[1] voir aussi Jeffrey Heller de Reuters
Netanyahu devrait profiter des déboires électoraux d’Obama
Benjamin Netanyahu en rêvait sans doute, mais secrètement : les déboires électoraux du président américain Barack Obama, à mi-mandat, arrangent bien ses affaires.
La reprise de contrôle de la Chambre des représentants par le Parti républicain, considéré par Israël comme son meilleur allié aux Etats-Unis, donne au Premier ministre israélien une bouffée d’oxygène bienvenue.
Politiquement affaibli, le chef de la Maison blanche devient moins bien placé pour exercer des pressions sur l’Etat juif en vue de lui arracher des concessions dans le processus de paix avec les Palestiniens.
De source proche de Netanyahu, on se dit enchanté du revers essuyé par Obama, qui a longtemps insisté sur un gel de la colonisation juive en Cisjordanie pour favoriser ce processus parrainé par Washington.
A cette satisfaction correspond logiquement une sourde inquiétude des dirigeants palestiniens, réduits à espérer que le président américain tiendra le cap qu’il s’est fixé : un Etat palestinien dans l’année qui vient.
"Il ne fait pas de doute que le résultat des élections a énormément renforcé les éléments pro-israéliens aux Etats-Unis d’une manière générale", et plus particulièrement au sein de l’’establishment’ politique, assure Yoram Ettinger, un diplomate israélien qui a été en poste à Washington.
"Cela va considérablement réduire la marge de manoeuvre du président des Etats-Unis, qui, d’une façon générale, est critique, voire négatif, à l’égard d’Israël", fait-il valoir, en ajoutant que la pression sur l’Etat juif va en être du coup allégée.
Mais Netanyahu, qui a étudié jadis aux Etats-Unis, serait lui-même plus prudent, se rappelant que Bill Clinton avait lui aussi perdu des élections de mi-mandat en 1994 avant d’être réélu deux ans plus tard et d’exercer de fortes pressions sur Israël.
En outre, Netanyahu serait prêt à concéder un nouveau moratoire sur la colonisation en Cisjordanie en échange de garanties de sécurité de la part de Washington, notamment vis-à-vis de l’Iran.
"IL NOUS RESTE UN AN"
Obama, enfin, devrait profiter du répit de deux ans dont il dispose désormais avant les prochaines élections, pour reprendre ses efforts en vue de ranimer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens.
Le 9 octobre, la Ligue arabe avait donné un mois à l’administration américaine, soit jusqu’au lendemain des élections de mi-mandat, pour obtenir d’Israël un nouveau moratoire sur les colonies, faute de quoi elle s’exposerait à un effondrement du processus de paix.
Netanyahu est attendu la semaine prochaine aux Etats-Unis pour une visite privée de cinq jours durant laquelle il rencontrera notamment le vice-président Joe Biden et donnera sa lecture personnelle des élections de mardi.
Entre deux discours devant les organisations juives et des interviews aux médias américains, il pourrait rencontrer également la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Obama sera - opportunément ? - durant ce temps-là en tournée en Asie.
Yasser Abed Rabbo, un des proches collaborateurs du président palestinien Mahmoud Abbas, a estimé mercredi que le résultat des élections américaines ne bouleversait pas fondamentalement les intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Mais le politologue palestinien George Giacaman note que l’administration Obama a d’ores et déjà fait preuve d’une "grande faiblesse" vis-à-vis d’Israël sur la question des colonies.
Quand il a insisté - vainement - sur un gel total de la colonisation, l’an dernier, Obama avait été présenté par les républicains comme laxiste sur les questions de sécurité et injuste envers un des plus fidèles alliés des Etats-Unis.
Pour Giacaman, c’est le "désespoir" qui prévaut désormais, même s’il y a encore une ’fenêtre d’opportunité’ pour "voir si l’administration américaine compte faire du travail sérieux" au Proche-Orient.
"Il nous reste un an", avant qu’Obama ne se consacre à sa réélection, note-t-il.
Marc Delteil pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet
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