L’armée a commencé, il y a quelques mois, à rassembler les données personnelles des Palestiniens de Cisjordanie, dans le cadre de sa surveillance de l’espace public. A cette fin, les soldats mènent des patrouilles et installent des postes de contrôle temporaires. Les jeunes hommes qui les franchissent sont requis de remplir un formulaire.
Ceux qui sont requis de compléter un formulaire doivent indiquer leur nom, leur age, leur numéro de téléphone, leur numéro d’identification, le type de leur véhicule et le numéro de leur permis, de même qu’ils doivent présenter une photocopie de leur carte d’identité et donner en même temps l’origine et la destination du déplacement qui les a amenés au poste de contrôle.
Les femmes, les enfants et les personnes âgées sont exemptées du formulaire.
Les postes de contrôle fonctionnent tôt le matin, quand un grand nombre de Palestiniens sont sur le chemin du travail, en aggravant encore plus les embouteillages habituels à l’heure de pointe. A chaque poste de contrôle les
soldats doivent rendre au moins 100 formulaires remplis par équipe, alors que le quota pour les patrouilles à pied est de 30.
Les soldats en service obligatoire, sans parler des soldats effectuant une période en tant que réservistes, se sont rebiffés devant cette nouvelle pratique , en s’interrogeant sur l’atteinte à la vie privée aussi bien que sur la perturbation de la vie quotidienne qu’elle entraîne.
Cela a valu à cette pratique parmi les soldats le nom de “gros câlin”. Un certain nombre de témoignages de soldats sur cette pratique ont été recueillis par Haaretz, certains d’entre eux ayant été enregistrés par des membres de "Breaking the Silence" (Briser le Silence) .
“Il y a quelque chose de nouveau qu’on nous a dit de faire,” a déclaré un soldat qui a récemment terminé son service militaire obligatoire. “On nous apporte un morceau de papier avec leur numéro de plaque d’immatriculation, le numéro de téléphone et le numéro de la carte d’identité du conducteur, et le but est de compléter (le formulaire), pas même de contrôler les véhicules. On nous a dit, « vous faites le contrôle sans remplir les pages – ce n’est pas réellement important, cela ne fait rien."
Un officier de réserve a ajouté : “L’idée est que vous écriviez les détails : X, Y et Z étaient dans telle ou telle sorte de voiture, à telle ou telle heure, allant dans la direction de tel ou tel endroit.’”
L’officier a raconté qu’il avait été l’objet de pressions au sujet de la pratique, “sur le montant des appels téléphoniques (en demandant) « Pourquoi vous n’en avez pas ? » … On a commencé à demander, « Donne-moi 70 ou 100 noms chaque jour. »
Selon un soldat qui a participé aux patrouilles pour rassembler des données personnelles, “Habituellement vous ne faites que de la figuration, depuis qu’il est devenu impossible de faire autant de contrôles.”
« Les forces de l’armée effectuent en Cisjordanie des contrôles fondés sur une conception des opérations et afin d’empêcher le terrorisme, tout en s’efforçant d’affecter aussi peu que possible le quotidien des civils, a déclaré le porte-parole des Forces de Défense Israéliennes. On pose quelques questions aux chauffeurs obligés de s’arrêter, à des fins de sécurité. Contrairement à ce que l’on prétend, les forces de sécurité n’ont aucun quota à
atteindre.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers