Le gouvernement néerlandais a demandé à la plus grande société d’engineering du pays de reconsidérer sa participation à un projet de la municipalité de Jérusalem, situé côté palestinien de la Ligne Verte.
Les responsables du ministère (israélien) des Affaires étrangères craignent que cela ne reste pas un cas isolé, mais fasse boule de neige ailleurs en Europe. Dans le cadre de ce projet, la Royal Hasoning DHV collaborerait avec la société israélienne Mati, filiale de Hagihon, la compagnie des eaux de la municipalité de Jérusalem pour construire une usine de traitement des eaux usées afin de lutter contre la pollution du torrent de Kidron qui coule depuis le Mont des oliviers et le village de Silwan, situé à Jérusalem Est, jusque la colonie de Maale Adumim et la mer Morte. Ce projet serait mené en zone C, sous administration militaire et civile israélienne.
Selon un haut responsable du ministère, ce denier aurait discuté avec la municipalité de Jérusalem de certains problèmes. Les responsables de la Royal Haskoning DHV auraient, en effet, informé cette dernière que leur propre ministère des Affaires étrangères les avait mis en garde à propos des conséquences possibles de la réalisation de tes projets à Jérusalem-Est ou en Cisjordanie [1]. Plus précisément, il l’avait averti que sa participation au projet en question constituerait une violation du droit international à la suite de quoi la compagnie était en train d’examiner un possible retrait pour éviter des problèmes financiers, juridiques ainsi que d’image.
Le gouvernement néerlandais n’est pas le premier, en Europe à mettre en garde les compagnies contre des investissements au-delà de la Ligne Verte, la Grande Bretagne et la Suède agissent de même, depuis plusieurs années. Néanmoins, la plupart des gouvernements européens adoptent une attitude passive quand il s’agit de sociétés du secteur privé. Pour en revenir au gouvernement néerlandais, ce dernier a renforcé son action contre les colonies au cours des deux dernières années et se situe, aujourd’hui, parmi les États à la pointe pour demander un étiquetage différencié des produits des colonies importés dans le territoire de l’Union européenne.
Les responsables israéliens ont déclaré à Haaretz avoir eu, dans les deux dernières semaines, des discussions avec le gouvernement néerlandais pour s’efforcer de trouver une solution à cette crise, discussions comprenant des entretiens avec l’ambassadeur des Pays Bas à Tel Aviv, Caspar Veldkamp ; de son côté, l’ambassadeur israélien aux Pays Bas, Haim Divon, discutait avec ses contacts du ministère néerlandais. Mais il n’est pas encore possible de savoir si les efforts des diplomates israéliens aboutiront à la reprise du projet.
Tirant les leçons de la publication surprise des lignes directrices de l’Union européenne concernant les colonies, le ministère israélien des Affaires étrangères a adressé des missives à chacun des 28 représentants israéliens auprès des pays européens en leur demandant de se renseigner de manière urgente afin de déterminer si l’action néerlandaise demeure un cas isolé ou faisait suite à une décision européenne dont Israël n’avait pas été informé.
Alors que de nombreux ambassadeurs affirmaient récemment qu’il n’y avait pas de nouvelle directive européenne dans leurs pays d’affectation invitant à alerter les entreprises, l’ambassadeur israélien auprès de l’UE à Bruxelles, David Walzer a transmis des informations inquiétantes.
Selon D. Walzer, une source européenne lui aurait dit que les responsables européens auraient décidé de mettre en garde les hommes d’affaires et les entreprises contre tout contact avec les colonies et qu’un Comité européen pour le Moyen Orient s’apprête à en discuter avec les 28 États membres, dès le mois de septembre.
Rappellons, à ce propos, que D. Walzer avait été vivement critiqué pour ne pas avoir alerté le gouvernement israélien au sujet de la publication des nouvelles règles directrices (concernant l’aide financière aux entités israéliennes).
Un haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé que si l’UE adoptait une résolution demandant à tous les États membres de mettre en garde leurs entreprises domestiques vis-à-vis de possibles projets dans les colonies, cela représenterait une escalade très sérieuse des mesures de rétorsion européennes.
Traduction Olivier Josselin pour l’AFPS