Si, du côté israélien, on condamne dans l’ensemble cette décision, du côté palestinien, on applaudit. Sur la Toile, ce retrait d’Airbnb de Cisjordanie occupée a été énormément relayé et salué par les Palestiniens. Malgré les menaces de sanctions israéliennes, certaines organisations locales encouragent même les internautes à envoyer directement des emails de remerciement à la plateforme.
C’est le cas par exemple de l’Institut palestinien pour la démocratie publique, qui les invite à soutenir cette action en envoyant un bref message à la direction de la plateforme en personne. Il s’agit d’un message tout simple : « Cher directeur général d’Airbnb, merci de vous battre pour la justice et l’égalité, c’était la bonne chose à faire. »
Pour les Palestiniens, c’est une véritable victoire, car cela fait plusieurs années qu’ils dénoncent ce phénomène. En fait, la décision de la plateforme a coïncidé avec la publication d’une enquête menée par Human Rights Watch et Kerem Navot, une association israélienne. Leur rapport intitulé « Bed and breakfast en terre volée » recense ces annonces forcément « discriminatoires » selon les ONG.
Car si seuls des Israéliens et des étrangers peuvent louer des logements dans les colonies, dans les faits, ces dernières sont interdites d’accès aux Palestiniens. Ces locations rendent viables économiquement ces colonies illégales et facilite le transfert des Israéliens dans les colonies, dénoncent les organisations, qui appellent d’autres plateformes comme Booking.com à emboîter le pas à Airbnb.
La question de la mise en application du retrait
Aujourd’hui, mettre en application ce retrait s’avère un vrai casse-tête. Pour référencer ses annonces, Airbnb utilise Google Maps, mais ce dernier ne reconnait pas la Palestine comme un Etat souverain : en lieu et place d’une véritable frontière, seule une ligne en pointillés signale la Cisjordanie.
A l’intérieur de cette fameuse ligne verte, le service de géolocalisation ne différencie pas les colonies israéliennes des villes palestiniennes. Comment faire, alors, la distinction entre un hébergement proposé par un colon et un logement loué par un Palestinien, qui lui est dans son bon droit ?
Autre problème et de taille, ce retrait ne concerne pas Jérusalem-Est, pourtant considérée par la communauté internationale comme un Territoire palestinien occupé. Airbnb n’a pas précisé quand ce retrait sera effectif, mais ce qui est sûr, c’est que la plupart des logements en Cisjordanie sont toujours disponibles en ligne. Certains font même le plein, jusqu’à fin décembre.
Photo : Capture d’écran sur le site Airbnb à la page recherche : « Cisjordanie ». RFI/Capture d’écran