Le Sergent Elor Azaria, le soldat des FDI accusé d’homicide pour avoir tué par balle à Hébron un agresseur palestinien blessé alors que celui-ci gisait sur le sol, a déclaré mardi au cours de son jugement qu’il avait tiré sur cet homme dans l’intention « de neutraliser une menace, » qu’il aurait pu ne pas agir ainsi s’il avait eu une alternative.
« Si j’avais eu une alternative, en ce qui me concerne, si j’avais pu le neutraliser sans tirer, je l’aurais fait, » a déclaré Azaria lors de l’examen contradictoire.
Le Colonel Nadav Weisman, Procureur, a essayé de mettre en doute le témoignage précédent d’Azaria selon lequel le veston du Palestinien et un couteau posé sur le sol le rendait suspect d’avoir caché des explosifs.
Weismann a montré au soldat le clip video sur lequel apparaît le tir et lui a demandé d’indiquer à quel moment il paraissait être "sur le qui-vive."
Il a dit que la video donnait l’impression que lui, Azaria, s’était comporté comme tous les autres, « sauf pour le fait que vous ayez tiré une balle dans la tête du terroriste sans avertissement."
Azaria a refusé d’accorder quelque importance aux bandes video.
Les juges ont réprimandé Azaria pour son refus de commenter les videos. L’un d’entre eux, le Lieutenant-Colonel Carmel Wahabi, a déclaré que son refus de discuter de la video était troublant. « Vous ne faites pas de commentaire de la video, et je vous demande, pourquoi ? Nous n’étions pas avec vous sur le terrain, et la video est pour vous une excellente occasion de nous présenter comment vous avez perçu l’incident."
« En ce qui me concerne les videos ne sont pas le monde de la réalité. Je vous dis que j’étais sur le qui-vive, » a-t-il déclaré.
Azaria a aussi été interrogé sur les témoignages selon lesquels il avait dit, après avoir tiré, que le terroriste « méritait de mourir". Il a répondu qu’il ne se souvenait plus d’avoir dit cela. Le procureur a rappelé à Azaria que le Commandant de sa Compagnie, le Major Tom Ne’eman, et un autre soldat ont tous deux témoigné qu’ils l’avaient entendu le dire. « Je suis presque certain que je n’ai pas prononcé cette phrase, » a dit Azaria, « et si je l’ai dite, ce n’était qu’un morceau d’une phrase qui a été interprétée."
A ce moment, le Juge Colonel Maya Heller a demandé à Azaria « Vous continuez à dire que vous ne vous souvenez plus avoir prononcé cette phrase, selon laquelle les terroristes doivent mourir. Mais d’autre part,vous dites que si vous l’avez prononcée, alors c’est certainement une citation partielle d’autres choses que vous vouliez dire. Et je vous demande comment il est possible que vous interprétiez maintenant quelque chose dont vous ne savez même pas que vous l’avez dite ? Comment pouvez-vous interpréter quelque chose que vous déclarez ne pas avoir dit ?" Azaria a répondu « Après que le procureur m’ait dit la phrase, je peux alors supposer que si je l’ai prononcée, alors c’était mon intention. S’ils ont dit quelque chose comme cela, c’était alors apparemment une phrase partielle.
Le procureur a pressé Azaria mainte et mainte fois pour savoir à qui il avait pu parler de sa crainte que le Palestinian blessé, Abdel Fattah al-Sharif, ait une bombe cachée sur lui. Avaria a déclaré qu’il ne pouvait pas s’en souvenir.
Il a dit qu’il avait dit à un médecin femme, à qui il avait parlé au téléphone après avoir tiré, qu’il avait eu peur qu’il y ait eu une bombe. La question, cependant, n’a pas été mentionnée dans le témoignage déjà fourni par le médecin.
Sharif est resté couché sur le sol après avoir été touché par balle au cours d’un incident dans lequel un autre soldat a été poignardé et blessé.
Azaria a insisté sur le fait que la veste de l’agresseur était suspecte, mais le procureur a déclaré que c’était un vêtement de saison et que d’autres gens dans la région étaient habillés de la même façon.
Azaria a aussi déclaré qu’il avait vu un couteau près de la main du terroriste bien que la video montre qu’il était éloigné quand le tir a eu lieu.
Interrogé sur le fait de savoir s’il avait eu l’intention de façon consciente de tuer le terroriste, Azaria a répondu qu’il comprenait qu’en lui tirant une balle dans la tête il « prenait évidemment la vie d’un terroriste, mais d’un être humain."
Le procureur a interrogé Azaria sur une conversation qu’il a eu avec un camarade avant de tirer, dans laquelle il a été dit à Azaria que le terroriste était mourant et qu’un expert en démolitions avait été appelé sur les lieux.
Un autre soldat a témoigné de la conversation devant le tribunal. Azaria a déclaré dans son témoignage qu’il ne se souvenait pas de cette conversation.
Quand il a été interrogé auparavant par la police militaire, Azaria a déclaré qu’une telle conversation n’avait certainement jamais eu lieu.
Azaria a témoigné deux fois auparavant cette semaine. Lundi il a accusé un commandant de mentir sous serment au sujet des détails de ce qui a eu lieu lors du tir du 24 mars. Dimanche il a accusé les hauts gradés des FDI, de chercher à « le jeter aux chiens » en le poursuivant, pour avoir agi pour minimiser un danger qui peut avoir coûté d’autres vies.
(1) FDI : Forces de Défense Israéliennes
(traduit de l’anglais par Y. Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers)