Les Palestiniens d’Irak lancent un appel urgent.
Le mercredi 1er juin 2005, le site internet Palintifada a reçu un appel au secours urgent émanant des Palestiniens résidant dans le quartier Al baladeyate de Bagdad indiquant que la « police irakienne » a effectué une descente extrêmement violente dans le centre de ce quartier et a procédé à une campagne d’arrestation, d’agression et d’humiliation contre les Palestiniens majoritaires dans ce secteur de la ville.
L’appel indique que vers minuit, plusieurs véhicules de la police sont arrivés dans le quartier et ont commencé à frapper les gens et à les insulter. Une trentaine de Palestiniens a été arrêté. D’autres ont été amassés dans un café populaire et ont été agressés.Ces personnes ont été accueillies par la Syrie. Le Centre a appelé le pays à prendre soin de ces victimes qui ont fui les exactions de groupes armés hors la loi.
Le Centre a appelé les Nations Unies à appliquer les résolutions décidées depuis 1948, en particulier la résolution 194 adoptée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies. Cette résolution affirme, suite au départ forcé de centaines de milliers de Palestiniens : « Il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins. Des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé. En vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doivent être réparés par les gouvernements ou autorités responsables. »
Selon le Centre, le Conseil de sécurité doit appliquer les lois et assumer ses responsbilités en protégeant les réfugiés des crimes dont ils sont victimes en Irak et en Palestine. Le Centre a envoyé une lettre à la Ligue arabe lui réclamant de mettre la question des réfugiés à l’ordre du jour en réaffirmant leur droit au retour et en améliorant leurs conditions de vie jusqu’à leur retour définitif sur leurs terres.
Le Centre a appelé les pays arabes et islamiques à soutenir moralement, financièrement et politiquement le peuple palestinien. Il leur a demandé d’œuvrer pour que le siège imposé sur le nouveau gouvernement soit levé, afin que le peuple puisse résister à l’occupation.
Depuis l’élection législative palestinienne la situation des Palestiniens en Irak s’est encore tendue : ainsi http://protection-palestine.org publiait le 27 mars : La communauté palestinienne de Bagdad prise de panique devant les menaces de mort, par le UNHCR, Haut Commissariat aux Réfugiés, des Nations Unies
" La communauté palestinienne de Bagdad a été prise de panique quand plus d’une centaine de familles dans la ville ont reçu des menaces de mort de groupes les qualifiant de traîtres."
La communauté palestinienne de Bagdad prise de panique devant les menaces de mort
Vendredi à Genève l’UNHCR a rapporté aux journalistes que beaucoup de Palestiniens vivant à Bagdad depuis des années, sont dans un état de choc et de panique et prennent très au sérieux cette menace.
On estime le nombre de Palestiniens vivant en Irak à 34.000 dont 23.000 sont enregistrés par l’UNHCR à Bagdad. Les réfugiés palestiniens sont arrivés en Irak en trois vagues successives : en 1948, en 1967 et en 1991. L’ancien régime leur a donné protection et assistance et ils ont bénéficié d’un standard de traitement assez élevé que certaines sections de la population iraquienne considéraient comme étant injuste. En conséquence, les Palestiniens ont ces dernières années dû faire face à des évictions, des menaces et harcèlements.
L’UNHCR est de plus en plus soucieuse vis-à-vis de la situation de ces familles.
« Ils se sentent de plus en plus piégés et pour des raisons de sécurité, beaucoup d’entre eux ont arrêté d’aller travailler et ont sorti leurs enfants de l’école. Nous savons très bien que la vie de chaque Iraquien est également très difficile en ce moment. Mais les Palestiniens se sentent particulièrement vulnérables et visés étant donné qu’ils sont perçus comme ayant été traités favorablement par l’ancien régime » dit Emmanuel Gignac de l’unité de soutien en Irak du UNHCR à Genève.
A la suite de la situation sécuritaire que si détériore, un groupe de 88 Palestiniens ont été piégés dans le no man’s land entre l’Irak et la Jordanie dimanche après avoir fuit la capitale. Ces gens ont maintenant été ramenés à l’intérieur de la frontière iraquienne par les autorités iraquiennes.
« Quand nos collègues ont parlé à certains membres du groupe, ils ont dit qu’ils n’avaient aucune envie ni intention de retourner où que ce soit en Irak. » dit Anne-Marie Deutschlander, un officier supérieur de la protection pour l’UNHCR en Jordanie. « Plusieurs d’entre eux ont été traumatisés ces dernières semaines, des membres de leurs familles ayant été kidnappés et même tués ».
« Nous essayons de nous assurer que les besoins de base du groupe tels que la nourriture et l’eau leur soient fournies » a ajouté Deutschlander. « Le groupe se trouve néanmoins dans une zone à l’intérieur de l’Irak qui rend tout accès ou intervention extrêmement difficile pour nous ».
Tard jeudi soir, une équipe du UNHCR du côté jordanien a réussi à faire transférer de l’autre côté de la frontière de la nourriture pour 5 à 7 jours, des matelas, des couvertures, des ustensiles de cuisine, des fourneaux, des bidons et des lanternes « c’était une entreprise très difficile mais au moins l’aide a finalement atteint les gens et c’est ce qui importe le plus ».
Dernièrement, le Haut Commissaire a demandé dans une lettre adressée à Jalal Talibani, le président iraquien, une protection physique renforcée pour ce groupe de réfugiés ainsi qu’une régularisation rapide de leur séjour en leur accordant des permis de résidence ou des documents de cartes d’identité. Dans des circonstances normales, cela permettrait à cette population (dont la plupart sont nés et ont vécu toute leur vie en Irak) un statut plus fiable et validé légalement à l’intérieur de l’Irak. Mais les circonstances sécuritaires sont telles que les Palestiniens sentent qu’ils doivent s’enfuir.
« Avec nos autres agences sur le terrain, nous surveillons de près la situation étant donné que nous espérons que la panique ne va pas s’étendre at amener encore plus de Palestiniens à quitter la capitale » dit Gignac.