La Commission européenne doit valider ce mercredi 11, "les lignes directrices" de l’étiquetage des produits fabriqués dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ce document réclamé en 2012 par les ministres européens des Affaires étrangères et rédigé par une poignée d’experts sera ensuite publié dans le Journal officiel de l’Union européenne.
Mardi 10, Israël a averti que cette décision imminente aurait des "implications politiques". Le chef de la mission israélienne auprès de l’Union européenne à Bruxelles, David Walzer, a déclaré que c’était "très décevant, inacceptable et que cela ne sera pas pris à la légère en Israël. Cela aura des implications". Et d’insister : "il s’agit d’une affaire politique, d’une mesure politique, et elle aura donc des implications politiques".
Depuis une dizaine d’années, l’UE multiplie les actions pour traduire en pratique ses positions dans le conflit israélo-palestinien. En 2013 par exemple, la Commission européenne avait annoncé qu’elle ne financerait plus les institutions israéliennes opérant dans les territoires occupés.
Au-delà de l’aspect économique, le gouvernement de Benyamin Netanyahou craint que cette nouvelle mesure de l’UE n’"encourage" le mouvement international BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) à l’encontre d’Israël.
"Une très bonne nouvelle" pour l’Association France Palestine Solidarité
Cette décision européenne intervient alors que la Cour de Cassation a condamné 14 militants pour l’appel au boycott des produits israéliens le 20 octobre dernier, faisant de la France le seul pays au monde et la première démocratie où l’appel au boycott d’un Etat tiers est illégal.
Taoufiq Tahani, président de l’Association France Palestine Solidarité, avait tout de même maintenu une quarantaine de manifestations partout en France le 7 novembre dernier, pour tenter de dissuader les consommateurs d’acheter des produits fabriqués en Israël."Notre but c’est qu’il n’y ait plus de produits issus de la colonisation", a-t-il expliqué à France Soir.
Aujourd’hui, ce dernier se dit satisfait de cette mesure européenne. "Cette directive nous donne raison de façon indirecte. Il y a une contradication : d’un côté, on considère que les colonies sont illégales mais de l’autre, on continue à importer des produits de ces colonisations en Europe", a déclaré Taoufiq Tahani, qui aimerait que la France rejoigne "la Grande-Bretagne et le Danemark", tous deux opposés à la commercialisation de produits issus des colonies.
Ce dernier s’étonne que l’appel au boycott soit interdit lorsqu’il s’adresse à Israël. "Nous pensons que c’est parce qu’il y a une politique délibérée de deux poids, deux mesures, et dès qu’il s’agit de critiquer Israël, un bouclier se met en place sous la pression israélienne. Nous avons rencontré des membres du ministère des Affaires étrangères et nous avons fait plusieurs demandes pour rencontrer le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve ainsi que la garde des Sceaux Chritiane Taubira pour évoquer les limites de la liberté d’expression. Nous pensons qu’il s’agit d’une mauvaise interpretation de la loi sur la liberté de la presse de 1981".
Si l’UE valide ce mercredi 11 l’étiquetage des produits fabriqués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la Comission européenne pourrait donner un coup de pouce au combat mené par l’AFPS, estime Taoufiq Tahani.