L’organisation Etat islamique (EI) semble confirmer son intérêt pour une nouvelle terre de conquête : la bande de Gaza. Dans une vidéo diffusée depuis la Syrie, mardi 30 juin, les djihadistes citent comme cibles le Hamas, qui contrôle le territoire palestinien depuis 2007, mais aussi l’Autorité palestinienne (AP) et Israël, qu’ils promettent de « déraciner ». L’EI veut notamment instaurer la charia (loi islamique) dans la bande de Gaza, où une pratique conservatrice de l’islam est déjà respectée.
Le Hamas se trouve confronté depuis plusieurs mois à l’activisme d’un milieu salafiste qui existe depuis longtemps sur le territoire. Le mouvement armé a varié, au fil des ans, entre répression et tolérance à son égard. Mais l’émergence régionale de l’EI, l’attrait de son drapeau, conjugués avec l’affaiblissement du Hamas, ont provoqué une nouvelle donne. Ces salafistes disposent d’un pouvoir de nuisance dans la bande de Gaza.
Reconstruction de la bande de Gaza quasi au point mort
Outre le fait que son arsenal a été très entamé après la guerre de l’été 2014 contre Israël, le Hamas est confronté à un grave problème de liquidités. La destruction d’une majorité des tunnels clandestins vers l’Egypte par l’armée de ce pays, qui cherche à sécuriser le Sinaï, l’a privé d’une source importante de revenus. L’AP, qui était censée reprendre le contrôle du territoire grâce à un gouvernement de réconciliation nationale reconnu par le Hamas, n’en a rien fait. La reconstruction de la bande de Gaza est quasi au point mort, suscitant colère et désespoir parmi les habitants. C’est dans ce terreau favorable que la menace salafiste a pris racine.
« Nos relations se sont fortement améliorées avec l’Egypte, explique Ahmed Youssef, haut responsable modéré du Hamas. Nous avons besoin de stabilité et de sécurité. Si la détérioration dans le Sinaï se poursuit, ça aura un impact négatif sur Gaza. » Selon ce dirigeant, le Hamas « conduit un dialogue avec les salafistes, en prison ou en dehors », pour mettre un terme aux épisodes de violence qui ont émaillé ces derniers mois la bande de Gaza. Mais les chefs du Hamas relativisent toujours l’implantation locale de l’EI, consentant tout juste à reconnaître, comme Ahmed Youssef, « des formes de sympathie ».
Liens opérationnels avec les djihadistes dans le Sinaï
Du côté israélien, des sources dans le secteur du renseignement, citées par le Haaretz, jeudi 2 juillet, affirment que l’aile militaire du Hamas aurait des liens opérationnels avec les djihadistes dans le Sinaï. Ces derniers leur permettraient d’avoir des caches d’armes en Egypte, hors de portée des frappes israéliennes. Le gouvernement israélien met officiellement ses ennemis sur le même plan, de l’EI à l’Iran en passant par le Hezbollah et le Hamas.
Pourtant, la réalité est plus nuancée : l’Etat hébreu conduit actuellement des négociations secrètes avec le Hamas, en vue d’un cessez-le-feu de cinq ans, par l’intermédiaire du Qatar et surtout de la Turquie. Ce pacte de non-agression serait accompagné de gestes de la part d’Israël, sur le plan économique, pour sortir la bande de Gaza du trou noir.