L’adage veut que les vrais amis se révèlent dans les moments difficiles. Suivant cette lecture, il semblerait que l’alliance tant vantée entre Benyamin Nétanyahou et Donald Trump ne soit pas aussi solide et profonde qu’on le dit, quand bien même le milliardaire américain figure en géant sur les affiches du Likoud parsemées à travers le pays, comme si ce dernier était le colistier du dirigeant israélien.
Alors que les sondages prédisent au Premier ministre israélien une nouvelle impasse le privant de victoire nette aux législatives de mardi, son meilleur allié est aux abonnés absents. Point d’annonces retentissantes, à l’instar de la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan à quelques semaines du précédent scrutin, en avril. Et quand Nétanyahou joue son dernier va-tout en promettant une énième fois d’annexer un pan entier de la Cisjordanie, nul tweet de Trump pour venir conforter son « ami Bibi ».
Engins de surveillance israéliens autour de la Maison Blanche
Pire, Trump semble de plus ouvertement se rapprocher de l’Iran, comme l’a encore montré le limogeage de son conseiller John Bolton, faucon opposé à toute détente envers Téhéran. Depuis quelques semaines, la perspective d’une rencontre Trump-Rohani fait suer à grosses gouttes à Jérusalem. Un tel sommet serait un camouflet cinglant pour Nétanyahou, qui pensait avoir durablement aligné la diplomatie américaine sur son intransigeance envers l’Iran. Selon le journaliste israélien Barak Ravid, Nétanyahou aurait « désespérément » tenté de joindre au téléphone le président américain durant le G7 à Biarritz, au moment où Emmanuel Macron venait de sortir de son chapeau Mohammad Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères iranien.
Pour ne rien arranger, le site Politico a révélé jeudi que les services secrets israéliens auraient placé des engins de surveillance aux abords de la Maison Blanche, afin d’espionner les conversations téléphoniques de son occupant. Benyamin Nétanyahou a immédiatement démenti les informations du média américain, qualifiés de « fabrications ». « Nous avons une directive : aucune opération de renseignements aux Etats-Unis, aucun espion », a-t-il assuré les pieds à peine posés sur le tarmac à Moscou, où il est venu chercher une autre carte postale diplomatique auprès de Vladimir Poutine.
Déception de Trump
Ces révélations sont particulièrement embarrassantes alors qu’Israël tente depuis des années d’obtenir l’extradition de l’ex-agent double américano-israélien Jonathan Pollard, libéré sous conditions en 2015 après trente ans de prison pour avoir fourni des milliers de documents confidentiels à Israël dans les années 1980. Nétanyahou a promis à plusieurs reprises de « ramener Pollard au pays », et, ces derniers mois, nombreux étaient ceux prêts à parier que Pollard serait le prochain coup de pouce de Trump au Premier ministre israélien.
Ces développements pointent-ils vers la fin la « bromance » - comme disent les Américains - entre Nétanyahou et Trump ? Trop tôt pour le dire. Mais en Israël, peu après l’échec de Nétanyahou à former une coalition fin mai, les éditorialistes avaient noté la déception de Trump, qui n’aime rien d’autre que les « winners » et n’a ni temps ni patience pour les autres. En espérant une victoire éclatante le 17 septembre pour revenir dans les petits papiers du président américain, Nétanyahou devra d’ici là batailler seul.