Il a été juste et approprié de la part du tribunal militaire de statuer comme il l’a fait. Le soldat Elior Azaria a délibérément tué un homme grièvement blessé sans défense, qui ne constituait plus aucun danger. Il a été tout à fait juste que les trois juges rejettent les arguments alambiqués que la défense a fait valoir dans sa tentative de justifier les actes d ’Azaria. Si les juges avaient déclaré Avaria non coupable et l’avaient libéré, ils auraient grand ouvert la porte à la Loi de la Jungle, à des exécutions extrajudiciaires sans distinction.
Et cependant, ce qui a eu lieu aujourd’hui au tribunal militaire est très loin de la justice. La grande erreur judiciaire se situe dans le fait même qu’un seul jeune soldat ait été placé seul au banc des accusés, pour être condamné pour un crime dont un très grand nombre d’autres partagent la responsabilité. Manquaient au banc des accusés, aux côtés d’Azaria, des dizaines d’autres soldats et officiers qui ont fait la même chose, qui ont tué gratuitement des Palestiniens qui ne constituaient aucun danger – seulement, dans les autres cas il n’y a eu aucun photographe présent pour fournir des preuves juridiques solides. Manquaient au banc des accusés, aux côtés d’Azaria les ministres du gouvernement et les députés à la Knesset, les partisans du gouvernement de même que ceux de l’"opposition", qui ont ouvertement appelé les soldats à faire précisément ce qu’a fait Azaria. Manquaient au banc des accusés, aux côtés d’Azaria, les hommes politiques qui maintiennent au coeur de la ville d’Hébron une malfaisante enclave armée de violents colons nationalistes messianiques, et qui mettent des armes à feu entre les mains des jeunes Israéliens et les envoient tuer les jeunes Palestiniens afin de maintenir cette enclave coloniale. Le ministre Naftali Bennett du Parti de la Maison Juive et ses amis dirigeants d’extrême-droite, tous ceux qui ont envoyé Azaria faire leur sale boulot à Hébron, auraient dû être à ses côtés au banc des accusés. Le soldat Elior Azaria est un complice mineur, le principal coupable est l’occupation.
L’occupation doit prendre fin. Quand les soldats d’Israël s’en iront des territoires palestiniens et qu’une nouvelle page sera ouverte dans les relations entre les deux nations, les portes des prisons devraient être largement ouvertes pour libérer tous les Israéliens qui ont fait du mal aux Palestiniens et tous les Palestiniens qui ont fait du mal aux Israéliens. Parmi tous ces prisonniers, Israéliens et Palestiniens, le soldat Elior Avaria aussi aurait droit à être libéré.
Contact : Adam Keller, Porte-parole de Gush Shalom +972-(0)54-2340749
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers