« Le respect et l’application de cette décision aurait une influence positive sur les efforts pour parvenir à un règlement pacifique et politique du conflit dans le cadre du droit international », ont déclaré les ministres dans un communiqué rendu public lors de la 14ème conférence ministérielle des membres du MNA.
Dans le document final rédigé à cette occasion, il est demandé aux membres du MNA d’agir individuellement ou collectivement pour boycotter les produits des colonies israéliennes, d’interdire aux colons d’entrer dans les pays du MNA, d’imposer des sanctions à l’encontre des compagnies participant à la construction du Mur et à d’autres activités illégales dans les territoires occupés ou, plus généralement, impliquées dans l’activité des colonies.
Il est demandé aussi au Conseil de Sécurité de l’ONU d’adopter une résolution sanctionnant Israël, de prendre des mesures pour obliger Israël à arrêter la construction du Mur et d’établir un relevé détaillé des dommages causés aux palestiniens pour indemnisation par Israël.
C’est une des résolutions les plus sévères jamais prises contre Israël puisqu’elle propose aux membres du MNA des mesures concrètes de sanctions. Par ailleurs, elle a été élaborée aussi en vue de la session de Septembre de l’Assemblée Générale de l’ONU où la question du Mur doit revenir en discussion.
Cherchant à minimiser l’impact de cette résolution, la diplomatie israélienne prétend que c’est du vent et qu’elle ne sera jamais appliquée.
Mais cette posture ne trompe pas grand monde. Dans un article du journal israélien Haaretz il est indiqué que cela est une conséquence de la décision de la CIJ. Et un diplomate israélien a déclaré que c’était une décision particulièrement sévère qui comportait pour la première fois des propositions concrètes de sanctions.
L’inquiétude dans les milieux politiques israéliens quant au risque croissant de sanctions contre Israël est évident :
Yossef Lapid, ministre de la Justice, avait évoqué début 2004 le risque qu’Israël subisse un boycottage de la communauté internationale, du même type que celui imposé à l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid ;
Prise de position de la Cour Suprême en Israël demandant au gouvernement de s’expliquer dans les 30 jours sur le tracé du Mur ;
Mise en garde par le procureur général Menahem Mazuz : « L’avis de la CIJ est susceptible d’avoir des conséquences graves et dures pour Israël ».
« Cet avis crée un environnement juridique international qui pourrait servir de prétexte à des mesures pouvant aller jusqu’à des sanctions contre Israël dans différents forums ». Il recommande au gouvernement de "déployer de gros efforts pour modifier le tracé de la clôture" en tenant compte des principes édictés par la Cour suprême ;
A noter que l’Eglise Presbytérienne aux USA dans son assemblée générale de juillet 2004 a déclaré qu’Israël est un Etat d’Apartheid, que le Mur devait être détruit.
Elle a décidé de retirer tout investissement en Israël et met en place une politique de retrait sélectif de leurs investissements dans des compagnies qui commercent avec Israël et tout particulièrement qui profitent de la politique agressive d’Israël et des dommages causés aux civils.
Le processus de désinvestissement dans ces compagnies commencera en Novembre 2004 et débutera très probablement par Caterpillar. Quant on sait l’importance des fonds de pension US et de leur manière de fonctionner c’est une décision concrète fort intéressante. Et depuis cette église est inondée d’attaques (mails, lettres, articles) sur son prétendu "antisémitisme".
Sa décision a été soutenu par toutes les organisations solidaires du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et notamment par l’organisation juive « Jewish Voice for Peace ».
Si les politiques israéliens font mine de se moquer des décisions de La Haye, de l’Assemblée Générale de l’ONU (avec le fait très important que les 25 pays de l’UE ont voté contre le Mur), etc. en réalité ils multiplient les interventions pour contrer les risques croissants de condamnations et surtout de sanctions.
Ainsi Sylvain Shalom, ministre israélien des Affaires étrangères, est venu récemment à Paris non pas principalement sur la question de l’antisémitisme comme les médias l’ont souvent laissé entendre, mais pour faire pression sur la France pour modifier son vote et sa position contre le Mur. Il a accordé une interview au Figaro (26 août 2004) sous le titre : « Il faut des lois plus dures contre l’antisémitisme en France ». Voici ce qu’il dit sur la position européenne, et en particulier celle de la France, contre le Mur :
« Quel a été l’objet de vos conversations avec le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier ?
Nous avons évoqué le vote prochain à l’Assemblée générale de l’ONU sur la clôture de sécurité. Il est très important pour nous que les pays européens ne votent pas, comme ils l’ont fait il y a quelques semaines, en faveur d’une résolution palestinienne condamnant cette clôture. Nous avons été très surpris par ce vote parce que plusieurs pays nous avaient dit qu’ils s’abstiendraient.
Pourquoi la position européenne pourrait-elle changer ?
Tous les pays n’étaient pas persuadés qu’il fallait voter la résolution la dernière fois. Moralement, il serait très important que la résolution n’ait pas le soutien des pays européens à l’assemblée générale et, si celle-ci décide tout de même de présenter la question au conseil de sécurité, il est important que les pays européens qui y siègent, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ne votent pas favorablement.
M. Barnier vous a-t-il donné des assurances ? Pensez-vous que la diplomatie française soit un facteur essentiel de la position européenne ?
J’ai dit à M. Barnier que les Européens nous disent toujours : « Parlez aux Français. S’ils vous soutiennent, les autres vous soutiendront. »
C’est ce que j’ai fait. Je l’avais fait avec Dominique de Villepin et nous avions obtenu à l’époque que les Européens s’opposent à ce que la Cour internationale de justice de La Haye se prononce sur cette question. Demain, j’en parlerai à Rome avec mon homologue italien et ensuite je recevrai Joshka Fisher, le ministre allemand. »
Il s’agit donc bien d’une tournée entreprise par la diplomatie israélienne. Et on voit bien que la France joue un rôle central sur le sujet. D’où aussi les pressions exercées par Israël qui instrumentalise la question de l’antisémitisme.
Israël arrivera-t-elle à stopper ce mouvement ? à retourner le vote européen ?
Les pays non-alignés appliqueront-ils leur résolution ?
En France, tout particulièrement, nous avons notre place à prendre dans cette lutte.
Israël ne doit pas dicter sa loi à la France.
Faisons en sorte que la décision de la CIJ et le droit international, soit respectés.