Le mois prochain marquera le 30ème anniversaire de la fondation d’Ofra, la première colonie du Gush Emounim. Aujourd’hui, alors que s’ouvre un débat sur les avant postes - les nouvelles extensions des plus anciennes colonies -, une nouvelle question devrait aussi être abordée : la façon dont les colons traitent le paysage qu’ils sont supposés aimer de toutes leurs forces. Après tout, au nom de cet amour, ils traînent continuellement des caravanes d’un point à un autre et envoient des tracteurs sur le haut de chaque colline.
Quand les colons sont arrivés en Judée et Samarie [1]après la guerre des Six Jours, ils ont trouvé une bande de terre qui avait préservé une ressemblance incroyable avec le paysage de l’époque du Deuxième Temple, et même avec celui des temps bibliques. Certains colons, en randonnant en Samarie, récitaient avec enthousiasme des versets bibliques qui venaient à l’esprit en contemplant les terres cultivées de villages palestiniens comme Dura al Qara, près d’Ofra, ou Bittir, près de Bethléem.
Aujourd’hui, on doit chercher ce paysage, parce qu’il est caché dans l’ombre des postes avancés, des colonies et des routes de contournement. L’amour de la terre est la dernière chose qui vient à l’esprit quand on est en vue de la construction d’une colonie.
Nous ne parlons pas ici de l’esthétique des colonies elles-mêmes, bien qu’en général la plupart d’entre elles soient l’expression d’une triste uniformité, ou ressemblent à un méli-mélo de maisons hétéroclites, qui s’étalent dans toutes les directions. C’est particulièrement vrai dans les colonies les plus importantes.
- Har Homa
- implantée à la place de la colline palestinienne boisée entre Jérusalem et Bethléem
L’essentiel est l’impact que les colonies et leurs infrastructures associées ont sur leur environnement proche ou éloigné, en particulier sur le paysage qui a servi pendant des milliers d’années à l’agriculture ou au pâturage. Ce paysage, plus que tout autre, devrait relier les colons à la période des patriarches bibliques. Des colonies comme Eli ou Ariel s’étalent sur de larges territoires et sont éparpillés dans toutes les directions, coupant le paysage typique de Samarie et endommageant les escarpements et les collines.
L’attitude des fondateurs des avant postes et des colonie envers le paysage reflète la position de beaucoup de colons sur la signification de l’expansion des colonies. Nous sommes ici devant un cas de contrôle, de confiscation et d’incursion ». Le paysage est cassé dans toutes les directions avec de l’équipement lourd, les collines perdent leurs arbres et leur couverture de buissons, les pentes deviennent nues et pleines d’ordures. Des clôtures entourent les colonies et les avant-postes de tous côtés, bien au-delà des mesures de sécurité requises pour protéger les maisons, et cela crée l’impression d’un paysage détaché et emprisonné. Ce n’est que lorsque vous vous échappez vers le haut caché d’une colline près de l’avant-poste illégal d’Amona et de la colonie adjacente, Ofra, que vous découvrez des collines vertes et des jardins.
Il y a d’autres exemples de constructions éparpillées, de plain-pied, qui n’ont pas profité au paysage. Ceci est vrai des « mitzpim », qui ont conquis le haut des collines de Galilée, aussi bien que des communautés « kochavim » le long de la Ligne Verte. Mais l’époque de l’établissement des mitzpim et des communautés « kochavim » est presque complètement révolue, et il n’y a pas là la même soif de construction de nouvelles routes et autoroutes.
Les territoires qui ont été sauvés de la soif d’expansion des colons sont, dans la plupart des cas, des réserves naturelles et des forêts dont le statut légal y rend la construction difficile. . De plus, la plupart de ces endroits ne se trouvent pas dans des positions stratégiques, mais plutôt le long des rivières.
Il semble que les colons ont fait une distinction claire entre les régions qui constituent la ligne de front du contrôle contre les Palestiniens, et celles qui ont été neutralisées dans la bataille - réserves naturelles et forêts. Ces dernières, à cause de leur statut particulier, permettent aux colons d’exprimer aussi l’amour des fleurs et des animaux dans leur environnement naturel. Mais lorsqu’ils ont pensent qu’une présence juive est d’une nécessité brûlante dans ces territoires, les colons n’hésitent pas à les envahir, ou à construire avec le consentement des autorités. C’est ce qu’ils ont fait, par exemple, dans la réserve naturelle d’Ein Prat.
Ces derniers mois, dans leur lutte contre le désengagement, les colons ont parlé de leur grand amour des gens et de la terre. Mais lorsque l’on regarde les avant-postes et les colonies, et ce que leur présence a fait au paysage et à l’environnement (une chose que les colons préfèrent ignorer), la conclusion est que ce qui les motive en premier lieu n’est pas l’amour pour la Terre d’Israël, mais plutôt l’amour pour le contrôle de la Terre d’Israël.