La famille d’Anani symbolise la tragédie des réfugiés palestiniens de 1967 qui n’ont pas de documents officiels ce qui posera un problème pour leur retour dans leur pays d’origine après le retrait israélien de Gaza.
Anani (49 ans) a quitté son pays en 1967 pour aller en Jordanie, là les combats de 1970 entre les Palestiniens et l’armée jordanienne l’ont obligé à se réfugier au Liban à l’âge de 11 ans. Anani dit qu’il est arrivé sur place sans documents sauf une carte de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Son cas est aujourd’hui semblable à celui de milliers de Palestiniens.
« Nos enfants n’ont pas de carte d’identité palestinienne ni de document certifiant qu’ils sont Palestiniens » dit-il.
Comme identification, Anani montre au check-point libanais à l’entrée du camp une carte qui lui a été donnée par le Comité international de la Croix Rouge certifiant qu’il avait été détenu à la prison d’Ansar établie par Israël au Liban lors de l’occupation.
Anani a appris l’hébreu en prison et une plaque avec l’alphabet hébreu est accrochée sur son mur à la maison.
« Si vous apprenez la langue de votre ennemi, vous pouvez mieux vous protéger de lui » explique-il.
Un autre réfugié, Abdel-Qader Zoghbi (55 ans) dit qu’il n’avait pas d’autre choix que de retourner en Palestine où « je dirai à tout le monde que le gouvernement libanais, malgré tout, a été le seul qui nous a reçus et donné abri » dit-il.
Selon un chercheur palestinien sur les questions de réfugiés, Issam Shami, les 25.000 réfugiés de 1967 sont arrivés au Liban de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie entre 1967 et 1970 suite à l’accord du Caire qui permettait aux Palestiniens de se déplacer à travers le Liban. Les réfugiés étaient âgés de 18 à 20 ans, ils se sont mariés et ont formé des familles ainsi qu’une société palestinienne. Mais ils ont dû faire face à des problèmes légaux avec les autorités libanaises.
Ils n’ont pas de papiers officiels et ne sont pas enregistrés auprès de l’UNRWA. Shami dit que certains d’entre eux ont un certificat de naissance de Palestine et de Jordanie alors que ceux qui sont nés au Liban n’ont qu’un papier du Mukhtar [1] et ne sont pas enregistrés auprès de l’UNRWA [2].
Malgré le fait que l’UNRWA les désigne comme réfugiés palestiniens, on se réfère formellement à eux en tant que « personnes déplacées ».
Il y a 160 familles de réfugiés de 1967 dans les camps d’Ain al-Hilweh et Mieh Mieh et ils vivent dans une situation de privation. Car, pour eux, sortir des camps est considéré risqué. Seuls les étudiants sortent des camps avec une carte scolaire ou universitaire. Ceux qui veulent se marier le font en passant par un religieux et leurs mariages ne sont enregistrés ni par le Ministère de l’Intérieur du Liban ni par l’UNRWA.
Shami dit que tout Palestinien est prêt à retourner chez lui. Mais ils doivent d’abord obtenir des documents de voyage des autorités libanaises.