En Israël, l’ennemi public numéro un veille jalousement sur les dizaines de plantes qui décorent le balcon de son appartement, à Jérusalem. Hagai El-Ad, 47 ans, est un homme mince, à lunettes, au ton égal. Doté d’autodérision, il a aussi une raideur noble dans sa façon de défendre son engagement. Un engagement qui l’a conduit, le 14 octobre 2016, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, pour exposer sa vision de l’occupation israélienne. Son intervention a déchaîné la droite israélienne contre son organisation, B’Tselem, qui défend les droits des Palestiniens.
Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a qualifié l’ONG de « marginale et déconnectée » de la réalité. Le militant devait-il critiquer son pays dans une enceinte internationale ? La question sert, en Israël, à disqualifier l’orateur. Dans la fièvre des réactions, on a ignoré le contenu du discours de Hagai El-Ad. « On continue d’éviter le débat sur l’avenir du pays, dit-il. Le problème essentiel est que depuis un demi-siècle, on contrôle la vie de millions de Palestiniens, en les privant de droits, par différents mécanismes : de l’extérieur pour la bande de Gaza, par l’annexion à Jérusalem-Est, par l’occupation en Cisjordanie. »
Hagai El-Ad est engagé depuis longtemps dans la défense des droits des minorités. En mai 2014, il est devenu directeur de B’Tselem, après avoir dirigé pendant six ans l’Association pour les droits civils en Israël. Après son intervention à New York, il a reçu des centaines de messages de menaces et d’insultes sur les réseaux sociaux.
« Traître »
« L’intensité est nouvelle, pas le principe. Beaucoup m’ont traité de traître et ont appelé à mon exécution », explique-t-il, sans s’en émouvoir. « Traître » : quelle plaisanterie sinistre ! La chaîne de télévision israélienne Channel 10 a révélé qu’il a appartenu, entre 1987 et 1991, à une unité d’élite de l’armée formant des agents infiltrés pour opérer dans... >>Lire la suite