Le directeur général du ministère des Affaire étrangères, Yuval Rotem, a haussé le ton lundi dans la querelle avec le Ministère des Affaires Stratégiques, en l’accusant de manoeuvrer en cachette.
Rotem a accusé les cadres du Ministère des Affaires Stratégiques, qui sont dirigés au niveau du cabinet par le député du Likoud Gilad Erdan, de s’entêter à se joindre aux délégations à l’étranger et ensuite de cacher ce qu’ils font. La querelle a commencé par la plainte du Ministère des Affaires stratégiques à la Commission de la Knesset sur la Transparence selon laquelle en fait le Ministère des Affaires étrangères refusait de coopérer.
“Les personnes en fonction au Ministère des Affaires Statégiques se joignent aux délégations du Ministère des Affaires étrangères, puis quand ils sont arrivés, ils disparaissent. Ils ne font pas de rapport sur ce qu’ils font, ils cachent le contenu de leurs actions et il est impossible de savoir ce qu’ils ont fait et où ils sont allés,” a déclaré Rotem à la Commission sur la Transparence.
Révolté par ces allégations, le Ministère des Affaires stratégiques a qualifié d’étranges les allégations : « Nous ne savons rien au sujet des personnes du ministère se joignant aux délégations du Ministère des Affaires étrangères et bien sûr au sujet de leur disparition. Nous remercions le directeur général du Ministère des Affaires étrangères pour sa préoccupation et nous pouvons déclarer que les personnes du ministère sont présentes et travaillent avec zèle contre le boycott et les mouvements lui donnant une légitimité (BDS), selon le mandat qui leur a été donné par le gouvernement » ;
Les doléances de Rotem au sujet d’un présumé secret du Ministère des Affaires Stratégiques ont fait suite à une plainte antérieure du Ministère des Affaires Stratégiques selon laquelle le Ministère des Affaires étrangères refusait de coopérer en raison de « batailles d’ego et de budget ».
La Commission de la Knesset sur la Transparence est dirigée par la députée Stav Shaffir de l’Union Sioniste (1). A la séance de la commission, Shaffir a demandé si le Ministère des Affaires étrangères recommandait tout simplement de ne pas tenir compte du mouvement de BDS, ce qui irait à l’encontre du point de vue du Ministère des Affaires Stratégiques.
Rotem a confirmé que le Ministère des Affaires étrangères n’avait pas changé de point de vue et qu’il croit effectivement qu’on ne doit pas tenir compte du mouvement de BDS.
“Le Ministère des Affaires Stratégiques a été mis sur pied par une résolution du gouvernement, et nous travaillons avec lui comme avec tous les employés du gouvernement. J’ai exprimé mon opinion dans tous les débats appropriés avant que des décisions ne soient prises, mais une fois que les décisions sont prises, je les mets en oeuvre,” a déclaré Rotem.
Au moment où le Ministère des Affaires Stratégiques a été créé, Rotem a ordonné de façon explicite que le Ministère des Affaires étrangères coopère avec lui sur tous les fronts, et c’est ce qu’il fait, a remarqué le Ministère des Affaires étrangères.
“En ce qui concerne les plaintes à la Commission sur la Transparence selon lesquelles le Ministère des Affaires étrangères ne coopère pas, le directeur général (Rotem) a déclaré qu’il y a des cas regrettables dans lesquels l’autre camp (le Ministère des Affaires Stratégiques) fonctionne à l’étranger sans transparence,” a déclaré le Ministère des Affaires étrangères, mais il a ajouté que les deux ministères doivent coopérer dans le traitement de “problèmes communs”.
Il convient de souligner qu’Israël n’a pas en ce moment de ministre des affaires étrangères de plein exercice : le Premier Ministre Benjamin Netanyahu a conservé ce portefeuille. A cet égard, Rotem a déclaré que cela « simplifie la vie - parce que je ne suis qu’à un simple coup de fil du patron, ce qui raccourcit les procédures et permet de prendre les décisions plus rapidement.”
Interrogé sur le rôle joué par la ministre-adjointe des affaires étrangères Tzipi Hotovely, et sur le fait de savoir si les déclarations de celle-ci reflètent la position du ministre, Rotem a déclaré qu’il ne connaît qu’un ministre qui mène la danse.
En ce qui concerne les tentatives du ministère de combler le fossé qui s’élargit entre les Juifs libéraux américains et Israël, Rotem a déclaré qu’il ressent le problèmes auxquels font face les rabbins réformateurs : “J’essaie d’établir un programme qui ramène les rabbins, qui les mette à contribution d’un point de vue politique et communautaire.” C’est un énorme problème stratégique que les jeunes Juifs américains s’éloignent de plus en plus d’Israël : “Nous avons besoin qu’ils soient avec nous ,” a-t-il déclaré.
Pendant la séance de la Commission, Shaffir a critiqué l’absence de transparence dans la politique du Ministère des Affaires étrangères. “Je pense que les citoyens d’Israël aussi veulent comprendre ce qui se passe avec les affaires étrangères d’Israël,” a-t-elle déclaré. “Ils voient le premier ministre faire de longues et coûteuses visites dans le monde entier, en Inde et en Russie, puis il y a les votes à l’ONU et tous ces pays votent contre nous, et le premier ministre de l’Inde rend visite à l’Autorité Palestinienne, va voir la tombe de (Yasser) Arafat (le dirigeant palestinien) et émet des messages qui vont dans le sens inverse de celui de Netanyahu,” a déclaré Shaffir.
“Il est évident pour toute personne qui observe ces comportements que quelque chose ne marche pas, que le Ministère des Affaires étrangères et le réseau des affaires étrangères sont hautement inefficaces,” a continué Shaffir. “Pour faire la critique (du ministère), nous avons besoin d’aboutir à la transparence du budget et du fonctionnement. La population israélienne verse de l’argent. Les budgets et les salaires du Ministère des Affaires étrangères sont de l’argent public. Cependant vous faites tout pour cacher à l’opinion la majeure partie des renseignements pertinents,” a-t-elle déclaré.
(traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers)
(1) L’Union Sioniste est une coalition politique israélienne de centre-gauche (Parti travailliste israélien, Hatnuah, Mouvement vert) créée à l’occasion des élections législatives israéliennes de 2015, où elle s’est placée au deuxième rang après le Likoud avec 18,67 % des suffrages et 24 sièges (sur 120) à la Knesset, ce qui est insuffisant pour créer une alternative à la coalition dirigée par Netanyahu, dont eIle ne fait pas partie. Elle est sioniste, social-démocrate et en principe favorable à une solution à deux états.