Le retrait des colons israéliens de la Bande de Gaza a ouvert la voie à l’utilisation des avions à réaction qui provoquent des bangs soniques en passant le mur du son à basse altitude, envoyant des ondes de choc à travers tout le territoire et ce, souvent pendant la nuit. Les Palestiniens comparent le bruit à celui un tremblement de terre ou d’une énorme bombe. Ils décrivent l’effet comme celui d’être touché par une barrière d’air qui fait mal aux oreilles, provoquant parfois des saignements du nez et « vous laissant tout tremblant de l’intérieur ».
Le ministère de la santé palestinien dit que les bangs soniques ont provoqué des fausses couches et des problèmes cardiaques. Les Nations Unies ont demandé qu’Israël mette fin à cette tactique en disant qu’elle provoque des crises de panique chez les enfants. Les ondes de choc ont également endommagé des bâtiments en craquelant des murs et en brisant des milliers de fenêtres.
« Je n’ai jamais entendu une explosion aussi forte. J’ai pensé que c’était juste au-dessus de mon bâtiment » dit le propriétaire, Tareq Dayyeh. « On entend quelques fois les roquettes tirées par les Israéliens mais ceci est différent. J’ai eu l’impression que j’étais au centre d’une bombe. Quand j’ai couru dehors, j’ai pensé que j’allais trouver que le reste de la rue avait disparu ».
Cette dernière semaine, les avions à réaction israéliens ont provoqué 28 bangs soniques en volant à grande vitesse et à basse altitude au-dessus de la Bande de Gaza, avec parfois à peine une heure d’intervalle pendant toute la nuit. En cinq jours fin septembre, les forces aériennes ont provoqué 29 bangs soniques.
Une source supérieure de services secrets de l’armée dont celle-ci n’a pas accepté de donner le nom, dit que le but de la tactique est de briser le soutien de la population civile aux groupes armés palestiniens. « Nous essayons d’envoyer un message d’une manière qui ne blessera pas les gens. Nous voulons encourager les Palestiniens à faire quelque chose contre la situation de terrorisme » dit-il. « Quelles sont les alternatives ? Nous ne sommes pas comme les terroristes qui tirent sur les civils. Nous faisons attention. Nous nous assurons que personne n’est blessé ».
Hier, deux associations médicales des droits humains ont demandé à la Haute Cour de Tel Aviv de proscrire l’utilisation de bangs soniques au fondement que cela revient à une punition collective et est nuisible pour la santé.
« Le stress est phénoménal » dit Eyad El Sarraj, un psychologue et le directeur du Programme pour la Santé Mentale de Gaza, un des groupes qui a soumis la requête. « Les Israéliens font cela après minuit, puis toutes les une ou deux heures. On essaye de dormir, ensuite il y a un autre bang. Quand cela se passe nuit après nuit, ont est épuisé. L’ état d’alerte s’intensifie, attendant tout le temps le prochain bang. Les gens souffrent d’hypertension, de fatigue et de manque de sommeil ».
« Le bruit pour les enfants signifie danger. Les adultes savent que ce n’est qu’un bruit mais des petits enfants se sentent menacés. Ils pleurent, s’accrochent à leurs parents. Après, ils sont étourdis et peureux, attendant que quelque chose se passe ».
L’Agence pour les réfugiés des Nations Unies (Unwra)dit que la majorité des patients suivis dans leurs cliniques à la suite des bangs soniques ont moins de 16 ans et souffrent de symptômes tels que des attaques d’anxiété, de l’incontinence, des spasmes musculaires, des pertes temporaires d’audition et des difficultés respiratoires.
Malgré le fait que les Israéliens disent que les ondes de choc ne provoquent pas de dégâts, les docteurs de l’hôpital Shifa de Gaza disent que les vols ont déclenché des fausses couches. Le nombre de fausses couches a augmenté de 40% selon Jumaa Saqqa, un chirurgien et le porte-parole de l’hôpital. « Il n’y a aucun autre symptôme et l’augmentation a eu lieu à la suite des bangs soniques. On ne voit aucune autre explication. Le nombre de patients admis dans l’unité de soins cardiaque a doublé. Certains d’entre eux montrent qu’ils ont souffert sérieusement. »
Le docteur Saqqa raconte qu’un survol a eu lieu alors qu’il opérait. Le ministère de la santé palestinien estime que les bangs soniques ont provoqué au moins 20 fausses couches.
L’envoyé des Nations Unies au Moyen Orient, Alvaro de Soto, a écrit au haut commandement israélien cette semaine en disant qu’il était « très inquiet de l’impact des bangs soniques sur les enfants, particulièrement les petits ».
M. de Soto dit qu’il n’accepte pas l’idée que cette tactique est une réponse légitime aux tirs de roquettes du Jihad Islamique et du Hamas sur les villes israéliennes. « Les bangs soniques sont un instrument qui ne fait pas distinction et dont l’utilisation punit collectivement toute une population. Nous demandons donc la fin sans délai de leur utilisation » écrit-il dans sa lettre.
L’armée a été obligée de s’excuser lorsqu’un bang sonique involontaire a été entendu à des centaines de kilomètres à l’intérieur d’Israël. Le quotidien Maariv a décrit le bruit comme celui « d’un gros bombardement. Le bruit qui a secoué le ciel israélien était effrayant. Des milliers de citoyens ont sauté de leurs lits, affolés, et beaucoup d’entre eux ont passé des coups de fil inquiets à la police et aux pompiers. Les standards téléphoniques de Tel Aviv et de la police du district central ont sauté ».