Plusieurs dizaines de Palestiniens manifestent sous un soleil de plomb, en plein centre-ville de Gaza. De simples citoyens venus crier leur colère de ne pouvoir sortir du territoire. Après le blocus imposé par Israël en 2007, l’Egypte a fermé ses portes en 2013. Le passage de Rafah n’ouvre que très rarement.
Wael el Mamelouk, la soixantaine, lance un appel aux autorités égyptiennes : « Nous demandons à nos frères égyptiens de rouvrir la frontière avec Gaza. Ce sont des musulmans. Nous sommes en train de mourir, les malades ne peuvent aller en Israël se faire soigner. Ils doivent nous aider ! »
Achraf al Bahtiti, elle, attend depuis des années d’aller voir sa fille en Arabie saoudite, en vain. « Cette situation me rend très triste, dit-elle. Je suis en vie, mais je suis comme morte. A Gaza, nous sommes dans une vaste prison ».
Des malades, des étudiants, des familles séparées… « 30 000 personnes attendent de pouvoir sortir de Gaza par la frontière égyptienne, mais le passage de Rafah n’a ouvert que trois jours depuis le début de l’année », assure Majdi Ahmad, l’organisateur de la manifestation.
Les relations entre l’Egypte et le Hamas au pouvoir à Gaza sont tendues depuis la chute en juillet 2013 du président Mohammed Morsi, issu des Frères musulmans comme le Hamas.
Renforts de sécurité visibles à la frontière
Après l’arrivée au pouvoir en Egypte du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, la plupart des tunnels de contrebande entre l’Egypte et la bande de Gaza ont été détruits et la frontière fermée. Le Caire accuse régulièrement le Hamas de porter assistance aux groupes djihadistes qui opèrent dans le Sinaï.
Une délégation du Hamas s’est pourtant rendue en mars au Caire pour tenter de réchauffer les relations entre les deux parties. « C’est dans notre intérêt d’avoir de bonnes relations avec les Egyptiens. La sécurité dans le Sinaï est dans notre intérêt, assure Bassem Naem, un responsable du Hamas à Gaza, s’ils ont la preuve que quelqu’un cherche à leur nuire, nous nous en occuperons ».
Le Hamas a fait déployer il y a quinze jours des renforts le long de la frontière entre Gaza et l’Egypte. Des guérites en tôle recouvertes de peinture de camouflage sont visibles à intervalles réguliers. Les forces de sécurité s’y relaient toutes les douze heures.
Ce gage de bonne volonté n’est cependant pas suffisant, selon Mkhamar Abusada, politologue à l’université Al Azhar à Gaza. « L’interlocuteur de l’Egypte n’est pas le Hamas, mais l’Autorité palestinienne, explique-t-il, et tant qu’elle ne déploiera pas ses propres forces de sécurité à la frontière, le passage de Rafah restera fermé. »