paysages magnifiques, « bibliques », où le vert sombre des oliviers se mêle à l’ocre de la terre et au blanc des pierres. On utilise tout de l’arbre, l’olive et son huile, présents à tous les repas, le bois en combustible, les déchets des huileries pour fertiliser les sols ou pour se chauffer.
La récolte de l’olive est donc une mobilisation générale pour tous les villages palestiniens, de début octobre à la mi novembre. Mais, depuis quelques années, cette mobilisation revêt un caractère particulier compte tenu des évènements.
Vivre de la terre est devenu, pour de multiples familles de Cisjordanie, le seul moyen de survivre sans avoir à solliciter l’aide humanitaire car travailler en Israël n’est plus possible et nombreux sont ceux qui ont vu disparaître leur outil de travail tels qu’un commerce ou une petite exploitation…
Exploiter sa terre est, par ailleurs, une forme de résistance à l’expulsion en cours et personne ne s’y trompe. C’est un Palestinien, technicien à Naplouse, « faux paysan » comme il se définit lui-même, qui s’exprime en ces termes : « Ce ne sont pas les olives que je vais récolter aujourd’hui qui sont importantes, c’est le fait de le faire et d’aller jusqu’au pied de la colonie pour affirmer que je suis sur ma terre ».
Les colons, eux aussi, ne s’y trompent pas et les faits sont graves depuis longtemps. Actes de pillage : vol de récoltes, sur les arbres ou dans les sacs, détériorations ou vols d’outils, incendies d’oliveraies mais, aussi, attaques des familles dans les champs, avec blessés graves et même des morts, chaque année.
C’est pourquoi les associations israéliennes et internationales sollicitent des volontaires pour accompagner les fermiers dans leurs champs et les aider dans leurs récoltes.
L’IWPS organise la saison depuis plusieurs mois.
Le recensement des besoins n’est pas simple : la langue, arabe et anglais, la connaissance des structures officielles et des liens multiples, pas toujours clairs, entre les familles et les personnes, mais aussi, la tradition, et le fait d’être une association de femmes pèse lourd en non dits !
L’appel à volontaires est le 2ème versant du travail et le carnet d’adresses du IWPS est mis à rude épreuve, Internet étant par ailleurs l’outil indispensable.
Cette année, 3 groupes d’Internationaux ont été organisés par le IWPS.
Des américains venant de la région de Boston, des Autrichiens et Suisse germanophone et des Britanniques. Les groupes, qui sont mixtes, sont logés dans les villages et chacun se trouve réparti dans les familles qui projettent de faire la récolte dans les lieux réputés dangereux car proches d’une colonie ou d’une route d’accès à la colonie.
C’est un départ vers 6h30, le matin, pour profiter des quelques heures de fraîcheur toute relative et un retour entre 14 et 17h, selon les jours, mais avec le Ramadan, depuis quelques jours, les journées sont écourtées.
Les relations avec les associations pacifistes israéliennes sont fondamentales dans la répartition des équipes car les villages demandeurs sont multiples et si la dangerosité est jugée élevée, il faut être nombreux, notre résistance étant, bien sûr, par définition, non violente. Il y a collaboration étroite avec « les Rabbins pour les Droits Humains », « Le Bloc de la Paix », « Vivre ensemble »….
En principe, une coordination des villages avec l’armée a eu lieu quant aux jours et aux lieux de cueillette autorisés. Mais, sur le terrain, on s’aperçoit que le flou est total : « Revenez demain, vous serez autorisés », « C’est une zone militaire fermée, vous ne pouvez pas passer », « C’est dangereux, vous ne devez pas rester ». On parlemente, on attend, on téléphone à la coordination administrative palestinienne qui téléphone à la coordination militaire israélienne qui, éventuellement, va jusqu’à se déplacer… et jusqu’à présent, ici, dans ce petit coin du district de Salfit, tout s’est bien passé.
Il parait, selon mes amis israéliens, que la télévision a annoncé que le gouvernement avait donné injonction à l’armée de tout faire pour que la récolte se passe bien ! inch’allah.
Pourtant, pas très loin d’ici, il y a quelques jours, à Yanoon, près de Naplouse, des colons ont attaqué 2 Palestiniens dans leur champ et les ont battus. L’armée est arrivée et les Palestiniens, menottés, ont été mis à terre. C’est alors que 2 Israéliennes de l’association « l’Observatoire des Barrages Militaires » sont arrivées. Cela a provoqué leur libération et tout le monde est rentré à la maison !