La télévision israélienne a rapporté dimanche soir 19 février 2006 qu’Israël a décidé que le président palestinien, Mahmoud Abbas était quantité négligeable et les Services de Sécurité israéliens, Shin Bet, ont décidé de rejeter toute extension de la trêve avec le Hamas.
Le gouvernement israélien qui a toujours prétendu n’avoir pas de parternaire palestinien vient de déclarer que l’ANP était dorénavant une « entité hostile » dirigée par des terroristes.
Ce qui ne laisse pas d’inquiéter les Palestiniens qui, alors qu’ils n’étaient pas classés « hostiles », ont été soumis à une violence inouïe de la part du gouvernement israélien, depuis 5 ans de répression militaire de leur soulèvement contre l’occupation.
L’annonce israélienne a été faite peu après que le président palestinien Mahmoud Abbas a dit, lors d’une conférence de presse à Gaza dimanche soir, que l’Autorité palestinienne était frappée par une grave crise financière.
- Le président Abbas à Gaza le 19 6 2006
- Marginalisé par Israël comme Yasser Arafat avait été diabolisé, Mahmoud Abbas a du se rendre à Gaza pour y rencontrer les dirigeants du Hamas interdits de déplacement par les autorités d’occupation.
Depuis l’élection -démocratique et transparente- du Hamas lors des législatives du 25 janvier, les Etats-unis, l’Europe et Israël ont menacé de couper leur aide à l’ANP. Dès avant l’élection, Solana, ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne, s’était livré à un chantage honteux, faisant une pression financière inacceptable pour tenter d’infléchir le vote.
Dès le 31 janvier, l’ANP n’était plus en mesure de payer les salaires de ses fonctionnaires, ce qui aggrave considérablement la situation dans ce pays étranglé économiquement par l’occupation et dont plus de 30% de la population est au chômage et 70% vit en dessous du seuil de pauvreté (moins de 2 € par jour par personne).
Depuis l’élection, les Etats-unis ont exigé que l’ANP leur rembourse 50 millions de dollars d’aide. Selon Abbas des négociations sont en cours, un représentant américain arrive à cet effet en Palestine. Mais les déclarations répétées de C. Rice contre toute collaboration avec l’ANP dirigée par le Hamas confirment le rejet de l’administration Bush de reconnaitre le choix démocratique des Palestiniens.
Israël vient, lui, de geler le transfert à l’ANP de paiement de taxes qui lui reviennent. La Palestine étant totalement enclavée et sous blocus israélien tous les produits qui sortent de Palestine passent par Israël qui reçoit les droits de douane et est tenu de les transférer à l’ANP. Olmert, le Premier ministre israélien par intérim, a annoncé que cette décision prenait effet immédiatement.
Cet argent appartient aux Palestiniens. Ne pas le lui remettre est un vol, un racket organisé par un état qui viole encore une fois le droit.
Dimanche, le nouveau Premier ministre palestinien, le dirigeant du Hamas, Ismail Haniyyeh, a déclaré que la décision israélienne de geler le transfert de fonds à l’ANP et qui avait pour but de mettre le peuple palestinien à genoux « ne faisait pas peur au peuple palestinien ». Il a ajouté : « nous saurons faire face à ce défi ».
Pendant que ces pressions économiques s’intensifient, les attaques militaires israéliennes qui ne se sont jamais arrêtées et qui augmentent à nouveau d’intensité depuis l’élection, visent aussi à faire plier les Palestiniens et à leur faire "payer leur choix".
- Funérailles de Bilal an-Najar, Khan Younis, 19 02 2006
Une attaque aérienne à Gaza a fait deux morts encore près de Khan Younis. Bilal Hamada Al Najjar, 18 ans, de Khazza’a près de Khan Younis, et Usama Fawzi Breiss, 20 ans, du camp de réfugiés de Rafah ont été assassinés et leurs corps mutilés par un tir de missile dimanche matin, et à Naplouse deux enfants ont été tués pendant une invasion de l’armée d’occupation.
Des véhicules blindés israéliens et des jeeps ont envahi le camp de réfugiés de Balata à Naplouse et mené plusieurs attaques contre les habitants. Ibrahim Al Sheikh Issa, 16 ans, a été abattu d’une balle réelle dans le cou et Mohammad Ahmad Al Natour, 16 ans dans la poitrine.
31 autres habitants du camp ont été blessés pendant l’invasion, dont plusieurs ont été touchés par des balles en caoutchouc (il s’agit de balles dont le centre est en métal, et recouvert de caoutchouc, et qui peuvent être mortelles tout comme les balles réelles).
Le Dr. Ghassan Hamdan, responsable du Secours Médical ( Medical Relief) à Naplouse a déclaré que les soldats ont tiré sur les équipes médicales dans le camp, ce qui est une pratique courante des forces israéliennes lors de leurs attaques des civils palestiniens.
Un médecin , Anan Al Ateera, a été blessée alors qu’elle tentait d’évacuer des blessés . Elle a reçu des fragments de balle dans la tête.
De nombreuses arrestations ont eu lieu dans le camp de même que près d’un autre camp de réfugiés de Naplouse, à Ras Al Ein.
- Démolition de maison à Balata par l’armée d’occupation le 19 02 2006
Lundi matin, une vingtaine de chars et des jeeps israéliens encerclaient Balata, empêchant ses 20 000 habitants d’entrer ou sortir.
Un dirigeant du Jihad islamique a été abattu lors de l’invasion de Naplouse ce matin, quand les troupes israéliennes se sont répandues dans la ville et ont tiré "sur tout ce qui bouge". Des militants de la résistance se sont opposés à l’avance de l’armée d’occupation. Des tirs ont été échangés.
Toutes ces attaques -contre des civils- qui durent depuis des années n’ont pas réussi à mettre à genoux le peuple palestinien dont la résistance à l’occupation est légitime.
Le vote majoritaire pour le Hamas est un signe clair que les Palestiniens ne sont pas prêts davantage aujourd’hui qu’hier à accepter l’occupation et à renoncer à leurs droits. Ce vote, protestataire contre la politique coloniale israélienne, contre l’incapacité du Fatah à mener à terme la libération nationale et contre la communauté internationale dont le parti pris en faveur d’Israël est un défi au droit, est un appel clair à poursuivre la résistance contre l’occupation et à obtenir leur état.
Les Palestiniens veulent que cessent l’occupation et sa violence. Ils veulent la justice, ils veulent la paix. Les décisions israéliennes s’opposent encore une fois dramatiquement à la paix. La communauté internationale ne doit pas se discréditer davantage, elle doit savoir l’imposer, dans le respect du droit.