Leurs différences concernant cette question sont au cœur du conflit. Les Palestiniens basent leur revendication pour que la Quatrième Convention soit appliquée aux Territoires sur le fait que ceux-ci sont sous une occupation militaire belligérante. Les dispositions de la loi internationale se rapportant aux personnes sous occupation doivent donc être appliquées.
Les Israéliens de leur côté ont toujours refusé d’appliquer la Convention de Genève ainsi que beaucoup d’autres aspects de la loi internationale parce que, dans l’analyse finale, Israël n’a aucune intention de se mettre dans la position d’avoir à mettre fin à l’occupation : une acceptation israélienne de la Convention non seulement améliorerait le traitement des personnes sous occupation mais comporterait aussi une reconnaissance par Israël du statut des Territoires Occupés et en conséquence, la nécessité finale de mettre fin à l’occupation. Ceci est le cœur du conflit.
Les violations israéliennes de la loi humanitaire vis-à-vis des personnes sous occupation vont au-delà des harcèlements journaliers, des punitions collectives des Palestiniens et des mesures israéliennes brutales incluant les tueries, les confiscations de terres, les destructions des infrastructures et les restrictions sur les déplacements. Il y a un autre facteur qui motive tout cela, dont on ne parle peu et qui joue un grand rôle vis-à-vis de l’insistance israélienne à continuer l’occupation et par conséquence à nier la faisabilité d’appliquer la loi internationale. Un analyste a suggéré il y a quelque temps que l’occupation israélienne pourrait être le deuxième projet le plus profitable au Moyen Orient après le pétrole. Alors que cela peut sembler un peu exagéré, il n’y a pas de doute que les bénéfices économiques illégaux que récolte Israël en exploitant les Territoires Occupés sont substantiels.
Tout d’abord, Israël a pris illégalement la plus grande partie des ressources d’eau pour une utilisation par les Israéliens en Israël ou par les colons israéliens dans les Territoires Occupés, ressources d’eau qui appartiennent légalement au peuple palestinien occupé. Israël a également été récompensé généreusement par les revenus du tourisme pour les nombreux sites attrayants, qu’ils soient religieux ou non, à Jérusalem -Est, Bethléem et Jéricho. Et le troisième avantage économique qu’ils tirent de l’occupation vient de l’exploitation des travailleurs palestiniens en tant main d’œuvre bon marché sans les contraintes sociales qu’ils auraient dû autrement subir. Si on fait le calcul de tous ces bénéfices économiques illégaux, l’autre raison qui explique l’insistance israélienne à refuser d’adhérer aux différents composants de la loi internationale, y compris à la Quatrième Convention de Genève, devient évidente.
Pourtant malgré le refus constant d’Israël de mettre en œuvre la Quatrième Convention de Genève et d’accepter ’de jure’ son application, le peuple palestinien et la communauté internationale ont continué à insister sur l’applicabilité de la Convention. Ils ont insisté sur l’applicabilité des articles qui se rapportent au traitement des prisonniers, au transfert des citoyens du pays occupant vers les territoires occupés et à l’utilisation des ressources naturelles du pays occupé par le pouvoir occupant. Une dernière illustration de l’isolement de la position légale israélienne en général est le verdict récent (conclusion) de la Cour Internationale de Justice qui, entre autres, a spécifié que les territoires palestiniens sous contrôle israélien (Gaza et la Cisjordanie y compris Jérusalem Est), sont occupés illégalement et qu’en conséquence le pouvoir occupant doit adhérer à la loi internationale à cet égard.
Israël aurait tout intérêt à montrer plus de respect envers la loi internationale y compris envers les conventions de Genève. Après tout, la légitimité même d’Israël est basée sur les résolutions spécifiques des Nations Unies et sur les autres clauses de la loi internationale et Israël pourrait bien être amené à regretter son attitude de rejet vis-à-vis de la loi internationale dont il risque encore d’avoir besoin.
22 septembre 2004