La dernière journée de la Fête de l’Huma sur le stand de l’AFPS était consacrée aux visages de l’apartheid au quotidien, avec une conférence donnée par Eitan Bronstein Aparicio sur la loi Etat-Nation. Et une rencontre avec Salah Hamouri pour parler du sort fait aux prisonniers politiques palestiniens.
Eitan Bronstein Aparicio est le co-fondateur et le co-directeur de l’ONG israélienne De-Colonizer dont le dernier livre, NAKBA, raconte comment les Israéliens voient l’expulsion de 1948. Il est par ailleurs, et c’est à ce titre qu’il était l’invité de l’AFPS, le promoteur de ce qu’on appelle le recours ashkénaze contre la loi Etat-Nation du peuple juif déposé devant la Haute cour de justice de Tel Aviv.
Avant toute explication, Eitan Bronstein a tenu à préciser les fondements de sa protestation contre la loi dite Etat-Nation pour le peuple juif votée le 19 juillet 2018 : « Cette loi est inutile parce qu’Israël est, depuis sa création, un état raciste. La déclaration d’indépendance du 14 mai 1948 notifiait pourtant qu’en tant que démocratie, Israël assurerait l’égalité de droits entre ses citoyens. Or cette égalité n’a jamais existé. »
Le fondateur de De-Colonizer a particulièrement insisté sur ce qui, pour lui, constitue un changement inquiétant à savoir "le statut spécial" conféré par la loi à la langue arabe. « Cela signifie simplement qu’elle est officiellement rabaissée, classée comme inférieure. Nous faisons remarquer que cela, évidemment, vise les Palestiniens mais aussi la moitié des Juifs qui ont des racines arabes et ont grandi dans une tradition arabe. »
De-Colonizer se bat particulièrement pour reconnecter la tradition ashkénaze à ses racines arabes : il y avait des Juifs ashkénazes avant l’Etat d’Israël, beaucoup d’entre eux sont devenus des spécialistes de l’arabe, comme le père de l’actuel président israélien qui a traduit le Coran.
Interrogé sur ce point par un public curieux, Eitan Bronstein a bien insisté sur le fait qu’ Israël promeut l’enseignement de l’arabe « parce que si tu parles bien cette langue, tu feras un bon soldat et un bon agent des renseignements. »
Il a conclu en remettant le sort du recours ashkénaze entre les mains des résultats des élections législatives du 17 septembre. Si un nouveau Premier ministre est désigné, fera-t-il de cette loi un argument de négociation pour former sa coalition ? Si Benyamin Nétanyhou reste, peut-il également instrumentaliser les recours ? Réponse dans les semaines à venir.
Un peu plus loin, à l’espace Fernand Tuil du Village du Monde, le débat La Palestine dans tous ses états accueillait Zakaria Odeh, directeur de la Coalition civique pour les droits des Palestiniens à Jérusalem, Anne Tuaillon, vice-présidente de l’AFPS, Ahmed Thoukan, président du Comité populaire du camp de réfugiés de Balata, Léa Desplanques, membre du bureau de l’AJPF et Fadwa Khader, militante pour les droits des Femmes en Palestine et créatrice de l’association Tournesols. Walid Assaf, représentant de l’Autorité palestinienne, était également présent. Sans oublier Salah Hamouri qui livra de nouveau son témoignage avant de rejoindre le stand de l’AFPS.
Où la journée s’est achevée par une rencontre autour du juriste franco-palestinien, pourfendeur bien connu de la détention administrative qui l’a maintenu deux ans en prison. Cette loi d’exception militaire héritée du mandat britannique est la pierre angulaire du combat des prisonniers.
Selon des statistiques établies par Addameer, 40% des hommes palestiniens connaîtront les geôles israéliennes au moins une fois dans leur vie.