Le statut de Jérusalem, à propos duquel le président américain doit prendre de façon imminente une décision potentiellement lourde de conséquences, constitue depuis un demi-siècle l’un des points les plus épineux du conflit israélo-palestinien. Donald Trump a promis à plusieurs reprises, durant sa campagne électorale, d’y transférer l’ambassade des États-Unis auprès de l’État hébreu (celle-ci est actuellement située à Tel Aviv). Une loi votée en 1995 par le Congrès affirme que « Jérusalem doit être reconnue comme la capitale de l’État d’Israël » et impose d’y implanter la représentation américaine. Les présidents successifs ont jusqu’à présent repoussé son application de six mois en six mois, dans l’attente que les deux parties adverses se mettent d’accord sur un partage de la ville. La dernière dérogation signée en ce sens arrive à expiration ce lundi, et on ignore encore quelles sont les intentions de l’actuel locataire de la Maison-Blanche qui a reporté sa décision à plus tard. « Le président a été clair sur cette affaire depuis le départ : ce n’est pas une question de si (l’ambassade sera effectivement déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem, NDLR), c’est une question de quand », a affirmé Hogan Gidley, un porte-parole de la Maison Blanche.
Macron préoccupé par le choix de Trump
Après un entretien téléphonique avec Donald Trump lundi soir, le président français, Emmanuel Macron, a dit sa préoccupation devant la possibilité de voir les États-Unis reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël, selon un communiqué de l’Elysée. « Emmanuel Macron a rappelé que la question du statut de Jérusalem devra être réglée dans le cadre des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens, visant en particulier l’établissement de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité avec Jérusalem pour capitale », dit ce communiqué. Les deux hommes « sont convenus de se reparler prochainement à ce sujet », poursuit le texte.
La position de la communauté internationale au sujet de Jérusalem n’a guère varié depuis 70 ans. Le plan de partage voté par l’assemblée générale des Nations Unies le 29 novembre 1947 prévoyait d’y créer un « corpus separatum » placé sous un régime d’administration internationale. L’histoire en décida cependant autrement, puisque Jérusalem fut divisée à l’issue de la première guerre israélo-arabe (1948-49). Sa partie Ouest fut conquise par le tout jeune État d’Israël, qui décida rapidement d’en faire sa capitale. Quant à la moitié orientale, où se situent la Vieille ville et les lieux saints des trois grandes religions monothéistes (le mur des Lamentations, la basilique du Saint-Sépulcre et la mosquée al-Aqsa), elle tomba provisoirement dans l’escarcelle du Royaume de Jordanie. Mais une large majorité de la communauté internationale persista à ne reconnaître aucune souveraineté sur la ville, si bien que de nombreux pays installèrent leur ambassade auprès d’Israël à Tel Aviv.
Depuis les accords d’Oslo, il existe un large consensus pour considérer que Jérusalem-Est a vocation à devenir la capitale d’un futur État palestinien
La guerre des Six-Jours, qui opposa début juin 1967 l’État hébreu à ses voisins arabes, changea une nouvelle fois la donne. Après trois jours de combats, Tsahal s’empara non seulement du Sinaï, de la Cisjordanie et de Gaza, mais aussi de Jérusalem-Est. Le gouvernement décida peu après d’y appliquer la loi israélienne. En juillet 1980, la Knesset vota une Loi fondamentale faisant de la ville la capitale « unifiée et indivisible » de l’État. Des bâtiments administratifs furent implantés dans sa partie orientale et de vastes quartiers de colonisation y furent développés. Mais l’Europe et les États-Unis persistèrent à juger cette occupation non conforme au droit international. C’est pourquoi ils ont jusqu’à présent toujours refusé d’y transférer leurs représentations diplomatiques.
Depuis les accords d’Oslo, il existe un large consensus pour considérer que Jérusalem-Est a vocation à devenir la capitale d’un futur État palestinien. Des négociations furent engagées en ce sens au début des années 2000, mais elles tournèrent court. Les chefs de la coalition de droite actuellement au pouvoir en Israël sont résolument hostiles à l’idée de céder une partie de la ville. La reconnaissance de son statut de capitale par les États-Unis serait, de leur point de vue, une victoire. De nombreux Palestiniens estiment au contraire qu’elle consacrerait l’échec de leur rêve d’indépendance.