Un mur et six colonies israéliennes, cinq portes en fer, quatre tours militaires, des caméras d’observation, et des check points fixes et mobiles, c’est le quotidien des habitants de la ville de Azzoun, à l’est de Qalqiliya, dans le nord de la Cisjordanie, le « Guantanamo Palestine », comme l’appellent ses habitants avec des intrusions quotidiennes de soldats, les arrestations et les fermetures semi-permanentes de magasins.
Abdul Latif Abu Haniyeh est l’un des 12 000 habitants de Azzoun, qui vit dans la peur et la souffrance, sa famille est disloquée, ses sept enfants ont été arrêtés et emprisonnés pour de fausses culpabilités, attaques contre des colons et des soldats dans la rue n° 55 à l’entrée de la ville.
Il raconte qu’une fois, les soldats ont attaqué sa maison trois fois dans la même nuit, ils ont jeté toute la famille dans la rue, et ont fouillé partout en brisant tout sur leur passage, et en guise de punition collective ils ont embarqué deux de ses fils qui ont été condamnés arbitrairement par la suite à de nombreuses années de prison.
La famille Abou-Haniyeh n’est pas la seule à souffrir de "punition collective" ; la plupart des habitants de la ville la vivent d’une manière ou d’une autre. Il n’y a pratiquement pas de familles à Azzoun qui n’a pas souffert des attaques, des arrestations et de la détention d’un ou plusieurs de ses membres.
Les arrestations sont "collectives" et visent souvent les jeunes enfants, et même parfois quand les soldats ne procèdent pas aux arrestations, l’attaque et l’intrusion en guise d’entrainement militaire, restent un objectif pour dissuader et terroriser la population.
Pour les habitants, le but de l’occupation est aussi d’étouffer la ville connue pour son activité économique avec plus de 100 établissements commerciaux et industriels et cela pour apaiser les colons.
La ville de Azzoun ne dessert pas seulement sa population, mais il y a environ trente mille personnes des villages voisins qui circulent sur ses routes et bénéficient de ses services commerciaux et autres.
La ville abrite une banque et trois distributeurs de banques différentes et dispose d’ambulances et d’une station de défense civile et de lutte contre les incendies, ce qui manque à de nombreux villages autour.
La souffrance de la ville et de ses habitants ne s’arrête pas là, depuis l’occupation israélienne de la Cisjordanie en 1967, Azzoun a fait face à une "campagne frénétique" d’expansion de colonies et du mur de séparation, des routes de contournement et des " objectifs militaires". La ville a perdu plus de la moitié de sa superficie estimée à 25 000 dounums.
En 1994, l’occupation a établi ses premiers checkpoints militaires pour isoler les habitants de leurs terres agricoles, depuis le siège a été renforcé par l’installation de quatre portes en fer aux entrées et aux sorties pour servir leurs objectifs militaires et humilier les citoyens.
Comme les villes et les villages de Cisjordanie, Azzoun est en proie à l’occupation. Sans raison et en un seul clic de l’un de ses soldats et la ville se transforme en "ville fantôme" paralysant les déplacements de ses habitants et des milliers d’autres des villages voisins.
Les attaques menées contre la ville se font avec d’immenses véhicules militaires pleins de soldats, faisant des descentes dans les maisons et enlevant les enfants des bras de leurs mères et pères, en utilisant divers moyens de répression et de terreur, y compris avec de gros chiens policiers.
Les arrestations d’enfants à Azzoun sont souvent accompagnées d’horribles moments de détresse, explique Hassan Shbeita, un militant de la défense du village. Il est chargé de documenter les violations et les attaques de l’occupation, il est toujours en mouvement et son téléphone ne cesse de sonner, il recense prés de 200 cas par an.
Selon lui 180 détenus principalement des enfants se trouvent actuellement dans les prisons israéliennes, soit le nombre le plus élevé parmi les zones palestiniennes par rapport au nombre d’habitants.
Les enfants de Azzoun dans le district de Qalqiliy, font face non seulement à des arrestations croissantes, mais aussi à des peines élevées et sévères, qui représentent un peu plus de la moitié de l’âge de l’enfant. (Un enfant de 14 ans est condamné soit à 8 ans, soit à 14 ans.)
Israël est le seul pays au monde à poursuivre systématiquement entre 500 et 700 enfants devant les tribunaux militaires chaque année, sans aucun respect des droits fondamentaux à un procès équitable.
Traduction : Moncef Chahed pour l’AFPS