On a appris hier que l’armée israélienne a ordonné la saisie de terres autour de quatre villages de Cisjordanie, apparemment en vue d’une extension considérable des colonies autour de Jérusalem.
La confiscation a eu lieu alors que les négociateurs israéliens et palestiniens se rencontraient afin de préparer le terrain à une réunion organisée aux Etats-Unis par le président Bush pour ressusciter une solution diplomatique au conflit.
Cependant, selon certains critiques, cette confiscation de terres suggère qu’Israël essaie d’imposer sa propre solution aux Palestiniens par la construction de routes, de barrières et de colonies qui rendrait non-viable tout futur état palestinien.
- Construction de route pour Israéliens en Cisjordanie occupée
Les terrains saisis forment un corridor de l’est de Jérusalem jusqu’à Jéricho et sont destinés à une route réservée aux Palestiniens. Des analystes ont dit que cette route suivrait la barrière de sécurité, tandis que la route Jérusalem-Jéricho actuelle, de l’autre côté de la barrière, serait réservée aux Israéliens.
Un porte-parole de l’armée israélienne a précisé qu’il fallait une nouvelle route pour relier Bethléem et la Judée avec Jericho et la vallée du Jourdain afin “d’améliorer la qualité de vie des Palestiniens”.
Elle a indiqué que cette route ferait environ 15 km et serait construite sur 145 hectares de terres d’état et 23 hectares de terres privées (NdT : palestiniennes) qui ont été confisquées. Elle a ajouté que la route a été conçue pour minimiser les pertes des propriétaires privés.
Selon Adam Keller, du camp de la paix israélien Gush Shalom, la confiscation de terres appartenant aux villages d’Abu Dis, d’Arab al-Sawahra, de Nebi Musa et de Talhin Alhamar va “voler leur seule source de revenus à de nombreux villageois”, mais va “faciliter le large plan d’annexion connu sous le nom de E-1, destiné à réunir la colonie de Maalé Adumim avec Jérusalem et à couper la Cisjordanie en deux”.
Il précise que les confiscations vont repousser très profondément dans le désert la circulation des Palestiniens entre Bethléem et Ramallah, et les exclure efficacement de la Cisjordanie centrale.
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La zone E-1 existe sur les cartes du gouvernement israélien depuis des années, mais l’état y avait jusqu’ici freiné les développements à grande échelle. Le seul bâtiment actuellement achevé est le quartier général de la police israélienne de Cisjordanie.
Le plan de cette zone prévoit 3500 unités de logement et des douzaines d’entreprises, lesquelles ont déjà démarré bien que les infrastructures telles que les routes et les égouts soient encore en construction.
D’après Jeff Halper, un géographe israélien spécialisé dans le développement en Cisjordanie, il semble que les autorités se précipitent pour accomplir un maximum de travaux avant la réunion entre Mahmoud Abbas, le président palestinien, et Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, organisée en novembre par les Etats-Unis à Annapolis, Maryland.
“Ils veulent faire avancer les choses aussi loin que possible avant la réunion de novembre, parce que c’est ce qui leur servira de point de départ dans la négociation” a-t-il dit. “Tout ce qui aura été réalisé avant cette réunion sera gravé dans le marbre. De façon générale, il faut le considérer comme un élément d’un agenda au cours duquel Israël veut achever de réaliser tous ses projets en Cisjordanie avant que Bush ne quitte son poste.”
Les ordres de confiscation ont été émis alors que les officiels palestiniens affirment qu’un nouveau tracé de la barrière de séparation (NdT : envisagé par les Israéliens) rognerait beaucoup plus de terre palestinienne que le prédédent. Sur la foi de documents publiés par le ministère israélien de la défense, le département des négociations de l’Organisation de Libération de la Palestine a montré que ce nouveau tracé permettrait d’annexer 12% de la Cisjordanie au lieu de 9% auparavant.
Le changement principal se trouve dans le sud-est de la Cisjordanie, près de la Mer Morte. C’est une région essentiellement inhabitée, mais qui pourrait servir pour l’industrie ou le tourisme dans le futur.
Selon le communiqué de l’OLP, le nouveau tracé rattache aussi deux nouvelles colonies, Nili et Na’aleh, à Israël au prix de l’encerclement quasi-complet de cinq villages proches de Ramallah.
D’après Israël, la barrière de sécurité, qui est un haut mur de béton à certains endroits et une barrière métallique flanquée de larges fossés à d’autres, est vitale pour la sécurité en Israël.
Cependant, selon le communiqué de l’OLP, son but principal est de “consolider le contrôle israélien sur toutes les parties les plus critiques de la Cisjordanie occupée, en particulier tout le Jérusalem-Est palestinien et les terres vitales ainsi que les ressouces en eau, ce qui mine sévèrement les perspectives d’étabissement d’un état palestinien viable et indépendant.