L’étudiante palestinienne en journalisme à l’université de Bir Zeit, Mays Abu Ghosh, 21 ans, militante de la cause des prisonniers palestiniens, est emprisonnée depuis le 28 août de même que cinq autres jeunes Palestiniens. Dans des commentaires publiés sur Al-Resalah, sa mère a déclaré qu’après un mois d’interrogatoire par les Israéliens au centre de la Moskobiyeh à Jérusalem occupée, sa fille était couverte de bleus, blafarde et presque méconnaissable.
« Son visage était plein de bleus et son corps est très pâle. Je ne pouvais pas l’étreindre en raison de la douleur qui lui prenait tout le corps. » La mère d’Abu Ghosh a déclaré que son mari et elle avaient été informés qu’ils seraient autorisés à voir leur fille après 30 jours d’interrogatoire. Toutefois, a-t-elle dit, quand elle est arrivée, elle a appris que ce n’était pas une visite normale. « J’ai pris conscience que nous avions été emmenés au centre d’interrogatoire pour faire du chantage. Arrivés là-bas, les soldats israéliens ont dit à Mays que nous étions arrêtés, en essayant de faire pression sur elle afin qu’elle accepte ces allégations portées contre elle. »
En 2018, Mays a publié un article dans l’édition en anglais d’Al Jazeera, dénonçant les coupes budgétaires à l’UNRWA décidées par le président américain, Donald Trump ; Mays écrit en tant que réfugiée palestinienne née et élevée dans le camp de Qalandiya près de Jérusalem occupée. « La foi que nous avons héritée de nos ancêtres est forte et profonde - nous croyons qu’il nous est possible de revenir sur nos terres. En fait, nous croyons que notre retour arrivera bientôt. Après tout, c’est un droit humain fondamental », a-t-elle écrit.
Le frère de Mays, Hussein, a été tué par les forces d’occupation israéliennes en 2016 et leur maison familiale dans le camp de Qalandiya a été démolie. L’autre frère de Mays, Suleiman, 17 ans, a été emprisonné sous le coup de la détention administrative, détenu comme mineur sans inculpation ni jugement.
Addameer, Association de Soutien aux Prisonniers et de défense des Droits de l’Homme, a convoqué une conférence de presse le 23 décembre pour dénoncer les tortures et les mauvais traitements subis par les prisonnier-e-s palestiniens, parmi lesquels Abu Ghosh. Selon Addameer, elle a été soumise à un certain nombre de positions douloureuses, parmi lesquelles l’ainsi nommée « position de la banane ». L’association remarque que 95% des détenus sont soumis à quelque forme de torture et que la majorité sont accusés d’activités politiques, sociales et étudiantes ou de participation à des actions publiques comme des manifestations. Pour Mays Abu Gosh, l’acte d’accusation établi par le tribunal militaire stipule son implication dans les activités étudiantes.
Lors de cette conférence de presse, le père de Mays a pris la parole racontant sa convocation au camp d’Ofer pour interrogatoire. Il a déclaré que les soldats avaient menacé d’emprisonner Mays à perpétuité en lui demandant : « Comment élevez-vous vos enfants ? Pourquoi votre fille est-elle si têtue ? »
Il a confirmé que « les tortures auxquelles Mays était soumise dans les prisons de l’occupant font partie des souffrances dont les femmes prisonnières font l’expérience, particulièrement la prisonnière blessée, Israa Jabis. »
La dernière fois qu’il a vu sa fille, elle était à la prison de Damon. Il a dit qu’elle gardait le moral et restait attachée à ses principes. Jamil Saadi, son avocat, a déclaré qu’elle a eu des audiences répétées devant le tribunal militaire mais qu’elle n’a pas encore été poursuivie. Sa prochaine audience devant le tribunal militaire aura lieu le 7 février. Les tribunaux militaires de l’occupant israélien condamnent plus de 99 % des Palestiniens qui y comparaissent.
Traduit par Yves Jardin, du GT Prisonniers de l’AFPS