Il y a dix ans, la déclaration de Barcelone proclamait trois objectifs : la création d’une aire de paix et de stabilité, la construction d’une zone de prospérité partagée, enfin le rapprochement entre les peuples grâce à un partenariat social, culturel et humain.
Trois beaux objectifs énoncés peu de temps après les accords d’Oslo (1993). Nul hasard : le conflit israélo-palestinien est la question qui surdétermine l’ensemble.
Or l’Union européenne (UE), si elle est largement présente en termes financiers - elle est même le premier partenaire de l’Autorité palestinienne -, ne se donne pas vraiment les moyens d’une intervention politique.
Certes, elle est membre du « quartet » qui regroupe, outre l’UE, les États-Unis, la Russie et l’ONU, et, à ce titre, elle est co-garante de la « feuille de route ». Mais il faut bien constater qu’au-delà des déclarations, son rôle est quasiment nul.
L’Union européenne est incapable (ou est-ce un manque de volonté ?) de se donner les moyens d’une intervention soutenue et d’aider à faire respecter les termes du contrat. Tout comme elle n’a pas su suspendre l’accord d’association avec Israël.
De même, l’UE s’est réjouie du retrait unilatéral de la bande de Gaza, sans un bémol. L’aéroport de Gaza, quasiment financé à 100 % par les Européens, a été détruit par l’armée israélienne. Aucune contrepartie n’a été demandée, aucune protestation n’a été émise lorsque les Israéliens ont fait savoir, il y a quelques semaines, qu’il n’était pas question d’envisager le redémarrage des infrastructures aéroportuaires.
Les constructions se poursuivent dans les colonies, au mépris de la « feuille de route », sans que l’UE ne bronche. Quant à la construction du mur et à l’annexion de fait de Jérusalem, on n’a pas entendu les Européens proposer de quelconques mesures pour empêcher la politique israélienne habituelle du fait accompli.
Le sommet ministériel de Luxembourg, qui s’est tenu en juin dernier, s’est félicité d’un certain nombre d’avancées importantes : réunion de l’Assemblée parlementaire euroméditerranéenne au Caire, création de la Fondation Anna-Lindh pour le dialogue des cultures, ou encore la plate-forme de la société civile.
C’est peu au regard des enjeux régionaux et surtout de la stratégie américaine de grand Moyen-Orient (appelé d’ailleurs « Moyen-Orient élargi et Afrique du nord » depuis que les Européens ont minaudé lors du sommet du G8 en 2004), qui se juxtapose (et va plus loin) à la zone concernée par le processus de Barcelone sans grande opposition.
Au-delà des déclarations d’intentions, l’UE n’est intéressée et unie que sur un dossier : la création d’une zone de libre-échange euroméditerranéenne en 2010.
L’Union européenne a pourtant une carte historique à jouer. Elle pourrait, en prenant toute sa place, aider à un véritable dialogue entre Israéliens et Palestiniens en vue de la création d’un État palestinien viable, dans les frontières de 1967, aux côtés d’Israël.