Sur ce terrain, les Palestiniens ont offert au monde une image déplorable en étalant leurs divergences, que les uns et les autres croyaient pouvoir surmonter à coups de canon. Il était donc temps de dépasser cette situation, mais les Palestiniens savent que le monde les attend aussi sur leur capacité à respecter leurs propres engagements. Il reste que cela perturbe fortement les Israéliens qui exercent sur les Palestiniens un incroyable chantage les sommant de choisir entre eux et le Hamas. Ils ont pour cela bloqué les avoirs palestiniens, une pression de trop que ces derniers jugent inacceptable, appelant le Premier ministre israélien à « respecter la volonté du peuple palestinien et cesser son ingérence inacceptable dans les affaires internes palestiniennes », et à « cesser de mettre des obstacles sur le chemin de la paix, en particulier avec la construction de colonies ».
Il s’est pourtant trouvé un ministre israélien pour remettre en cause une telle agitation en considérant, pour sa part, que « rien ne va changer, car tout cela c’est de la poudre aux yeux, le Hamas et le Fatah ne s’entendent sur rien ». C’est un défi lancé à ces deux formations qui doivent prouver leur sérieux vis-à-vis de ce programme minimum dont l’objectif est d’assurer une transition en attendant que soient organisées des élections à différents niveaux. En réponse à ces attaques, le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a affirmé que les Palestiniens ont décidé de « tourner pour l’éternité la page noire de la division », et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, fermement opposé à cet accord, devait « choisir entre la colonisation et la paix ». Quant au Hamas, il a démonté en quelques mots toute la théorie israélienne et rassuré ceux qui ont décidé d’en faire une organisation terroriste. Son leader Khaled Mechaal a en effet affirmé que son mouvement va œuvrer pour parvenir à atteindre « l’objectif national palestinien » qui est d’établir un Etat souverain à Ghaza et en Cisjordanie. Ce qui correspond en tous points aux différents processus de paix basés jusque-là sur les résolutions de l’ONU, mais sera-t-il cette fois encore entendu ?
L’accord en question solennellement paraphé hier au Caire par Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal, en présence du secrétaire général de la Ligue arabe et d’un représentant du secrétaire général de l’ONU, avait été signé la veille, en vérité par 13 groupes ainsi que des personnalités indépendantes. Outre le Fatah et le Hamas, le Jihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) et le Parti du peuple palestinien (ex-communiste) l’ont également ratifié. En ce qui concerne sa portée, un haut responsable du Fatah a assuré que le futur gouvernement serait avant tout chargé de la gestion de la Cisjordanie et de Ghaza, et que M. Abbas et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) continueraient de suivre le dossier des négociations de paix pour le moment dans l’impasse. Ou encore, que « le rôle du gouvernement se limitera aux questions administratives concernant la vie des Palestiniens à Ghaza et en Cisjordanie », et que « les questions politiques, y compris les négociations du processus de paix, resteront de la responsabilité de l’OLP ». Le texte est d’une extrême clarté. Les Palestiniens ont jugé utile de le faire.