La résolution de vendredi du Conseil de Sécurité de l’ONU condamnant les politiques de colonisation d’Israël ne devrait pas entraîner des changements immédiats sur le terrain, mais elle envoie un signal clair que la communauté internationale n’a pas modifié ses attentes du fait que tout accord de paix futur impliquera un retrait israélien de Cisjordanie. Le Père Noël Obama a livré un merveilleux cadeau à Israël quand les Etats-Unis ont choisi de ne pas mettre leur veto lors du vote de vendredi du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies condamnant la politique de colonisation.
L’adoption de la résolution n’entraînera le démantèlement immédiat d’aucune des colonies de Cisjordanie, mais le monde commence à venir à la rescousse pour essayer de sauver Israël de lui-même. Et l’adoption de la résolution par un vote de 14 pour et une abstention – celle des Etats-Unis – montre que finalement l’ONU tend à l’unité. Parmi les 15 votes émis, cette abstention américaine, au lieu d’un veto, a été le vote émis le plus important.
Il y a environ un an, un document émanant du Chef d’Etat-Major des Forces de Défense d’Israël, Gadi Eisenkot, expliquant la stratégie des FDI, mettait en garde contre des tendances préoccupantes en Occident. Le soutien à l’usage de la force militaire, avertissait-il, serait plus difficile à obtenir et plus sélectif et plus limité que dans le passé quand il s’agira de maintenir le contrôle israélien dans les territoires, contrairement à la défense d’Israël proprement dit.
Les inquiétudes que les FDI exprimaient se concrétisent. Même sans sanctions de la part des Nations Unies, les pays européens peuvent maintenant s’appuyer sur la résolution de vendredi, la Résolution 2334, pour justifier la perturbation d’initiatives israéliennes en temps de guerre telle que le fait de retarder des livraisons d’armes à partir de leurs ports ou de leur espace aérien.
L’échec de la politique du Premier Ministre Benjamin Netanyahou est limpide en ce qui concerne la Résolution du Conseil de sécurité.
Quarante neuf ans et un mois après l’adoption de la Résolution 242, postérieure à la Guerre des Six Jours, qui appelait à un échange de territoires en vue de la paix, le monde, le même monde, n’est pas réellement contre Israël. Il nous reste favorable, mais opposé à ce qui est pour nous un boulet.
La communauté internationale donne le signal qu’aucune création de prétendus faits sur le terrain, sous la forme de construction de colonies, ne changera les attentes d’un retrait israélien comme partie d’un accord de paix.
Les colonies peuvent être une partie des règles du jeu nationales israéliennes, mais elles n’ont aucune emprise n’importe où ailleurs dans le monde. L’annexion par Israël de Jérusalem-Est et des Hauteurs du Golan n’a aucunement été soutenue au niveau international. Pareillement, la Knesset pourrait légiférer qu’il y a 25 heures dans une journée, et cela aurait le même effet pour le reste du monde.
Des habitants des colonies juives de Cisjordanie tels que le Ministre de la Défense Avigdor Lieberman et le Juge de la Cour Suprême Noam Sohlberg peuvent être parvenus aux rangs les plus élevés des institutions publiques d’Israël, pourtant comme le reste du monde le voit, ces personnes sont complices d’une violation des normes internationales.
Alors que le gouvernement fait face au déménagement des habitants de l’avant-poste non autorisé d’Amona, comment construira-t-il maintenant pour eux des logements alternatifs en Cisjordanie quand toute construction de colonie a maintenant été définie comme une violation de la résolution de vendredi du Conseil de sécurité de l’ONU ?
Au niveau tactique aussi, le vote de l’ONU est une défaite retentissante pour le gouvernement d’Israël, alors que Netanyahou mérite lui-même un lieu d’infamie dans le panthéon diplomatique. Cette histoire deviendra une leçon que les nouvelles recrues du service des affaires étrangères israélien auront à étudier dans le cadre de comment ne pas mener la politique étrangère.
Les fréquentes piques de Netanyahou envers le Parti Démocrate des Etats-Unis et le Président Barack Obama en particulier seront retenues contre lui à long terme, et devront être ressorties au moment approprié.
Netanyahou a récemment joué une partie d’échecs diplomatique avec Obama qui se terminera par un échec et mat. Netanyahou a marqué une victoire temporaire et illusoire jeudi quand il a fait pression pour faire différer le vote sur la résolution. Obama a laissé au Président Egyptien Abdel Fattah al-Sissi le soin de décider si son pays mettrait aux voix la résolution.
