Khaled Abou-Alakis est palestinien. Il est devenu l’ami de Georges Malbrunot à Jérusalem et vit aujourd’hui en France. Il parle de celui qu’il considère comme « un frère » et implore ses ravisseurs irakiens de relâcher leurs otages. Au nom de l’islam.
Pour tenter de lui venir en aide, il a lancé un appel sur Internet : « Mes frères en Irak, si pour vous Georges Malbrunot est simplement un journaliste occidental, pour moi et pour tous les Palestiniens qui le connaissent c’est un frère et un fidèle ami. C’est pour cela qu’au nom de Dieu le Clément et le Miséricordieux et au nom de tous les martyrs, je vous demande de respecter la vie de Georges et souvenez-vous que l’islam ne rend pas un homme responsable de la faute de son frère ou cousin. »
« Georges m’a soutenu »
- Khaled Abou-Alakis
- il se dit prêt à aller à Bagdad
pour parler de Georges Malbrunot
dans chaque mosquée.Claude Stéfan
Khaled et Georges ont fait connaissance au Centre culturel français de Jérusalem, où le jeune Palestinien venait apprendre notre langue. Lui, qui ne la parlait pas du tout, la maîtrise aujourd’hui très bien. « J’ai progressé grâce à des gens comme Georges, avec qui j’ai eu la chance de discuter en français. Quand j’hésitais, il me disait en arabe : ’Pas de problème, parle, parle !’ »
Souvent, Georges a aidé Khaled, qui vivait, avec sa famille, à Azariya, à quatre ou cinq kilomètres à l’est de Jérusalem, à passer les barrages israéliens pour rentrer de son travail. « Il y avait un check point à Ras el-Hamoud et un autre sur le mont des Oliviers. Maintenant, il y a le mur. Dans les moments de plus forte tension, il me proposait de dormir chez lui. »
« Quand les Israéliens ont voulu me forcer à devenir un collaborateur, ajoute le jeune homme, Georges m’a conseillé la prudence. Il m’a soutenu. Il a fait plusieurs interviews de moi. Aux élections palestiniennes de 1996, il m’a demandé d’être son traducteur pour toutes ses rencontres avec des Palestiniens. »
Khaled tient à saluer les « gestes humanitaires » de Georges. « Je ne peux pas oublier que, quand mon père était malade, par exemple, il est venu chez nous, a parlé avec lui en arabe pour le réconforter, a apporté des médicaments. Il a partagé le repas du ramadan avec nous, comme un membre de la famille. » Quand le jeune homme a appelé son père pour l’informer que l’un des otages français en Irak était son visiteur d’alors, le vieil homme s’est exclamé : « Comment peuvent-ils enlever notre fils ? »
Khaled espère que son témoignage sera traduit en arabe. « Comme Palestinien, comme ami de Georges, je suis prêt à aller à Bagdad, pour parler de lui à mes frères irakiens dans chaque mosquée, à chacune des cinq prières de la journée et, surtout, à la grande prière du vendredi. »
« Oui, insiste-t-il, c’est notre frère. Un homme de paix. S’en prendre à lui, c’est s’en prendre à nous, les Palestiniens. Nous sommes tous des Georges Malbrunot. Je ne connais pas Christian Chesnot, mais je formule les mêmes voeux pour sa libération. »
Recueilli parJoseph LIMAGNE