus étroite par les forces de sécurité (le taux de vandalisme n’avait jamais été documenté dans le passé). Cependant, on constate une faiblesse dans la manière dont les forces de l’ordre traitent les actes de terreur et de violence juifs ; dans certains cas, les suspects sont rapidement remis en liberté sans qu’aucune action judiciaire ne soit entreprise.
Des responsables de la défense ont déclaré que le groupe le plus extrême d’activistes de droite, les soi-disant jeunes des collines, dont la plupart vivent dans des avant-postes de Cisjordanie, serait d’environ 300. Sur ce nombre, quelques dizaines sont soupçonnés d’implication dans des actes de violence. La plupart des suspects sont très jeunes, 15 ou 16 ans. La plupart des actes de violence auraient été commis dans la zone des avant-postes de la vallée de Shiloh entre Ramallah et Naplouse, près des colonies de Yitzhar près de Naplouse et autour de l’avant-poste évacué d’Amona près de Ramallah. Dans certains cas, notamment autour d’Yitzhar, il semble que les Palestiniens cherchent aussi délibérément à s’affronter aux habitants des colonies.
Traduit de l’anglais par RP pour l’AFPS