Netanyahou l’a débordé avec l’aide du Président désigné Donald Trump, qui a fait pression sur Sissi. Le président égyptien a temporisé pendant une journée, obtenu un engagement de la part de Trump de reconsidérer le conflit israelo-palestinien, mais ensuite a affronté le refus de quatre autres états membres du Conseil de Sécurité de revenir sur le projet.
Netanyahou a laissé Trump avoir l’air impuissant, arrachant en pratique la promesse d’une politique plus équilibrée que le déplacement proposé par Trump de l’ambassade des U.S.A. à Jérusalem, suivi de son choix de désigner l’avocat des colonies David Friedman comme ambassadeur en Israël.
Par ses impulsions et son ignorance, Trump, un homme qui est un danger pour la paix et la stabilité du monde, est apparu pendant le week-end comme un négociant amassant ses marchandises – les colonies en l’occurence – uniquement comme une monnaie d’échange, pour cette opération majeure future dans laquelle il les sacrifiera au bon prix. Pour le moment, toutefois, Trump est celui qui aboie, tandis que Obama mord.
L’homme de Netanyahou à Washington, ce Républicain de Floride devenu ambassadeur d’Israël, Ron Dermer, n’a pas pu se retenir jusqu’au 20 janvier et s’est déjà mis à célébrer la victoire de Trump et la défaite d’Hillary Clinton. En fait les principaux représentants du premier ministre aux Etats-Unis, Dermer, l’ambassadeur à l’ONU, Danny Danon, et le Consul Général d’Israël à New York, Dani Dayan, sont tous des soutiens des colonies de droite.
Ils ne reflètent pas les aspirations des Israéliens favorables à un compromis de paix. Ils n’ont pas eu non plus l’influence pour faire pression sur l’administration pour aider les pays qui dans le passé admiraient la puissance d’Israël sur la colline du Capitole.
Israël sous Netanyahou a été dépeint comme un navire vide. Dans l’un de ses moments d’euphorie au milieu de la peur, Netanyahou s’est vanté de toujours obtenir ce qu’il veut.
Mais il conclut ses huit années avec Obama en perdant de façon retentissante par 0-2 dans les championnats contre à la fois l’Iran et la Palestine. C’est le même Netanyahou qui après son record oratoire en tant qu’ambassadeur d’Israël à l’ONU a pris d’assaut le Likud, comme si le parti était convaincu que ses tournures de phrase avec l’accent de Boston-Philadelphie séduiraient le monde.
C’étaient les années de l’administration de Ronald Reagan et de son secrétaire d’état, George Shultz, très favorable à Israël. Si l’on en croit les relations publiques, ils étaient les meilleurs amis de Bibi.
Mais aussitôt que le vice-président de Reagan, George H.W. Bush, a été élu president, et avant même qu’il ait prêté serment, Reagan et Shultz ont entamé un dialogue avec le président de l’Organisation de Libération de la Palestine, Yasser Arafat.
Autant pour les apparences.
Netanyahou a eu une vaste expérience diplomatique au cours de sa carrière jusqu’ici, 11 ans comme premier ministre. Mais il a aussi anéanti le peu qui était resté du Ministère des Affaires Etrangères. Et la combinaison d’une politique insensée et d’une mauvaise gestion font partie des signes d’effondrement du système diplomatique de Netanyahou.
Peut-être que Friedman, l’ambassadeur américain pressenti, qui était l’avocat de faillite personnel de Trump, peut lui prodiguer quelque conseil.
Obama a pris ses fonctions avec l’exigence d’un gel de la construction de colonies israéliennes. Netanyahou a eu peur du nouveau président et s’est soumis. Obama termine sa présidence de la même façon. Comme prévu, le président a attendu jusqu’après les élections aux U.S.A.
Il serait facile d’imaginer ce qui serait arrivé si les mesures au Conseil de Sécurité avaient été prises en septembre ou en octobre et avaient été suivies par la défaite de Clinton au profit de Trump.
A des époques plus créatives, sous David Ben-Gurion, Shimon Peres, Levi Eshkol et Yitzhak Rabin, l’interrègne entre l’élection d’un nouveau dirigeant et sa prise de fonction offrait une opportunité, pas seulement aux Etats Unis. Peres, comme émissaire de Ben-Gurion, a obtenu l’accord du Premier Ministre sortant français Maurice Bourgès-Maunoury pour fournir à Israël le réacteur nucléaire de Dimona.
En tant que représentant d’Eshkol dans la période de transition entre la fin de la présidence de Lyndon Johnson et le début de celle de Richard Nixon, Rabin a garanti la fourniture à Israël d’avions à réaction Phantom sans qu’Israël ne s’engage à signer le traité de non-prolifération nucléaire.
Dans le cas de Netanyahou, toutefois, il est un faucon qui a peu à montrer pour lui-même.
Amir Oren
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers