Les autorités d’occupation israéliennes ont annoncé le 2 mars 2005 leur décision de confisquer 10.677 dunums [1] de terres appartenant à des Palestiniens dans les
villages de Sumu’, Yata et Dhahiriya dans la région d’al-Khalil (Hébron), en
Cisjordanie, pour les annexer par le biais du mur qu’elles ont l’intention
de construire sur les terres palestiniennes.
Les autorités de l’occupation avant émis la veille trois nouveaux ordres
militaires pour la confiscation de ces terres.
Dans le village de Sumu’, les confiscations israéliennes visent 10.104
dunums des terres de Khirbet Atir, Rajam Sawaf, Asfir, Bakrit, Ghuyun,
Atirat, Izraqiya situées près de Khirbet Zanouta et Wad Halil au sud de
Sumu’, qui dépend du village Dhahiriya.
Les cartes accompagnant les ordres militaires montrent que le mur israélien
irait de la région de Sumu’ et le nord de Dhahiriya sur plus de 10 km de
long et 113 mètres de large. A Yata, les ordres militaires montrent que les
confiscations visent Khirbet Mneyzel, Tawani et les lieux avoisinants, Sha’b
Sultan, le mur s’étendant sur plus de 2 km avec une largeur de 100m, et les
terres confisquées s’élèvent à 573 dunums.
Les ordres militaires ont donné un laps de temps de 7 jours, aux
propriétaires des terres pour présenter des protestations juridiques aux
services spécialisés israéliens. Abdel Hadi Hantash,
spécialiste des cartes et des confiscations et membre du comité général de
défense de la terre, a considéré que la vaste superficie des terres qui vont
être confisquées au sud d’al-Khalil pour construire le mur israélien fait
partie d’un plan de judaïsation programmé, que les autorités d’occupation
mènent pas à pas depuis 1967. Il ajoute : la confiscation de 11.000 dunums
de terres au sud d’al-Khalil constitue une véritable catastrophe pour des
centaines d’agriculteurs et propriétaires des terres dont c’est la seule
source de revenus. Il ajoute que le tracé du mur israélien selon les cartes
annoncées va permettre une continuité géographique israélienne entre les
terres confisquées et les frontières de 67, pour inclure 4 colonies dans ces
frontières
Il s’agit des colonies de Ishklot, construite sur les terres du sud du
village de Dhahiriyya et toutes les constructions industrielles qui lui sont
rattachées, la colonie Shani Livta, au sud de Sumu’, Sansana, au sud-ouest
de Ramadin, et Mitsadot yahouda, au sud de Yata. Selon les habitants de
Mneyzel, à l’est de Yata, le mur va avaler l’école et la mosquée, ainsi
qu’une grande superficie de terres.
- Kalandia
- janvier 2005
« Balafre, blessure, déchirure, cicatrice »
...sont les mots qui reviennent le plus souvent pour qualifier le mur qu’Israël continue de construire en Cisjordanie, dans les propos des élus communistes et socialistes français membres d’une délégation en visite cette semaine (mi-février 2005) dans la région.
Certains, pour qui ce voyage était le premier en Israël et dans les territoires palestiniens, avaient du mal à trouver leurs mots, comme Didier Cujives, conseiller régional de la région Midi-Pyrénées et maire de Paulhac : « Ce béton, ces miradors rappellent de biens mauvais souvenirs de guerre. Cette idée qu’en 2005 on peut séparer ainsi des humains et empêcher de vivre tout un peuple est inimaginable. Et cela ne résout pas à mes yeux le problème de la sécurité d’Israël. »
Comme beaucoup d’autres participants, il avoue qu’il aura besoin de temps pour digérer la somme d’informations accumulées pendant ces quatre jours au programme chargé, entre les moments passés dans des camps de réfugiés palestiniens, la visite de la colonie de Maale Adoumim en banlieue de Jérusalem et les rencontres avec des officiels des deux parties.
Les élus de la délégation se montraient souvent dubitatifs à l’égard des discours entendus, qui leur ont paru bien optimistes tant la réalité de terrain semble en contradiction avec la reprise du dialogue affiché. Certains, très choqués, se demandaient ouvertement « ce qu’il y a encore à négocier ».
- mars 2005
« Le mur accompagne parfaitement le plan de continuité territoriale des colonies », expliquait Michel Beaumale, le maire de Stains, ville jumelée avec le camp de réfugiés d’Al Amari près de Ramallah, ajoutant que « l’intervention de la communauté internationale s’impose » plus que jamais. Marc Everbecq, maire de Bagnolet, jumelée avec le camp de réfugiés de Chatila au Liban, qui effectuait lui aussi sa première visite en Israël et dans les territoires palestiniens, se demandait pour sa part sur quoi peut « déboucher cette politique israélienne de domination du territoire » qu’il compare à « une fuite en avant ». Côté palestinien, il a déclaré espérer que les « problèmes d’unité interne ne pèseront pas trop » dans l’avenir sur les défis nationaux. Au-delà des problèmes posés par le mur et la colonisation, il estimait que rien n’était « irréversible » et que la vraie question restait de définir « comment aider à la création d’un État palestinien viable », une question qui était au coeur de ce voyage.
Quant à Mouloud Aounit, le secrétaire général du MRAP, il résume ce qui l’a frappé en trois mots : « humiliation » et « dignité » des Palestiniens et « mépris » des Israéliens vis-à-vis des Palestiniens mais aussi de la loi internationale : " La sécurité que réclame Israël ne peut être portée que par la justice et le droit", souligne-t-il. "Et ce qui se joue ici à des résonances, qu’on le veuille ou non, chez nous, en France. Car ces questions relèvent de l’universel et interpellent par conséquent chacun d’entre nous dans son humanité. "
(1) La délégation d’élus qui a séjourné toute la semaine dernière en Israël et en Palestine était conduite par Fernand Thuil.