Le 19 mai, des Palestiniens ainsi que des militants israéliens et des internationaux ont participé au lancement de la campagne organisée par la population d’Al Mufaqarah et soutenue par le Comité de Coordination de la Lutte Populaire (CCLP). Ensemble, ils ont construit la première des 15 maisons destinées aux habitants de la commune.
L’objectif de cette campagne est de souligner la continuité de la présence des villageois dans la région et de s’opposer à la politique de l’État d’Israël. Le village d’Al-Mufaqaran est, en effet, situé zone C et ses habitants, logés dans des caves ou des cabanes, ne peuvent rien construire sans l’autorisation des Israéliens. Or ceux-ci la leur refusent systématiquement et la plupart des bâtiments du village sont frappés d’ordres de démolition alors même que les villageois possèdent des titres de propriété en règle.
Dans l’après-midi du vendredi, les habitants du village ont démarré les travaux en commençant par niveler le terrain. Et le samedi matin, plus de 80 bénévoles sont venus les soutenir et travailler à leurs côtés. Tous ensemble - habitants d’Al-Mufaqarah et des communes environnantes, militants israéliens et internationaux - ont construit une maison de deux pièces d’environ 35m2.
L’armée israélienne et les représentants du Bureau de coordination du district sont arrivés sur les lieux vers 13h30. Ils ont demandé la raison d’être du gravier amoncelé près de la mosquée et ils ont accusé la population d’avoir construit sans permis, ce qui est interdit. L’après-midi, ils ont surveillé le secteur depuis les collines environnantes, et photographié la nouvelle construction.
Une fois les murs de la maison montés, les participants se sont rassemblés près de la mosquée pour une réunion publique au cours de laquelle des représentants du Comité populaire des collines d’Hébron sud et ceux du CCLP ont pris la parole.
Mahmoud Hamandeh, un membre du Comité populaire, a retracé l’histoire de la région depuis le début des années 80, époque de la construction des premières colonies. “Au cours des décennies suivantes, l’occupation s’est durcie et les attaques des colons sont devenues systématiques. Au printemps 2007, ces derniers ont empoisonné une source, tuant ainsi beaucoup de nos bêtes. Cependant, lorsque le service israélien chargé de la protection des ressources naturelles s’est rendu sur place, il ne s’est préoccupé que de la faune sauvage alors qu’il sait parfaitement que nos troupeaux représentent pour nous une ressource vitale”.
En 1999, la population a été expulsée du secteur et transférée du côté nord de la route 317. Mahmoud Hamandeh poursuit : “Nous avons fait appel auprès de la Cour de Cassation et nous avons obtenu le droit de revenir six mois plus tard. Mais les Israéliens n’ont jamais renoncé à nous déplacer”. En novembre dernier, l’armée israélienne a rasé la mosquée qui abritait le groupe électrogène ainsi qu’une étable et le logement de Hamandeh. “Alors que ma fille Sawsan, âgée de 21 ans, rassemblait nos affaires les soldats lui ont jeté du poivre dans les yeux”, a-t-il raconté. « Puis ils l’ont arrêtée, elle et sa cousine Amale, âgée de 16 ans, qui tentait de la ranimer quand elle s’est évanouie. Nous sommes restés sans nouvelles pendant 3 jours Amale a été libérée après 5 jours, Sawsan après 8 jours contre une caution de 5.000 shekels”.
En dépit de cet épisode, la détermination des villageois à demeurer sur leurs terres n’a pas varié. “Après chaque démolition, nous reconstruirons", conclut Hamandeh en ajoutant : « Nous avons besoin de votre aide. Venez à Al Mufaqarah nous soutenir dans notre tentative de quitter nos caves et de vivre en pleine lumière sur le sol de notre terre”.
La journée s’est conclue sur un spectacle de Dabka, la danse traditionnelle palestinienne.
Traduction O. pour l’Afps