La Cour s’est tout d’abord déclarée compétente et a décidé de donner suite à la demande d’avis de l’ONU.
Les 15 membres de la Cour, excepté le juge américain, ont alors jugé que le Mur israélien est illicite, que sa construction doit être arrêtée, que les portions déjà construites doivent être démantelées.
De plus, les Palestiniens directement touchés par l’érection déjà réalisée doivent être indemnisés. Toutes les personnes physiques ou morales lésées par la construction du Mur doivent obtenir réparation (restitution ou indemnisation).
Ainsi la Cour dit le droit, le réaffirme en appelant
clairement à la responsabilité de la communauté internationale par l’intermédiaire de sa représentation, les Nations Unies.
La Cour demande expressément aux Nations-Unies, en particulier au Conseil de Sécurité des Nations-Unies d’imposer le démantèlement de ce Mur illégal.
Il n’est pas surprenant que les représentants israéliens aient
immédiatement rejeté le verdict de la Cour, appuyés en ceci par leurs alliés américains, qu’il s’agisse de l’administration Bush ou du candidat à la présidence démocrate John Kerry ou encore de la sénatrice Hillary Clinton.
Le gouvernement Sharon refuse encore une fois le droit qui régule les relations internationales et auquel l’ensemble de la communauté internationale est tenue de se conformer.
Même la Cour Suprême israélienne a récemment condamné le tracé du Mur à Jérusalem et demandé sa destruction
partielle, mais dans le même temps le général Sharon demande
d’intensifier sa construction.
Quant aux Etats-Unis, on se rappellera que Mme Clinton en campagne électorale sénatoriale demandait que l’ambassade des Etats-Unis soit déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem . De même on gardera en mémoire la déclaration consternante mais éclairante de Kerry après l’échange de lettre entre messieurs Bush et Sharon en avril 2004 où il souscrivait à une nouvelle « déclaration Balfour ».
Le soutien sans faille des Etats-Unis à un gouvernement qui se met hors la loi disqualifie les dirigeants américains en tant que partenaires de la paix. De par leur parti pris systématique en faveur de la partie occupante, les Etats-Unis réaffirment aujourd’hui qu’ils ne reconnaissent pas le droit international.
Ils s’isolent de la communauté internationale et ils font obstacle à la paix.
L’Autorité Palestinienne qui s’oppose à la construction de ce mur d’annexion et qui en appelle depuis des mois à la conscience morale et à la raison politique du monde, salue la décision de la Cour et demande maintenant l’application du droit.
La société civile palestinienne manifeste pacifiquement depuis des mois pour s’interposer devant les bulldozers de l’armée israélienne qui détruisent les terres des Palestiniens, leurs foyers et leurs vies. Elle le paie souvent
en vies humaines, la liste des morts et blessés qui
manifestent s’allonge quotidiennement. Elle vient aujourd’hui d’obtenir une grande victoire symbolique.
Depuis le 3 juillet Azmi Bishara, député à la Knesset, rejoint par une dizaine de responsables palestiniens de la région de Jérusalem et par des militants israéliens contre l’occupation et quelques internationaux a fait une grève de
la faim pour dénoncer le mur et pour en appeler aux opinions publiques israélienne et internationale. Cette action extrême et inhabituelle dans la stratégie de résistance palestinienne à l’occupation témoigne du désespoir et de la détermination des Palestiniens.
Nous saluons la détermination de ces militants auxquels nous apportons notre pleine solidarité.
La CIJ vient d’apporter un souffle d’espoir à un peuple qui lutte pour la reconnaissance de ses droits, contre l’occupation militaire qui l’étouffe inexorablement.
Il revient maintenant à la communauté internationale de faire grandir ce souffle, d’imposer le droit.
Ce samedi Israël demande aux Etats-Unis de tout faire pour empêcher une résolutions des Nations-Unies qui exigerait l’application du droit et le démantèlement du Mur.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit imposer à Israël de se conformer au droit international, de démanteler le Mur.
Si le gouvernement israélien continue à afficher son mépris du monde et du droit, il faut lui appliquer des sanctions, en particulier,pour l’Union européenne, la suspension de l’accord d’association qui la lie à Israël.
Lors d’un verdict déjà ancien, la CIJ avait dénoncé l’illégalité des pratiques du régime d’apartheid d’Afrique du Sud dans son agression de la Namibie. Les sanctions et le boycott qui s’en étaient suivis puis s’étaient amplifiés au niveau international avaient enclenché le processus de pressions qui a mené à la fin de l’apartheid.
L’Afps salue la décision de la CIJ.
Elle demande au gouvernement français de jouer le rôle qui lui incombe aux Nations Unis et dans le cadre de ses relations internationales, pour faire prévaloir le droit international, par les pressions qui s’imposeront.
Démantèlement du Mur d’annexion !
Fin de l’occupation !
Des sanctions contre Israël tant qu’il ne se conformera pas au droit international !
Paris, 10 juillet 2004