La confusion est parfois porteuse d’espérance. Celle qui règne, ce lundi 2 octobre, au point de passage de Beit Hanoun, au nord de la bande de Gaza, témoigne de l’atmosphère des grands jours. L’air est saturé de cris. On ne distingue pas Rami Hamdallah à la tribune, ni les portraits de Yasser Arafat et de Mahmoud Abbas qui l’entourent. Une trentaine de personnes forment un cordon désordonné autour du premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP).
Depuis juin 2014, Rami Hamdallah dirigeait un gouvernement d’union nationale qui n’en avait que le nom. La voix du dirigeant porte loin, grâce à la sono puissante. Il évoque un « jour historique ». Il promet des lendemains meilleurs aux deux millions d’habitants, soumis au blocus égyptien et israélien. « Notre priorité est de minimiser vos souffrances », dit-il, en ajoutant : « Il n’y a pas d’Etat palestinien sans Gaza. »
Liesse collective
Le service d’ordre du Hamas hurle, mais il ne contrôle rien. La fanfare n’a même pas pu saluer la délégation. Dehors, agglutinés aux grillages, des centaines de jeunes scrutent les nouveaux arrivants et entament des slogans à la gloire de l’unité nationale. On siffle, on rit, on se colle aux voitures du cortège, sans jamais arrêter de filmer cette parenthèse si rare de liesse collective.
A quoi pense-t-il, Rami Hamdallah, en descendant en voiture l’artère principale qui conduit vers la ville de Gaza ? Que peut-il voir d’autre, si ce n’est cet espoir inouï dans les yeux des milliers de Gazaouis massés le long des routes, juchés sur des motos et des charrettes tirés par des ânes, ou bien réfugiés à l’ombre, devant des ateliers miséreux de pièces détachées ? Cette population si jeune, démunie et désœuvrée, ne sait pas sa vie au futur. Un futur, Rami Hamdallah leur en promet un.